Festival d’Angoulême : 7 BD à ne pas manquer

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Mathieu Charrier
La 44e édition du festival de BD d'Angoulême se tient jusqu'à dimanche. Notre spécialiste a arpenté les allées et vous fait découvrir sept BD à ne pas louper.

Comme chaque année, pendant quatre jours, Angoulême célèbre la bande dessinée. Plusieurs dizaines de milliers de visiteurs se rendent dans la ville charentaise pour découvrir et partager sur l'art de la BD. Mathieu Charrier, journaliste culture à Europe 1, vous a listé sept BD immanquables. Suivez le guide !

Sortie de Route, Tronchet. Editions Glénat

19,50 €

sortie de route

Résumé de l’éditeur : Régis et Valérie sont sur la route des vacances. Régis pense à tout, c’est un type prévoyant. Un peu trop, même. Sauf qu’il ne s’attendait probablement pas à ce qui va lui arriver. En effet, voilà qu’après avoir bu une anodine grenadine, Valérie redevient comme par magie la petite fille qu’elle était à dix ans ! Complètement décontenancé, Régis doit à présent s’occuper de sa femme comme s’il s’agissait de sa fille. Mais cette situation improbable lui fait redécouvrir la véritable personnalité de Valérie, formant dans le même temps le miroir de sa propre enfance et de ses rêves inassouvis.

Notre avis : Un road-movie que l’on prend plaisir à feuilleter, une sorte de conte contemporain. Le principal atout, c’est que Régis est un Monsieur-tout-le-monde, et que l’on s’identifie donc à lui. On se demande qu'elle aurait été notre réaction face à une telle situation. Régis va chercher de l’aide auprès des gendarmes, de la famille, mais à un moment, il va bien falloir qu’il se débrouille tout seul. Mention spéciale pour la couleur et le dessin hyper marqué de Didier Tronchet. Une BD légère, à dévorer, notamment sur la route des vacances.

Collaboration Horizontale, Maurel et Navie. Delcourt

17,95 €

collaboration horizontale

Résumé de l’éditeur : 1942, Paris, Passage de la Bonne Graine. Pour sauver son amie juive Sarah, Rose décide d’intervenir auprès de l’officier chargé de l’enquête, Mark. Rose est mariée à un prisonnier de guerre, avec qui elle a un enfant. Pourtant, elle va se lancer dans une passion avec cet Allemand qui va lui révéler la femme qu’elle est. Cet immeuble est le sanctuaire de femmes héroïques et ordinaires, veuves ou célibataires, juives ou athées, scandaleuses ou acariâtres.

Notre avis : La Seconde Guerre mondiale a été abordée sous toutes les coutures en bande dessinée. Et l’angle choisi par les auteurs nous permet donc d’y replonger une fois encore, mais avec originalité et intérêt. Il y est question d’une "seconde" société entre femmes, qui s’est mise en place pendant que les hommes étaient au front. Et de l’amour interdit entre l’une d’elle et un officier allemand. C’est la couverture, qui rappelle Fenêtre sur cour d'Hitchcock, qui a attiré notre œil. Mais après avoir pénétré dans cet immeuble, impossible d’en ressortir. On est plongé dans ce huis clos entre des femmes très différentes les unes des autres, magnifiquement servi par le trait de Carole Maurel et notamment les dessins pleine page. À ne pas rater.

Idéal Standard, Picault. Dargaud

17,95 €

ideal standard

Résumé de l’éditeur : Claire, trentenaire, infirmière en néonatalogie, voit défiler ses relations amoureuses et désespère de construire un couple – le vrai, le bon, l'idéal. En choisissant de vivre avec Franck, elle croit enfin y être arrivée. Mais la réalité standardisée de ce qui l'attend n'est pas à la hauteur...

Notre avis : La couverture jaune poussin de l’album attire forcément l’œil, et l’on découvre ce petit bout de femme tout en rondeur que l’on va apprendre à aimer au fil des pages. Claire, femme de 32 ans, rêve de se caser et enchaîne les aventures plus ou moins réussies. Dans les premières pages, on craint tomber dans une histoire clichée, déjà lue mille fois, notamment dans les magazines féminins. Mais non. Car l’auteur nous dévoile son personnage par petites touches, et il nous tient en haleine jusqu’au dénouement. Alors va-t-elle trouver son prince charmant moderne ?

