Crise des éleveurs : Beulin dénonce des "mesures de court terme"

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Xavier Beulin, président de la FNSEA, a pris note du plan d'aide d'urgence présenté par le gouvernement. Mais il préférerait aborder des questions "structurelles, de moyen terme".
INTERVIEW

Le gouvernement a annoncé mercredi un nouveau plan d'aide mais sans calmer la fronde. Les éleveurs ont décidé de poursuivre leur mouvement de contestation, commencé dimanche dernier, en maintenant plusieurs barrages, notamment dans la région Rhône-Alpes. En colère, ils accusent les industriels et la grande distribution d'acheter leur viande à des prix bradés. Alors que le président de la République, François Hollande est attendu à Dijon jeudi matin, Xavier Beulin, président de la FNSEA, a remis un petit coup de pression sur Europe 1.

"Qui ment, qui triche ?". Malgré la publication du rapport du médiateur mercredi sur les responsabilités dans cette crise de la viande, "on a un peu de mal à y voir clair", constate Xavier Beulin. Il déclare cependant que la FNSEA va mettre" de la pression sur les industriels et peut-être quelques enseignes qui ne jouent pas le jeu", explique-t-il. 

Des mesures seulement "de court terme". Xavier Beulin, président de la FNSEA, invité sur Europe 1 jeudi, a pris "acte" des mesures proposées par le gouvernement mercredi mais il souligne qu'il s'agit surtout des mesures "de court terme" et "de trésorerie". De quoi "passer les semaines qui viennent" et pas de quoi relever le monde de l'élevage "en grande difficulté", estime-t-il cependant. Et de rappeler que les agriculteurs attendent beaucoup moins des aides que "de la capacité de vivre de leur métier" et d'être "dans des conditions économiques équitables par rapport à leur voisin". 

"Compétitivité, contractualisation et dette". Xavier Beulin préférerait aborder des questions "structurelles, de moyen terme" pour relancer l'agriculture française. La "compétitivité" par exemple, cite le président de la FNSEA : "un salaire/horaire en France dans un abattoir coûte 20 euros contre 14 euros en Allemagne, soit 6 euros d’écart". "Et ça, je pourrais le décliner tout au long de la chaîne", ajoute-t-il.

La FNSEA voudrait aussi "donner du sens aux contrats de filière" et y inclure "une forme d'indexation" quand les coûts de revient liés aux matières premières sont en hausse. Enfin, la "restructuration des dettes" des jeunes éleveurs et de ceux qui ont récemment investi est un thème incontournable. 

De nouveaux mouvements à venir. Xavier Beulin se rendra à Lyon jeudi après-midi pour envisager avec les éleveurs encore mobilisés "la sortie du mouvement". "Notre message n'est pas d'ennuyer nos concitoyens qui partent en vacances", ajoute-t-il.

Il prédit cependant que "quelques mouvements" vont se mettre en place "dans les deux-trois jours" qui arrivent. "Ils n'ont pas encore bougé, ils ont envie de bouger et veulent exprimer leur colère", explique le responsable syndical. En réaction à des départs de feux dans la région de Quimper, Xavier Beulin en appelle "à de la pondération" dans l'ensemble des régions.