Entrée en Bourse : pourquoi Deezer revoit sa partition

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G.S.
Le groupe français de musique à la demande sur Internet évoque des "conditions défavorables". Lesquelles ? 

Deezer n'entrera pas en Bourse ce mercredi. Le Français, spécialiste de musique à la demande sur internet, a reporté mardi soir son introduction sur les marchés parisiens. La raison ? Des "conditions de marché" défavorables. Deezer, qui devait être la première entreprise de son secteur à venir tester l'appétit des investisseurs, ambitionnait de lever 300 millions d'euros. La start-up a enregistré en 2014 un bond de son chiffre d'affaires de 53%, à 142 millions d'euros. Pourtant, elle n'a pas senti de réel enthousiasme chez les investisseurs potentiels. Pourquoi ?

Quelles sont ces "conditions défavorables"? L'annonce du report de l'entrée de Deezer en Bourse fait suite à celle de plusieurs résultats décevants dans le secteur du numérique. Celui de Netflix, d'abord. Le spécialiste américain de la TV en "streaming" a publié le 14 octobre des bénéfices de 29 millions de dollars (26 millions d'euros), contre 59 millions un an plus tôt (53 millions). Des chiffres en dessous des attentes qui ont déçu les marchés. La Web radio Pandora Media a également perdu 36 % en bourse vendredi, après avoir publié des résultats en dessous des attentes. En clair, la culture à la demande sur le web peine encore à décoller et fait de nouveau peur aux investisseurs, ce qui a découragé Deezer.

Une concurrence accrue. Deezer, 6 millions d'abonnés, fait également face à l'offensive du géant américain Apple, qui a lancé son service de streaming musical Apple Music le 30 juin. En six mois, Apple Music a dépassé le nombre d'abonnés payants (6,5 millions) du frenchie. En outre, et surtout, Deezer, présent dans 180 pays, est confronté à la concurrence du Suédois Spotify, qui revendique 75 millions d'utilisateurs, dont 20 millions pour sa version payante. La valeur de Spotify est déjà estimée à 8 milliards de dollars, contre 300 millions pour Deezer.

La start-up française, qui ne prévoit pas d'être rentable avant 2018, veut d'abord grossir par elle-même et prouver qu'elle peut rivaliser avec ses concurrents avant de tenter la bourse. En 2012, elle avait réussi une levée de fonds de 100 millions d'euros auprès du groupe Access industrie. Seul un tiers a été dépensé assure la société.