Joann Sfar : "C'est devenu compliqué de dessiner car les censeurs ont gagné sur toute la ligne"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Anne Roumanoff, Joann Sfar s'exprime sur la liberté d'expression et sur ce qu'il estime être "la génération des offensés".

Joann Sfar est un artiste prolifique, c'est le moins qu'on puisse dire. En cette rentrée, l'auteur publie un roman, Modèle Vivant, publié chez Albin Michel, mais aussi deux BD : le tome 2 de L'ancien temps et le tome 8 du Chat du rabbin. Très attaché à la question de la liberté d'expression, le dessinateur se livre chez Anne Roumanoff jeudi. Il estime que dessiner devient de plus en plus compliqué.

"On est dans la génération des offensés". Interrogé sur les attentats de Charlie Hebdo, Joann Sfar dresse un constat alarmant. "On se demande si les tueurs ne sont pas en situation de succès total. Les dessinateurs n'ont jamais eu autant d'angoisse que depuis les massacres de Charlie Hebdo, car tout le monde est offensé par tout dorénavant", affirme le dessinateur.

L'auteur estime qu'au lieu d'avoir une plus grande liberté depuis ces attentats, l'effet inverse s'est produit. "On est dans la génération des offensés et tout le monde est toujours vexé par quoi que ce soit. Dessiné aujourd'hui, c'est devenu compliqué car les censeurs ont gagné et sur toute la ligne", déplore-t-il.

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"Je suis pour une liberté d’expression quasi totale". Lorsqu'on l'interroge sur ce qui le révolte le plus aujourd'hui, Joann Sfar répond : "Les problèmes des libertés individuelles". Selon lui, ces problématiques sont reléguées "très loin par à peu près tous les partis politiques en ce moment". "Quand je parle de Charlie Hebdo, il s'agit de ça : la personne offensée a plus de pouvoir que celle qui a voulu sortir ce qu’elle souhaitait", précise-t-il. En avril 2017, Joann Sfar avait déjà pointé du doigt le risque d'"autocensure" au moment de dénoncer une "campagne d'intimidation" des partisans de Mélenchon. "Je suis pour une liberté d’expression quasi totale et je me sens un peu seul", se désole-t-il.