Air France : le CCE dégénère, plusieurs blessés

CCE Air France
Le directeur d'Air France à Orly, Pierre Plissonnier, évacué par les agents de sécurité. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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G.S. avec AFP , modifié à
La direction d'Air France a confirmé lundi en comité central d'entreprise que son plan de restructuration menace 2.900 postes. Le ton est rapidement monté jusqu'à faire plusieurs blessés et interrompre les discussions.

Air France a confirmé lundi en comité central d'entreprise (CCE) que son plan de restructuration menace 2.900 postes, principalement au sol, un chiffre similaire à celui annoncé vendredi en conseil d'administration, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources syndicales. Mais la direction n'a pas eu le temps de terminer sa présentation : le CCE a été interrompu par une manifestation de plusieurs centaines de salariés. Manifestation qui a dégénéré, faisant sept blessés dont un grave et poussant la direction à porter plainte pour des "violences aggravées".

>> Les trois infos du jour à retenir : 

- La direction a confirmé que 2.900 postes sont menacés

- Le CCE a été interrompu par une grande manifestation et n'a pas repris lundi après-midi

- Les violences auraient fait sept victimes, dont une grave, assure la direction

Le détail des postes menacés. La direction d'Air France a confirmé lundi en comité central d'entreprise que son plan de restructuration menace 2.900 postes. La mise en oeuvre de ce plan "alternatif" au projet de développement "Perform 2020", dont les négociations ont échoué avec les syndicats de navigants, concernerait 300 pilotes, 900 PNC (hôtesses et stewards) et 1.700 personnels au sol. Ce plan prévoit la baisse de 10 % sur deux ans de la flotte long courrier. Concrètement, cela signifie des destinations moins souvent desservies, des avions plus petits et dans les cas les plus extrêmes, des lignes supprimées. Résultat : il devrait y avoir cinq avions en moins dès l’été prochain, et neuf d'ici 2017. 

Le CCE interrompu. Plusieurs centaines de salariés ont envahi lundi le siège d'Air France, interrompant la réunion du CCE. Selon une journaliste de l'AFP, les manifestants, au nombre de "plusieurs centaines", sont entrés aux cris de "De Juniac démission" et "On est chez nous". Deux représentants au CCE ont indiqué que le PDG d'Air France Frédéric Gagey était sorti précipitamment. Plusieurs dizaines de salariés en uniforme Air France affluaient déjà en milieu de matinée avec des pancartes ciblant le PDG de la compagnie Frédéric Gagey ("dégage") et le Premier ministre Manuel Valls ("arbitre vendu!"). Certains criaient leur colère contre une "direction irresponsable".

La direction porte plainte après des violences. Dans la manifestation, le DRH de la compagnie a même été violemment pris à part. Xavier Broseta s'est en effet enfui de la salle de réunion au siège d'Air France à Roissy, torse nu après s'être fait arracher sa chemise. Air France va déposer plainte pour "violence aggravée". La direction d'Air France a "condamné fermement les violences physiques", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta "a manqué de se faire lyncher" et a dû quitter la salle en "escaladant des barrières pour se sauver", a également précisé un délégué CGT. 

En fin d'après-midi, la direction a fait un nouveau point et évoqué sept blessés : cinq membres de la direction et deux vigiles, "dont un qui a été dans le coma et qui est sorti du coma il y a peu de temps", a précisé le porte-parole d'Air France. Dans ces conditions, le CCE n'a pas repris lundi après-midi, comme cela était prévu initialement.

Le gouvernement se dit "scandalisé" par les violences. Côté exécutif, le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a été le premier à réagir, qualifiant lundi d'"inacceptables" les violences physiques commises en marge du CCE. Manuel Valls lui a emboîté le pas, se disant "scandalisé" et apportant "tout son soutien" à la direction. 

La direction toujours prête à dialoguer. Malgré ces incidents, "la direction d'Air France reste disponible à tout moment pour reprendre les négociations avec les syndicats", a affirmé Alexandre De Juniac. Ces violences "n'altèrent en rien la volonté de la direction de poursuivre" les discussions, a-t-il ajouté. Les pistes de réformes mises sur la table n'ont en revanche pas changé.

Une grève peu suivie. Pour mettre la pression sur la direction, les syndicats (CGT, FO et Unsa) avaient lancé un appel à la grève lundi. Mais la mobilisation s'est révélée très limitée et a entraîné peu de perturbations. Air France assure tous ses vols mais prévoit des "retards probables", notamment à l'enregistrement.

A l'origine, un "non" des pilotes. Ce plan drastique n'est en réalité que le plan B d'Air France. A l'origine, pour faire des économies, la direction avait demandé aux salariés de travailler plus longtemps, sans être augmenté. Mais les pilotes, à qui l'on demandait une centaine d'heures de plus par an, ont refusé de signer, suscitant l'inquiétude et la colère des autres salariés.