Eurotunnel vend deux de ses navires, MyFerryLink "catastrophée"

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Un navire MyFerryLink. © DENIS CHARLET / AFP
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et Lionel Gougelot avec AFP , modifié à
ÉCONOMIE - Eurotunnel avait décidé fin mai de ne pas renouveler son contrat avec la Scop SeaFrance qui exploite la compagnie MyFerryLink.

C'est finalement l'offre du groupe danois DFDS qui a emporté la mise. Eurotunnel a décidé de lui vendre deux des trois navires exploités par la compagnie MyFerryLink sur des liaisons entre la France et l'Angleterre. En mai, Eurotunnel avait décidé de ne pas renouveler son contrat avec la Scop SeaFrance qui exploite MyFerryLink et qui court jusqu'au 2 juillet. Désormais, l'incertitude se renforce du côté des 600 salariés de la société.

Le personnel conservé, avance Eurotunnel. Dans un communiqué, Eurotunnel regrette "que la Scop SeaFrance n'ait pas eu les soutiens nécessaires pour présenter une offre de reprise" et annonce retenir "l'offre engageante présentée par DFDS pour la location vente des navires Berlioz et Rodin". Le choix de DFDS "privilégie ainsi le maintien de l'activité à Calais", et "permet d'espérer la meilleure solution possible en termes d'emplois sauvegardés sans interruption des services début juillet", assure Eurotunnel. La Scop SeaFrance avance, de son côté, que DFDS conserverait le personnel des deux navires qu'Eurotunnel va lui céder. 

Le groupe, qui exploite aussi le tunnel sous la Manche, doit désormais attendre l'autorisation de l'autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA). Outre DFDS, le Britannique P&O assure aussi des liaisons entre Calais et Douvres. La compagnie française propose elle chaque semaine plus de 200 traversées uniquement entre Calais et Douvres.

Eurotunnel garde un navire pour le fret. Eurotunnel ne souhaite cependant pas totalement abandonner les liaisons maritimes puisqu'il continuera à exploiter son troisième navire, le Nord-Pas-de-Calais, pour du fret. De quoi maintenir 120 emplois de marins au sein de la Scop SeaFrance. Mais le doute persiste concernant les autres salariés. Eurotunnel a en effet annoncé lundi par la voix de son directeur Jacques Gounon que le personnel de MyFerryLink ne sera pas repris à 100%. "Ça sera un plan de cession avec une reprise, je l'espère maximale".

"La perte de notre outil de travail". Du côté des salariés de la Scop SeaFrance, c'est évidemment la déception. "On est aujourd'hui catastrophé, c'est vraiment la nouvelle qu'on attendait pas", explique à Europe 1 Thierry Haxaire, responsable FO de MyFerryLink. "On a fait un travail de fou pour remettre notre Scop sur les rails, ça marchait, c'était tout à fait faisable", ajoute ce syndicaliste qui a l'impression de perdre un "outil de travail".

En 2012, Eurotunnel avait racheté les bateaux de l'ex-SeaFrance. En 2012, Eurotunnel avait fait l'acquisition des bateaux de l'ex-SeaFrance. La société les avait alors louer à d'anciens marins de la compagnie qui s'étaient regroupés dans la Scop SeaFrance. Cette dernière affrétait depuis ces navires via son émanation commerciale MyFerryLink.

Un long feuilleton judiciaire a pesé sur l'activité de la Scop SeaFrance, les autorités britanniques estimant que cette situation posait des problèmes de concurrence. Mi-mai, la cour d'appel britannique avait pourtant donné raison à la compagnie maritime française, suspendant l'interdiction de desservir Douvres depuis Calais. Une décision qui n'avait pas "modifié la donne" pour le groupe Eurotunnel, car la CMA, autre compagnie maritime, envisageait de poser un recours devant la Cour suprême.