Dette grecque : l'Eurogroupe et Athènes campent sur leur position

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DIPLOMATIE - Le nouveau gouvernement grec veut mettre fin à l'austérité et alléger sa dette mais n'a pas réussi à convaincre les pays de la zone euro.

Plus de six heures de négociations n'ont pas suffi : les pays de la zone euro n'ont pas réussi à se mettre d'accord mercredi soir sur le cas grec. Depuis l'élection d'un nouveau gouvernement, Athènes souhaite opérer un virage stratégique en mettant fin à la politique d'austérité et en allégeant sa dette. Une dette désormais détenue par les autres pays de la zone euro, que la Grèce doit donc convaincre. Sauf que les points de vue de chacun sont encore très éloignés.

Pas d'accord. "Nous avons fait des progrès mais pas assez pour parvenir à des conclusions communes. (...) Mon ambition était de se mettre d'accord sur les étapes dans les prochains jours. Malheureusement, nous n'en avons pas été capables et nous poursuivrons nos discussions lundi et avancerons à partir de là", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. De son côté, le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a parlé d'une "réunion fascinante", une "longue et constructive discussion sur tous les aspects de la crise grecque". Mais derrière ce langage diplomatique, les discussions ont visiblement été tendues puisqu'aucun communiqué n'a été publié à l'issue de la réunion, un fait rare. 

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Que demandait la Grèce ? Depuis l'arrivée au pouvoir du parti Syriza, Athènes a changé de stratégie : après avoir suivi la feuille de route imposée par la troïka UE-BCE-FMI, synonyme d'austérité et de réformes structurelles, la Grèce souhaite désormais mener une politique de relance économique et renégocier une partie de sa dette. Avec l'argument suivant : les politiques menées jusqu'à présent se sont révélées infructueuses, l'austérité ayant cassé la croissance et accru un peu plus la dette. A ses yeux, il est donc temps d'explorer de nouvelles voies.

Dans le détail, Athènes souhaite la mise en place d'un "programme-relais" jusqu'en septembre, dans lequel elle respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers. Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes destinée à relancer la croissance, élaborées avec l'OCDE. Problème : en manque d'argent, la Grèce attend le versement d'une nouvelle tranche d'aide de la part des pays de la zone euro. Mais ces derniers ont menacé de geler ce versement si la Grèce ne respecte pas ses engagements.

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Que répondent les pays de la zone euro ? Les membres de l'Eurogroupe ne cachent pas leur scepticisme et estiment avoir déjà consenti de gros efforts : une partie de la dette grecque a déjà été effacée et le reste a été racheté par les Etats européens. Ces derniers sont d'autant plus réticents qu'ils estiment que la Grèce a retardé les réformes les plus importantes. Et cette dernière n'est toujours pas en mesure de lever l'impôt normalement : l'Etat n'a toujours pas mis en place de cadastre et exonère d'impôts l'Eglise orthodoxe, l'un des principaux propriétaires fonciers, et les armateurs. Bref, alors que la majorité a vu son pouvoir d'achat chuter brutalement, les plus fortunés ne sont toujours pas mis à contribution et les grandes familles grecques profitent même de la crise pour racheter à bon prix les entreprises publiques que la Grèce privatise actuellement.

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Une nouvelle réunion lundi. Face à des points de vue aussi éloignées, il n'est pas surprenant que cette réunion n'aie pas permis d'accord. Les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver à Bruxelles dès lundi, mais le sujet doit être abordée dès jeudi lors d'un sommet européen entre chefs d'Etat.

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