Crédit Mutuel : de quoi parle le documentaire "censuré" ?

Crédit Mutuel
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G.S. avec AFP , modifié à
Le film, accepté puis refusé par Canal +, sera finalement diffusé sur France 3 le 7 octobre.

Le Crédit Mutuel est-il embourbé dans un scandale d'évasion fiscale ? La "banque qui appartient à ses clients" est l'objet d'un documentaire programmé pour le 7 octobre prochain. Sur France 3, et non sur Canal +. La chaîne cryptée, qui aurait dans un premier temps accepté de  diffuser le programme, s'est finalement ravisée.

Deux patrons intimes. Mediapart, partenaire de l'enquête, avait révélé en juillet sa déprogrammation de Canal +. Et l'équipe du documentaire n'a pas hésité à dénoncer une "censure". Le Crédit Mutuel est l'un des principaux partenaires de Vincent Bolloré et Michel Lucas, le dirigeant de la banque, un intime du nouveau propriétaire de Canal. Mais qu'y a-t-il dans ce documentaire ? Bande annonce.

Une méthode de fraude "artisanale". L'enquête, intitulée "Évasion fiscale, une affaire française", porte sur le Crédit Mutuel, soupçonné d'avoir organisé un vaste système d'évasion fiscale via ses filiales suisse et monégasque. En l'occurrence, à travers les témoignages d'anciens employés du groupe, ses auteurs affirment qu'un système d'évasion fiscale a été mis en place entre des clients français du Crédit Mutuel-CIC et sa filiale à Genève, la banque Pasche.

Pratique "artisanale". Décrite comme "artisanale" par Nicolas Vescovacci, un des journalistes à l'origine du documentaire aux côtés de Geoffrey Livolsi et Raphaël Tresanini, la pratique consistait notamment, selon eux, à faire transiter des sommes d'argent dans des mallettes par un appartement parisien, avant de les enregistrer dans les comptes d'une agence du CIC. Par un jeu d'écriture de flux financiers, ces fonds se retrouvaient ensuite dans les comptes de Pasche à Genève, avant d'être redistribués entre leurs propriétaires initiaux. Afin de garantir à ses clients leur anonymat, la banque Pasche les identifierait à travers des pseudonymes liés à des écrivains français ou étrangers et à une de leurs œuvres.

Selon les auteurs du documentaire, qui sera finalement diffusé dans le cadre de l'émission "Pièces à conviction", une douzaine d'évadés fiscaux français ont déjà été identifiés par la justice, pour un montant évalué à une quinzaine de millions d'euros.

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© ERIC PIERMONT / AFP

"Allégations diffamatoires". Contacté par l'AFP, le Crédit Mutuel nie tout en bloc. "A ce jour, nous n'avons nullement été interrogés par les autorités judiciaires ou fiscales", a réagi la banque. "Nous démentons formellement l'existence d'un circuit d'évasion fiscale organisé par notre groupe, tel qu'évoqué par certaines allégations diffamatoires relayées par les médias. Notre groupe a toujours respecté scrupuleusement la réglementation en vigueur tant en France qu'à l'étranger", a ajouté la banque.

Y a-t-il eu "censure" ? Le documentaire devait, à l'origine, être diffusé dans le magazine Spécial Investigation de Canal +. "Le film avait été validé par la direction de Canal + jusqu’à Rodolphe Belmer (alors numéro deux du groupe, ndlr)", expliquait en juillet dernier Nicolas Vescovacci, l’un des réalisateurs du documentaire, interrogé par Europe 1. Mais quelques jours avant la diffusion, prévue à l'origine le 18 mai, "on apprend finalement par une discussion rapportée par notre producteur Renaud Van Kim, qui a eu Rodolphe Belmer au téléphone, que le film a été censuré", poursuit le journaliste. Une accusation que l'homme d'affaires et la direction de Canal + se refuse à commenter.