Que vaut la saison 3 de "Dix pour cent" ?

La saison 3 de Dix pour cent sera diffusé sur France 2 à partir de mercredi.
La saison 3 de Dix pour cent sera diffusé sur France 2 à partir de mercredi. © FTV
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La saison 3 de la série de France 2 arrive mercredi sur les (petits) écrans. S'ils parviennent à s'emparer assez justement de sujets de société, les cinq premiers épisodes manquent de rythme.

Que deviennent les agents de star d'ASK ? Il y a un an, nous avions laissé les quatre infatigables personnages de la saison 2 de la série Dix pour cent en bien fâcheuse posture : Andréa Martel, enceinte, décidait de garder son enfant avec sa compagne, Colette, en dépit du fait que le père biologique n'était autre que son patron ; Matthias Barneville interrompait sa relation extraconjugale avec son assistante Noémie ; Gabriel Sarda se faisait plaquer par sa petite amie Sofia Leprince, devenue actrice, tandis qu'Arlette Azémar tentait encore et toujours de veiller sur tout ce petit monde. Mercredi, la série française créée par Fanny Herrero revient sur France 2. Les cinq épisodes diffusés à la presse (sur six au total) laissent présager une saison un peu lente au démarrage, mais très ancrée dans les problématiques sociétales actuelles.

Casting cinq étoiles. La recette est toujours la même : chaque épisode est l'occasion d'inviter un acteur ou une actrice du cinéma français qui interprète son propre rôle avec un sens certain de l'autodérision. En filigrane, les quatre agents de ces comédien(ne)s, ainsi que leurs assistant(e)s, Noémie, Camille et Hervé, mènent leur barque et leur vie tant bien que mal. La saison 3 se paye des apparitions cinq étoiles, mais avec des fortunes diverses. C'est ainsi que Jean Dujardin est complètement sous-exploité dans le premier épisode, ou que les scénaristes ne se sont pas embêtés à trouver une chute à l'intrigue impliquant Gérard Lanvin. En revanche, on prend plaisir à retrouver Isabelle Huppert, souvent parfaite et toujours étonnante dans un registre comique, ou Béatrice Dalle, dont la rudesse cache le traumatisme d'une actrice malmenée par des réalisateurs peu scrupuleux et un peu trop prompts à la déshabiller contre son gré.

#MeToo et homoparentalité. Via son personnage, la série aborde avec délicatesse la question du harcèlement sexuel dans le monde du cinéma. Cette saison, la première après les accusations contre Harvey Weinstein et le mouvement #MeToo, réussit d'ailleurs assez bien à s'emparer de ce sujet. Avec Béatrice Dalle donc, mais aussi avec la jeune Sofia Leprince. Sur le point de tourner dans le premier film de Julien Doré à la fin de la saison 2, l'ancienne standardiste d'ASK est désormais connue, mais plus pour ses scènes de nu que pour son jeu d'actrice. Ce qui lui vaut d'être importunée par des producteurs malsains. Les pérégrinations d'Andréa Martel enceinte occupent également une bonne place dans cette saison 3, qui s'attaque à la peinture d'un couple de femmes et aux difficultés que rencontre sa compagne pour faire valoir ses droits de coparente. De quoi, peut-être, réconcilier les spectateurs déçus que le personnage de lesbienne joué par Camille Cottin ait été précipité dans les bras d'un homme lors de la saison 2.

Manque de rythme. Reste un manque de rythme et de trame solide dans les trois premiers épisodes, soit tout de même la moitié de la saison. Si certains personnages, comme Hervé, ont la chance de voir leur histoire étoffée, d'autres arcs narratifs, notamment ceux de Camille ou Sofia Leprince, faiblissent ou tournent en rond. On regrette aussi la poésie presque mélancolique qui affleurait parfois dans les premières saisons et se fait désormais (trop) rare. Dix pour cent séduit encore avec ses petits drames de bureau et reste solidement interprétée par un casting très investi. Mais on ne peut s'empêcher de se demander à quoi ressemblera la quatrième (et probablement) dernière saison, alors que la showrunneuse Fanny Herrero vient d'annoncer son départ. Ses remplaçants, Victor Rodenbach et Vianney Lebasque (créateurs des Grands sur OCS), champions de la série pour ados, auront fort à faire pour clore en beauté l'un des programmes qui a redonné aux créations françaises sur petit écran ses lettres de noblesse.