Magritte au Centre Pompidou : "faire de la peinture l'égale de la poésie et de la philosophie"

© Adagp 2016 - René Magritte, "La trahison des images", 1929
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Guillaume Perrodeau , modifié à
Jusqu'au 23 janvier 2017, le Centre Pompidou consacre une exposition au peintre belge.

Qui ne connaît pas le si célèbre tableau La Trahison des images ? René Magritte a représenté une pipe avec, juste au-dessous, l'inscription Ceci n'est pas une pipe. Ce tableau et des dizaines d'autres, sont visibles jusqu'au 27 janvier au Centre Pompidou à Paris, dans une exposition consacrée à l'artiste belge. Pour Europe1.fr, Marie Sarré, chargée de l’exposition, revient sur le travail du peintre en trois questions.

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@Adagp 2016 - René Magritte, "La trahison des images", 1929

Magritte, un surréaliste ? C'est un des objectifs de l'exposition au Centre Pompidou : "sortir René Magritte des carcans du surréalisme dans lequel il a été verrouillé par la critique". "Magritte a bien été surréaliste, un temps : son aventure avec ce mouvement artistique commence en 1923 avec la découverte du Chant d’amour de Giorgio De Chirico", indique Marie Sarré.

En 1927, le peintre quitte même la ville de Bruxelles pour se rapprocher du groupe d'André Breton, poète et écrivain français, théoricien du surréalisme. "Pourtant, la voie empruntée par les surréalistes français (la psyché, le rêve, le hasard, l'inconscient) ne l'intéresse guère", raconte la chargée d'exposition. "À la beauté fortuite ("d'un parapluie et d'une machine à coudre", Lautréamont), il préfère une beauté poétique. La rencontre dialectique d'un parapluie et d'un verre d'eau, par exemple".

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@Adagp 2016 - René Magritte, La Lampe philosophique, 1936

Un peintre-philosophe ?La lampe philosophique en 1936, Les promenades d'Euclide en 1955 ou encore Les vacances de Hegel en 1958, autant de tableaux qui prouvent l'intérêt du peintre pour la philosophie. "René Magritte a lu Platon, Kant, Bergson, Nietzsche, Hegel et a entretenu des correspondances suivies avec les philosophes contemporains : Alphonse De Waehlens, Chaïm Perelman et Michel Foucault en particulier", rappelle Marie Sarré. Des échanges importants pour la réflexion artistique du peintre, "lui qui a l'ambition de faire de la peinture l'égale de la poésie et de la philosophie".

Magritte-La Décalcomanie_1966

@Adagp 2016 - René Magritte, La Décalcomanie, 1966

Un style publicitaire ? Dans les années 1920, René Magritte réalise plusieurs projets publicitaires. Une expérience qui lui a appris à "réaliser une image forte, efficace, puissante avec une certaine économie de moyens", explique la chargée d'exposition. "En faisant de ses toiles de parfaites illusions, (...) il élabore un stratagème d'autant plus efficace pour dénoncer la "trahison des images" : la représentation, aussi illusionniste soit-elle, n’en est que plus mensongère", décrit Marie Sarré.

Retrouvez dans la vidéo le compte-rendu de notre reporter, Diane Shenouda :


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