Oliver Stone s'entretient avec Vladimir Poutine : "Il est possible de coopérer sur tous les fronts"

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© Alberto E. Rodriguez / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Le réalisateur américain sort un film fleuve constitué d'une série d’entretiens avec le maître du Kremlin.
INTERVIEW

Il a passé pratiquement deux ans à mûrir son projet. Le réalisateur américain Oliver Stone sort Conversations avec monsieur Poutine, une série documentaire en quatre épisodes sous forme d'entretiens avec le président russe. Un premier volet est diffusé lundi soir sur France 3. "Ça dure 4 heures, c'est l'un de mes plus longs films. J'aime bien toucher à la complexité des choses, et dans ces quatre heures on voit un rapprochement s'opérer entre un dirigeant russe et un réalisateur américain, on voit qu'il est possible de coopérer sur tous les fronts", explique le cinéaste au micro d'Europe 1.

Critiqué par la presse américaine pour ne pas avoir été assez incisif, le réalisateur tient à préciser qu'il n'a pas voulu faire œuvre de journaliste. "J'ai essayé de rendre le travail intéressant, je ne sais pas si [Vladimir Poutine] aurait continué si j'avais accepté la routine habituelle des journalistes occidentaux qui sont hostiles dans leurs questions, qui essayent de prouver leur virilité. C'est important, il faut bien comprendre que les journalistes essayent d'être plus virils les uns que les autres. On n'est pas considéré comme un bon journaliste sans poser des questions très dures".

"C'est à vous de juger". "Mon métier, c'est d'établir une communication, c'est ce que font les dramaturges, nous faisons les films. Je dramatise des situations fictives, ou réelles comme dans un documentaire. Là je parle à monsieur Poutine, il ment peut-être, il a peut-être des réserves, mais c'est à vous de juger. Moi je suis réalisateur, c'est vous qui décidez", explique encore Oliver Stone qui, en deux ans, a eu douze entretiens avec le président russe. "Parfois on nous appelait au Kremlin à trois heures de l'après-midi, et on attendait jusqu'à 10 heures du soir. Après nous avoir vu, il était minuit ou une heure du matin, il avait parfois encore une réunion".

"Je le taquinais souvent". Le cinéaste se dit également marqué pour l'ouverture et l'amabilité de son interlocuteur : "Il faut rester courtois, il faut se respecter, à moins qu'il y ait un écart à la vérité qui soit spectaculaire. Je ne veux pas l'interrompre, au contraire j'ai l'impression qu'on avait une bonne relation, on se parlait. Il a un sens de l'humour, je le taquinais souvent." Quitte à servir l'image que veut diffuser Vladimir Poutine ? "Il travaille très fort, il se prépare, il met en avant une image de lui-même pour le public russe qui va voter en 2018. Et alors, c'est mal ? Les dirigeants français et américains feraient la même chose".

"Trump ne peut pas se concentrer". Interrogé quant à savoir s'il se prêterait au même type d’exercice avec le président américain, Oliver Stone n’hésite pas à tacler le Commander in Chief : "Monsieur Trump ne peut pas se concentrer de cette manière. Monsieur Poutine lit, monsieur Poutine connait l’économie, il sait ce qu'il en est des chiffres, monsieur Trump n'a pas encore appris à s'accoutumer à la lecture".