Jean d’Ormesson, immortel "écrivain du bonheur"

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S.B. avec R.Da. , modifié à
L'académicien, mort mardi à 92 ans, avait mené de front une carrière d’écrivain et de journaliste, s’autorisant également quelques apparitions au cinéma.

À lui seul, il était devenu le visage de l’Académie française. Jean d'Ormesson, de son vrai nom Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d’Ormesson, s'est éteint dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans, victime d'une crise cardiaque. L'académicien, écrivain, chroniqueur, journaliste et philosophe apparaissait encore régulièrement dans les médias. Il avait lutté contre un cancer en 2013.

Premiers succès littéraires du "frère de Sagan". Élève brillant issu d'une famille aisée, Jean d'Ormesson avait eu un parcours scolaire exemplaire. Agrégé et diplômé d'études supérieures de philosophie, normalien, cet érudit avait rapidement embrassé une carrière de haut fonctionnaire, devenant président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'Unesco. Son premier roman, L'amour est un plaisir, publié en 1956, avait été quelque peu dédaigné par le public, malgré les éloges de son éditeur, qui voyait en lui un "frère de Sagan".

Jean d'Ormesson avait connu son premier succès critique et public en 1971 avec La gloire de l'Empire, pour lequel il a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française. Deux ans plus tard, il est élu à l’Académie au fauteuil 12, succédant à Jules Romains.

Écrivain, chroniqueur, journaliste et philosophe. Menant de front plusieurs carrières, l'écrivain, également journaliste, a été nommé directeur général du Figaro en 1974, une fonction qu'il a continué d'assumer une fois devenu académicien. L'homme, connu pour sa joie de vivre mais aussi pour ses aspirations à un monde "traditionnellement moderne", avait couché ses réflexions philosophiques dans Le Rapport Gabriel ou encore Presque rien sur presque tout. Auteur prolifique, Jean d'Ormesson avait notamment publié Une fête en larmes en 2005, un essai dans lequel il se met en scène, racontant son roman idéal à un journaliste, mais aussi un album jeunesse, L'Enfant qui attendait un train, ou encore Saveur du temps, le deuxième tome de ses chroniques au Figaro. "Je crois que si je passe pour l’écrivain du bonheur, c’est parce que je pense qu’il faut être heureux en dépit de tout le reste", avait-il confié en 2015 au Figaro magazine.

Jeune premier à plus de 80 ans.  Il s'était aussi essayé au septième art dans Éloge de l'amour de Jean-Luc Godard, en 2001, et avait incarné un président de la République inspiré de François Mitterrand dans Les Saveurs du palais de Christian Vincent. Durant la dernière campagne présidentielle, Jean d’Ormesson avait ouvertement soutenu le candidat de la droite François Fillon, malgré les affaires, avant de se prononcer pour Emmanuel Macron au second tour.

Les ouvrages de l'académicien sont entrés dans la prestigieuse collection la Pléiade éditée par Gallimard, de son vivant. Un honneur rare qui avait été accordé avant lui à Eugène Ionesco, André Malraux ou encore André Gide.