Le tribunal de commerce désigne Gifi comme repreneur de Tati

L'offre de Gifi permet de préserver 1.428 des 1.700 emplois menacés.
L'offre de Gifi permet de préserver 1.428 des 1.700 emplois menacés. © JOËL SAGET / AFP
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avec agences , modifié à
L'offre permet de sauver 1.428 des 1.700 emplois menacés. Les syndicats se disent globalement satisfaits mais la CGT confie son "inquiétude" pour les 300 salariés licenciés.

Le tribunal de commerce de Bobigny a désigné lundi Gifi comme repreneur de Tati et des trois autres enseignes en difficulté d'Agora Distribution (groupe Eram), une offre qui permet de sauver 1.428 emplois sur les 1.700 menacés, en conservant 109 des 140 magasins.

"C'était inespéré". Après des mois de bataille, le groupe GPG, présidé par le fondateur des magasins Gifi, Philippe Ginestet, l'emporte donc sur son principal concurrent, un consortium de cinq enseignes à bas prix, pour la reprise de Tati placé en redressement judiciaire début mai. C'est une offre qui permettra de maintenir "près de 85%" des effectifs, a annoncé l'avocat des salariés, Thomas Hollande. " C'était inespéré au moment de l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire", a-t-il ajouté.

L'enseigne fondée en 1948 par Jules Ouaki avait été reprise en 2004 par Eram. En 2016, le pôle Agora Distribution a enregistré une perte nette de 148,5 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 346,7 millions d'euros.

" 300 salariés licenciés... Ce n'est pas que je sois déçue, c'est que je suis inquiète pour la suite "

260 licenciements. "Aujourd'hui, il y aura 260 licenciements, c'est bien sûr trop, mais ce que nous avons obtenu grâce à la mobilisation des salariés et des représentants du personnel, c'est un PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) à un niveau très élevé, inédit pour une société en redressement judiciaire", a poursuivi l'avocat. Les 260 salariés licenciés bénéficieront notamment, au-delà des mesures légales, d'un CSP qui permettra de maintenir leur rémunération à près de 95% pendant douze mois, d'indemnités supra-légales (en moyenne 10.000 euros par salarié), et d'un budget individuel d'accompagnement (8.000 euros).

Le gouvernement s'est en outre engagé à financer une cellule de reclassement. Deux autres repreneurs s'étaient manifestés : un consortium de déstockeurs et le groupe Babou.

Les salariés divisés. Cette offre est "la plus pérenne pour les salariés et la préservation de l'emploi", s'est félicitée la CFTC dans un communiqué, en soulignant que "82,5%" des effectifs étaient ainsi repris. La CFDT est "très satisfaite", a également confié à l'AFP son représentant Tahar Benslimani. Tout le monde ne partage pas, toutefois, cet enthousiasme.

"300 salariés licenciés... Ce n'est pas que je sois déçue, c'est que je suis inquiète pour la suite", a relevé Sandrine Portemer de la CGT. Les syndicats CFDT, CFTC et Unsa soutenaient pleinement l'offre de Gifi face à celle du consortium composé de La Foir'Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et Dépôt Bingo. Mais sans vouloir prendre position, la CGT avait exprimé des réserves. Mounir Bourhaba, avocat de la société Tati Lilnat, qui regroupe la majeure partie des salariés et des magasins, a lui évoqué une "déception" pour les salariés qui seront licenciés.