Combien les agriculteurs gagnent-ils sur une bouteille de lait ?

Infographie Lait repartition de la valeur 280x640
© MIKAEL REICHARDT / GABRIEL VEDRENNE
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INFOGRAPHIE - Sur le prix d’un litre de lait, la plus grande part ne revient pas aux éleveurs mais aux intermédiaires.

Quel est le "juste prix" du lait ? Producteurs laitiers et industrie agroalimentaire se divisent sur la question depuis des années, un désaccord devenu bras-de-fer depuis lundi et le blocage de l’usine Lactalis à Laval par des agriculteurs. Ces derniers accusent le géant des produits laitiers d’acheter leur lait à un prix ne leur permettant pas de gagner leur vie. Les deux parties doivent se retrouver jeudi autour d’une même table pour tenter de trouver une porte de sortie. Mais au fait, combien touche un agriculteur ? Plutôt que de raisonner en millier de litres, comme le fait la profession, zoom sur un volume plus concret : le pack de lait qu’achètent les Français chaque semaine.

Les producteurs laitiers ne sont pas les premiers servis. En 2015, les agriculteurs ont touché une part moindre sur le prix final d'un litre de lait que les entreprises telles que Lactalis qui le collectent et le transforment, comme le montre l'infographie ci-dessus. Lorsqu'il achète un litre de lait demi-écrémé, le consommateur paie donc davantage pour sa collecte, sa transformation, son emballage et son transport que pour le lait en lui-même. Ainsi, alors qu’un éleveur laitier récupérait 35,5% du prix final en 2015, l’entreprise agro-alimentaire qui lui a acheté le lait touchait de son côté 42,1%. D’où les demandes insistantes des agriculteurs afin de revoir la répartition de la valeur ajoutée dans la filière lait. Viennent ensuite la distribution (17,1%) et la TVA (5,3%).

Une part qui varie selon les années. Le porte-monnaie des éleveurs ne dépend donc pas que des fluctuations du prix du lait sur un marché mondialisé, mais aussi des négociations avec les industriels qui collectent et transforment le lait.

Si les producteurs laitiers ont récupéré 35,5% du prix final d’un litre de lait en 2015, ce pourcentage peut rapidement évoluer à la hausse ou à la baisse. Alors qu’en 2002, les agriculteurs récupéraient 43,3 % du prix final d’une bouteille de lait, cette part est passée à 30,8% en 2007, comme le montre l'infographie ci-dessous. Une chute de près d’un tiers qui explique la nervosité des agriculteurs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les mouvements de fronde du secteur (2006, 2009, 2015) éclatent au moment où les prix du lait chutent mais aussi où la part qui leur revient recule.