Loi Macron : les banques en lignes grandes gagnantes ?

Hello Bank! fait partie des banques en ligne qui connaissent un bel essor.
Hello Bank! fait partie des banques en ligne qui connaissent un bel essor. © LOIC VENANCE / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
Avec à leurs tarifs imbattables, les banques en ligne pourraient bien être les grandes gagnantes de la mobilité bancaire simplifiée, qui entre en vigueur lundi. 

C'est lundi qu'entre en application un décret de la loi Macron facilitant la mobilité bancaire. C’est désormais aux banques d’arrivée de s’occuper des formalités de transfert et de prévenir les organismes concernés par les prélèvements et les virements automatiques. D’après un sondage OpinionWay, 12% des Français seraient intéressés par un changement de banque. Parmi eux, un quart choisirait une banque en ligne.

8,3% de part de marché. Les Boursorama, Hello bank! et autre ING Direct séduisent de plus en plus et pourraient bien être les gagnantes de la simplification de la mobilité bancaire. Début 2016, 8,3% des Français étaient clients de ces banques sans agences, contre 7% en 2014. Un client sur trois en a même fait sa banque principale. 62% des gens leur font désormais pleinement confiance, signe que les banques en ligne font désormais partie du paysage.

Tarifs bancaires en hausse. Si elles séduisent autant, c’est en grande partie grâce aux tarifs bancaires attractifs. A commencer par la gratuité ou le coût réduit de la carte bancaire, une offre commune à l’ensemble des banques en ligne. En face, la tendance est plutôt à la hausse pour les banques physiques : leurs tarifs bancaires vont augmenter de 13% cette année ! Les retraits déplacés – ceux effectués dans des distributeurs de réseaux concurrents – vont nettement grimper. Tant que faire se peut, mieux vaut donc retirer des billets dans les agences de votre banque. Résultat, les clients des banques françaises ont dû débourser 193 euros en moyenne en 2016 pour l’ensemble des tarifs bancaires (tenue de compte, carte bancaire, retraits déplacés, etc.).

Des économies conséquentes. D’après une récente étude du comparateur meilleure-banque.com, les banques en ligne permettraient de réaliser de 180 à 190 euros d’économies par an, par rapport aux banques traditionnelles. Elles ne facturent pas les retraits déplacés, ce qui induit des tarifs bien plus bas que ceux des banques traditionnelles. En réalité, le montant d’économies diffère d’une personne à l’autre en fonction de ses revenus, des produits bancaires et des services souscrits. Mais des comparateurs existent.

L’étude du site choisir-ma-banque.com pour Le Monde publiée en février 2016, met en lumière l’écart de tarifs flagrant entre les banques traditionnelles et les banques en ligne. Ainsi, pour un employé avec un revenu mensuel de 1.600 euros, les frais annuels s’étalent de 3,16 euros par an chez Fortuneo, BforBank, ING Direct et Boursorama Banque, à 268 euros dans certains établissements physiques ! Il lui faudrait payer, pour les mêmes services, 124 euros au Crédit Agricole, 135 euros à la Société Générale, 176 euros au Crédit Mutuel…

Quelques exemples. Un cadre avec 2.400 euros de revenus paye 56 euros chez Boursorama Banque contre 238 à la Caisse d’Épargne. Pour un cadre supérieur gagnant 3.500 euros par mois, ce sera 58 euros chez Fortuneo mais 264 chez LCL. Autre profil : le jeune actif de moins de 25 ans. Il devra s’acquitter de 21 euros avec Boursomara Banque ou de 99 euros à la Banque Populaire.

Pas pour tout le monde. Néanmoins, les banques en ligne excluent deux catégories de personnes : les gens qui n’ont pas Internet, notamment les seniors, et les jeunes inactifs. En effet, certaines enseignes imposent un revenu mensuel minimum pour obtenir une carte bancaire. C’est notamment le cas chez Hello bank! (1.000 euros nets par mois) et Fortuneo (1.200 euros). Les étudiants, les stagiaires et certains précaires sont donc de facto inéligibles chez certaines banques en ligne.

Pas que des avantages. Si les tarifs sont si attractifs dans les banques en ligne, pourquoi n’ont-elles pas plus de clients ? La phobie administrative est le facteur le plus avancé par les clients pour justifier leur réticence à changer de banque. Un argument qui n’aura plus cours avec la mobilité bancaire simplifiée. Mais d’autres facteurs sont toujours valables notamment l’attachement aux agences physiques. Même si les Français s’y rendent de moins en moins, le simple fait de savoir qu’en cas de problème, comme le vol de sa carte bancaire, ou d’opération compliquée, type prêt immobilier ou crédit-relais, un conseiller peut vous recevoir en face-à-face, a quelque chose de rassurant. Ce service, les banques en ligne ne pourront jamais le fournir.

Les banques historiques gardent la main. Reste que les banques en ligne devraient bénéficier de l’entrée en vigueur de la mesure de la loi Macron sur la mobilité bancaire. Mais au final, les vrais gagnants seront bel et bien… les établissements traditionnels. En effet, les principales banques en ligne appartiennent à leurs "concurrentes" historiques. La Société Générale détient Boursorama, Hello bank! est la propriété de BNP Paribas, BforBank appartient au Crédit Agricole, Fortuneo fait partie du groupe Crédit Mutuel…