Les 3 fantômes de Tesla, Guilhem et Marazano. Le Lombard

13,99 €

les 3 fantomes de tesla

Résumé de l’éditeur : Rumeurs de débarquement de sous-marins allemands sur la côte est... Mystérieuses apparitions, et disparitions, sur les bords de l'East River... Mise sous tutelle des laboratoires d'Edison par le FBI... Expérimentations de terribles armes secrètes par les forces japonaises dans le Pacifique... Pour celui qui sait voir au-delà des apparences de calme trompeur, tout démontre que New York sera bientôt plongée au cœur des événements qui ravagent aujourd'hui le reste du monde...
Et nous sommes toujours sans nouvelles de Nikola Tesla, probablement le seul savant dont l'originalité et les inventions géniales sont susceptibles de nous fournir une aide décisive dans cette guerre destructrice !

Notre avis : C’est l’une des BD de la sélection d’Angoulême à ne pas rater. Un récit dans le New York de la Seconde Guerre mondiale, dont le décor est planté dès la couverture sublime. Le scénario enchaîne les énigmes, les disparitions, les mystères. Mais ce qui marque surtout, c’est le dessin et les décors à plusieurs niveaux de lecture. Les couleurs parviennent à nous donner une impression de futur alors que nous sommes dans un récit du passé. Une BD à lire absolument pour tous les fans de polar, de science-fiction, et surtout de beaux dessins.

Votez le Teckel !, Bourhis. Casterman

17,95 €

votez le teckel

Résumé de l’éditeur : Le Teckel se présente aux élections présidentielles. Pour une France qui a du chien ! C'est la troisième aventure du Teckel, qui, cette fois-ci, se voit investir d'une mission secrète.

Notre avis : Le Teckel est le candidat dont on rêve tous en vue de la prochaine présidentielle. En tous cas, on en rêve pour au moins bien s’amuser. Car il ose tout, et c’est à ça qu’on le reconnaît. Et derrière ce portrait jouissif, les deux auteurs ironisent surtout sur les mécanismes et les vieilles ficelles politiques. Ils décortiquent les modèles de communication et de marketing. Parfois, quand on voit le Teckel, on pense un peu à la campagne de Donald Trump, mais en plus sympathique !

Scalp, Micol. Futuropolis

28 €

scalp

Résumé de l’éditeur : John Glanton (1819-1850) a eu une courte vie de mercenaire sanguinaire. Si le Président Houston l’a déclaré hors-la-loi, la populace l’a admiré et l’a craint. Texas Ranger pendant la guerre mexicaine déclenchée en 1845 par l’annexion du Texas par les États-Unis, Glanton est chassé de l’armée pour meurtres. Il s’est alors auto-proclamé chef d’un clan d’assassins, cruel légionnaire de la mort flanqué de soudards abreuvés d’alcool et d’une folle rage de sabrer les Indiens.

Notre avis : Une épopée sanglante qui vous prend aux tripes et vous fait passer des nuits agitées. Car cet album est un enchaînement de scènes sanglantes, de corps en morceaux, de visages désossés, un récit endiablé. Mais ce n’est pas de la violence pour la violence, Hugues Micol a une maîtrise parfaite de son trait et ne sombre jamais dans le racoleur. Il a passé plus de deux ans pour dessiner cet album, sorte de western dans un univers désespéré, qui vous tord le bide. À ne pas mettre entre toutes les mains.

Jacques Prévert n’est pas un poète, Cailleaux et Bourhis. Dupuis

32 €

prevert

Résumé de l’éditeur : Le quartier de Montparnasse au cœur des années 1920 : ses fêtes enivrantes, ses débats littéraires, ses artistes de mille et un univers. De retour de son service militaire en Turquie, Jacques Prévert y fréquente l'avant-garde de cette époque, entre Louis Aragon, Robert Desnos ou André Breton avec lesquels il écrit quelques-unes des plus belles pages du surréalisme. Ce mouvement, beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à écrire et d'un parapluie, éclatera finalement tandis que Prévert se met à côtoyer Giacometti, Carné ou Pierre Batcheff, qui l'entraîneront vers une carrière de scénariste et la création de la troupe Octobre.

Notre avis : Les deux auteurs nous avaient déjà plongés avec succès dans une partie de la vie de Boris Vian (dans Piscine Molitor). Ils s’attaquent désormais à Prévert, à l’occasion des 40 ans de sa disparition. Mais à travers lui, on revit surtout toute une époque. Celle notamment des années 20, lorsque Prévert rencontre Aragon. Il ne s’agit pas d’un biopic "classique", car le dessinateur profite de la liberté créatrice de Prévert, enivré de sa fumée de cigarette, pour déstructurer un peu les pages de cette BD, ce qui la rend encore plus belle. Un vrai régal poétique.