Bientôt des pourboires obligatoires en France ?

Les clients français laissent de moins en moins de pourboires (photo d'illustration).
Les clients français laissent de moins en moins de pourboires (photo d'illustration). © MIGUEL MEDINA / AFP
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M.L. , modifié à
L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie "travaille sur le sujet" pour lutter contre la baisse des sommes laissées par des clients de plus en plus adeptes du paiement par carte.

"Ils se font rares. Et les Français donnent des sommes moins conséquentes." Le diagnostic sur les pourboires d'Hervé Becam, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), est sans appel. Le spécialiste n'avance pas de chiffres précis. Mais en 2014, une étude commandée par Tripadvisor indiquait que seuls 15% des voyageurs donnaient systématiquement des pourboires - 16% n'en laissant, à l'inverse, jamais. Et selon les acteurs du secteur, la situation ne va pas en s'améliorant. L'Umih formule actuellement des propositions pour en appeler au législateur. 

"La transmission de ce geste se perd". Comment expliquer cette baisse ? "La nouvelle génération est habituée au système virtuel, où elle achète davantage sur internet et ne dispose pas de l'opportunité de laisser un pourboire. La transmission de ce geste se perd", analyse l'économiste Pascale Hébel, interrogée par Le Figaro. Hervé Becam abonde auprès du même média : "Lorsque les consommateurs sont satisfaits du service rendu, ils préfèrent laisser des commentaires positifs sur des sites comme TripAdvisor plutôt que de laisser un pourboire."

Une tendance qui vient renforcer un modèle français peu coutumier de la pratique. L'étude de 2014 présente ainsi les consommateurs de plusieurs pays européens - l'Italie ou l'Espagne par exemple - comme plus généreux que les Français. L'écart est encore plus important avec les touristes en provenance des Etats-Unis. "Les Américains donnent 5 à 6 euros, les Français quelques centimes dans la coupelle", résume une gérante de restaurant interrogée par Le Parisien.

"Initier un cercle vertueux". Et pour cause : aux Etats-Unis, le pourboire est… obligatoire, puisqu'il fait partie du salaire des serveurs. De quoi donner des idées à l'Umih ? "On travaille sur la manière d'initier un cercle vertueux pour nos salariés", répond Hervé Becam, qui souhaite "faire des propositions au législateur". Sans, forcément, passer par la contrainte. Mais en tentant d'inclure dans le système des pourboires d'autres acteurs que les serveurs, comme les cuisiniers et les réceptionnistes.