"Renault est sorti plus fort de la crise", juge Carlos Ghosn

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Sonia Mabrouk et Patrick Roger, avec Jérémy Maccaud , modifié à
L’INTERVIEW - Le PDG de l’Alliance Renault-Nissan a répondu aux questions de Sonia Mabrouk et Patrick Roger.

Sa parole est rare. Carlos Ghosn, était l’invité exceptionnel d’Europe 1 Dimanche Soir. Quelques semaines avant le Mondial de l’automobile à Paris, qui s'ouvrira le 4 octobre prochain, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan a répondu aux questions de Sonia Mabrouk et Patrick Roger.

Renault est plus fort qu'avant. En 2008, au tout début de la grande dépression économique mondiale, Carlos Ghosn s'était fixé un objectif : faire en sorte que Renault soit encore plus fort au moment de sortir de la crise. Sur notre antenne, l'industriel franco-libano-brésilien le réaffirme, c'est mission accomplie. "Aujourd'hui, on est en train de sortir de la crise", explique l'homme aux trois passeports. "Quelque soit la façon de regarder des choses, que ce soit sur l’exploitation de Renault, son bilan, sa technologie, ou sa gamme, Renault est sorti plus fort de la crise", se satisfait le PDG.

A-t-il, à ce titre, un conseil à donner pour la France ? "Je n’ai pas de recette à donner", dit Carlos Ghosn, avant de détailler, dans un sourire, ce qui a été sa stratégie pour répondre à la crise. "Il faut engager des réformes (...), savoir prendre des décisions qui sont souvent peu comprises ou pas très populaires, et qui vous doivent beaucoup de critiques", affirme l'industriel. "En revanche, si vous tenez-bon et que vous obtenez des résultats, ce sera alors reconnu comme quelque chose de positif", prévient-il.

Carlos Ghosn : "Il faut savoir prendre des...par Europe1fr

Un marché automobile européen en hausse, bonne nouvelle pour Renault. "Ça va mieux", lâche Carlos Ghosn, en commentant l’embellie que connaît actuellement la vente de voitures en Europe. "Le réveil a lieu, il y a un progrès des ventes en Europe en 2014, pour la première fois depuis longtemps", atteste le PDG, tout en nuançant avec l’exemple américain. "Aux Etats-Unis, le marché sera supérieur en 2014 au niveau auquel il était avant la crise", note-t-il.

Il y a tout de même de quoi positiver, selon-lui : "L’Europe est un peu à la traîne (...) je m’attends toutefois à ce que ce progrès perdure, avec une reprise lente mais systématique." Une dynamique dans laquelle la marque au losange tire son épingle du jeu ? Le franco-libano-brésilien est affirmatif. "Renault est la troisième marque européenne et ambitionne de devenir la deuxième", vise Carlos Ghosn. "Plus de 50% du chiffre d’affaire de Renault est encore fait en Europe. Quand le marché se réveille en Europe, on en profite", précise-t-il.

Et en France ? "Il y a un petit sursaut, une amélioration très légère des ventes de voitures", souligne le PDG de l'Alliance Renault-Nissan. "Pour le marché automobile, la France devrait être dans une situation de redressement progressif", s'attend Carlos Ghosn, optimiste. Et au-delà du prisme de l’automobile, à un niveau plus général ? "Ce dont nous avons besoin, ce sont des tendances. Pas des réalisations immédiates car ça, nous n’y croyons pas", juge-t-il. "Ce dont on a besoin, nous, ce sont des tendances. Pas des réalisations immédiates car ça, nous n’y croyons pas", poursuit Carlos Ghosn.

"Pour redresser la compétitivité dans un pays comme la France, un pays complexe, avec beaucoup d’acteurs, il faut surtout qu’on puisse regarder loin et voir des tendances qui aillent dans le bon sens. Des mesures ont été prises récemment qui vont dans cette direction", se félicite-t-il. Comme le crédit d'impôt recherche, "une très bonne chose", affirme-t-il, ou encore le pacte de responsabilité.

Des embauches à venir. A la suite de l'accord de compétitivité conclu en 2013, prévoyant le maintien de ses cinq sites industriels français, la marque au losange s'apprête à augmenter sa production en France à un minimum de 710.000 véhicules par an d'ici à 2016, contre 530.000 en 2012. Ce qui se traduira par des créations d'emplois. "Il y aura des embauches, forcément, parce que vous ne pouvez pas produire 710.000 voitures avec le même nombre de personnes", justifie Carlos Ghosn. Sans donner toutefois de chiffre précis. "Cela va dépendre beaucoup de la cadence avec laquelle on va monter", explique le PDG.