A quoi sert l'union de Renault et Bolloré ?

Renault et Bolloré, qui exploite Autolib', ont annoncé vendredi qu'ils s'alliaient pour se développer ensemble.
Renault et Bolloré, qui exploite Autolib', ont annoncé vendredi qu'ils s'alliaient pour se développer ensemble. © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
Les deux groupes veulent coopérer dans l'autopartage et la production de voitures.

L'union. Certaines rencontres sont électriques. Celle entre Bolloré et Renault l'est tout particulièrement. La marque au losange et l'exploitant des Autolib', le désormais célèbre système de voitures en libre service de Paris, ont officialisé jeudi leur union. Dans une lettre d'intention, ils ont annoncé leur volonté de s'allier pour étendre leur part de marché et partager leur savoir faire.

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Vers des Autolib' partout en France. Cet accord se déroulerait autour de trois axes. Le premier prévoit d'abord la commercialisation conjointe de solutions d'autopartage de voiture électrique en libre service. Les deux groupes vont ainsi "étudier la création d'une société commune dont l'objet sera de conquérir et d'installer de nouveaux projets" en France et à l'international. En clair, les deux groupes veulent, ensemble, exporter le modèle des Autolib' aux quatre coins de la France. "D'ores et déjà, Renault pourrait rejoindre le Groupe Bolloré dans le capital de Bluely (Lyon) et Bluecab (Bordeaux)", précise même le communiqué.

Des Bluecar produites en France par Renault? Bolloré, pour l'heure, fabrique sa Bluecar, la voiture qui équipe Autolib', en Italie, dans l'usine Pininfarina de San Giorgio Canavese près de Turin. Mais les deux groupes vont étudier "le transfert de certaines fabrications dans l'usine de Dieppe, en Seine-Maritime, du groupe Renault ainsi que la fourniture par ce dernier de pièces et de composants". Une alliance qui pourrait concerner la future Bluecar décapotable, qui sera lancée en juin prochain. L'usine de Dieppe, 325 salariés, connue pour avoir assemblé les fameuses Alpine, pourrait ainsi construire jusqu'à 3.000 nouveaux véhicules par an.

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© REUTERS

Une future voiture commune ? Enfin, et surtout, Renault et Bolloré vont travailler à la conception d'une petite voiture électrique de trois places et 3,1 mètres de long (soit moins qu'une Twingo 1, qui mesure 3,4 mètres). Cette voiture pourrait être équipée d'une batterie Bolloré de 20 kWh, lui permettant d'avoir une autonomie de plus de 200 kilomètres. Les deux groupes vont ainsi "étudier le soutien que pourrait apporter Renault au groupe Bolloré pour la conception, le développement et l'industrialisation" de cette voiture.

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Renault, grand gagnant de l'alliance ? A priori, c'est Renault qui y gagnerait le plus. La marque au losange a mis l'électrique au cœur de sa stratégie, mais les résultats commerciaux tardent à venir. Le groupe pourrait alors, avec cette union, s'insérer dans le marché de l'autopartage. Mais il pourrait surtout tester et profiter des nouvelles, et prometteuses, batteries de Bolloré. "En développant l’ingénierie de la future voiture trois places, Renault pourra davantage étudier l’intérêt de la technologie", décrypte ainsi le journal Les Echos. Une technologie déjà saluée par Arnaud Montebourg, jeudi sur Europe1, et qui présente des "avantages certains", selon Thierry Lucas, journaliste spécialisé à Usine nouvelle : "ces batteries reposent sur une technologie qui se distingue des batteries utilisées dans la plupart des véhicules électriques : son anode est en lithium métallique, et surtout l’électrolyte est un polymère solide, ce qui évite les risques de fuite et de court-circuit".

Un enjeu crucial pour Bolloré. En réalité, les retombées pour Renault resteront limitées. Contactée par Les Echos, la marque assure que la coopération se bornera à l'autopartage, et qu'elle ne convertira pas ses propres voitures à la batterie Bolloré. En revanche, l'enjeu est énorme pour Bolloré, qui vient juste d'officialiser son intention d'introduire en Bourse sa production de batteries. "Pour Bolloré, l’objectif est de gagner en crédibilité auprès des constructeurs. L’objectif, c’est de vendre ses batteries et sa technologie. Et c’est ce qu’il veut faire chez Renault. Pour lui c’est un premier pas", explique Les Echos, citant une source proche du dossier. Reste aux deux groupes à concrétiser cet accord, qui n'est pour l'heure qu'une lettre d'intention.