Quand Alain Chamfort était "en colère" contre Gainsbourg qui avait "bâclé" ses textes

© XAVIER LEOTY / AFP
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A.D
La carrière du chanteur est faite de rencontres phares. Dont celle de Gainsbourg, pour qui il a éprouvé une grande admiration et quelques coups de colère.

Le raccourci est facile. Si on dit Alain Chamfort, la réponse Manureva fuse. Pourtant, l'artiste n'a pas commencé comme chanteur mais comme musicien compositeur. Invité dans le Europe 1 Music Club à l'occasion de sa tournée en France, l'artiste est revenu sur son parcours parsemé de rencontres avec les grands noms de la chanson française.

Dutronc. L'introduction au piano de J'aime les filles? C'est Alain Chamfort. On est en 1966 et il est le musicien de Jacques Dutronc. "Trop timide" alors pour la chanson, ce n'est que deux ans plus tard qu'il s'y essaye, un peu par hasard. En mai 68, bloqué dans Paris, il est recueilli par Dick Rivers qui lui propose de chanter. C'est un échec. Chamfort réalise alors "qu’il n’est pas fait pour ça". Et pourtant...

Cloclo. Il revient à la chanson avec le temps et les rencontres, notamment celle de Claude François. "Il m’a beaucoup soutenu et en même temps, il ne pouvait pas s’empêcher de me considérer comme un concurrent. Mais il avait de l’humour, ce que le film Cloclo a mal restitué, juge Alain Chamfort. Il n’était pas que fou hystérique, il y avait des moments où on pouvait trouver une complicité avec lui."

Gainsbourg. Une autre des plus grandes rencontres est celle de Serge Gainsbourg. L'icône lui compose la fameuse Manureva. Le titre sort sur l'album Poses en 1979. Gainsbourg est aussi à la manœuvre pour l'album Amour année zéro, enregistré à Los Angeles et sorti en 1981. "J’avais entraîné Serge avec moi parce qu’il était dans la période de la naissance de Gainsbarre", raconte le chanteur. Après avoir rencontré le succès attendu avec Aux armes et caetera, " il n'était plus très disponible".

Les textes ? "Il les avait bâclés". Gainsbourg arrive néanmoins avec une liste de titres. "Il me les a présentés et j’étais terriblement déçu. Autant les titres étaient évocateurs et laissaient présager quelque chose de formidable, autant ses textes, il les avaient bâclés. J’étais très en colère, je lui ai fait savoir. Il était vexé et m’a laissé planté là-bas." L'histoire se finit bien grâce au président de la maison de disques d'Alain Chamfort qui organise un dîner de la réconciliation. "Il avait bien eu le temps de se reprendre et de passer du temps sur mes textes." Plus tard, Gainsbourg ne lésinera pas sur les compliments adressés à Alain.