Après EDF, Proglio rejoint Thalès

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NOMINATION - Henri Proglio devient président du groupe d’électronique et d’armement, épaulé par Patrice Caine, nommé directeur général.

Poussé vers la sortie d’EDF alors qu’il souhaitait rempiler, l’ancien Pdg de l’électricien a trouvé un nouveau point de chute. Et pas des moindres : Henri Proglio vient d’être désigné futur président du très stratégique groupe Thalès. Il ne sera néanmoins pas seul aux commandes puisqu’il dirigera l’entreprise d’armement et d’électronique avec Patrice Caine, nommé directeur général. Une répartition du pouvoir qui doit encore être entérinée par une assemblée générale début 2015.

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Thalès, une entreprise pas comme les autres. Le grand public ne connait pas forcément Thalès mais sa notoriété est inversement proportionnelle à son influence. Car Thalès est en quelque sorte le bras armé de l’Etat, issu de la privatisation de plusieurs entreprises publiques. Il emploie aujourd’hui près de 65.000 personnes et est implanté dans 56 pays.

Mais que produit-il exactement ? Un peu de tout, puisque Thalès est spécialisé dans trois domaines : l’aérospatial, les transports et la défense. Plus concrètement, l’entreprise fabrique des radars, des sonars, des systèmes de gestion du trafic aérien ou ferroviaire, mais aussi des missiles, des satellites. Ou encore la plateforme nationale des interceptions judiciaires (Pnij), le nouvel outil d’espionnage des forces de sécurité. En clair, Thalès revêt une dimension très stratégique.

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Une codécision de l’Etat et de Dassault. Le choix d’Henri Proglio et de Patrice Caine a donc été longuement réfléchi. Ces nominations mettent fin aux longues tractations qui ont eu lieu depuis plus d’un mois entre les deux actionnaires principaux, l'Etat (26% du capital) et le groupe Dassault (25%). Or le temps pressait puisque Thalès est sans patron depuis près de deux mois.

Mais la nouvelle organisation a ralenti ces nominations : alors que Thalès était jusqu’à maintenant dirigé par un PDG nommé par l’Etat, il a été décidé de dissocier ce poste. Thalès aura donc désormais un président et un directeur général.

Henri Proglio, un choix qui ne fait pas l’unanimité. Henri Proglio a été choisi pour apporter son expérience dans le cadre de grands contrats à l'international, où Thalès compte se développer. Un poste qui suppose donc d’être un bon gestionnaire mais aussi un fin politique.

Sauf que ce choix pose question et ce pour plusieurs raisons. Si Proglio, ex-EDF, rejoint Thalès, l’ex-patron de Thalès, lui, prend la place de Proglio à la tête de l’électricien. Pas vraiment idéal en termes de renouvellement des élites économiques. "Il n'y a qu'en France qu'on a ce jeu de chaises musicales. C'est insensé", a réagi Alain Rousset, président de la région Aquitaine, dnans les colonnes de Sud Ouest, avant de pointer "un jeu de combine entre les grands corps de l'Etat qui se partagent les postes (…) Ca donne une image dramatique".

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De plus, Henri Proglio avait ardemment milité pour son maintien à la tête d’EDF, ce que l’Elysée refusait, l’accusant d’avoir été trop proche de Nicolas Sarkozy. Son arrivée à la tête de Thalès n’a donc pas été soutenue par l’Etat mais par l’autre actionnaire du groupe, Dassault Aviation. Dassault, qui n’a jamais caché son envie de prendre davantage de pouvoirs au sein de Thalès. Ce qui fait dire à Mediapart qu’"aux yeux de la famille (Dassault), Henri Proglio est donc le candidat idéal pour l’aider à asseoir son pouvoir sur le groupe Thalès".