"Couleur de l'incendie" de Pierre Lemaitre : une fresque romanesque à la Alexandre Dumas

© AFP et Albin Michel / Montage Europe 1
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Nicolas Carreau, édité par G.P. , modifié à
Europe 1 a aimé le dernier roman de Pierre Lemaitre, paru le 3 janvier dernier.

Cinq ans après Au-revoir là-haut, prix Goncourt 2013, Pierre Lemaitre nous livre la suite. Enfin, il s'agit finalement moins d'une suite qu’un spin-off. Dans Couleurs de l'incendie, publié le 3 janvier, on ne tire pas le fil de la première histoire, mais on s’intéresse à un personnage de second plan, qui passe donc au premier : Madeleine Péricourt. La fille du banquier qui vient juste de mourir, au début du roman.

 

Une gifle d'entrée. Nous sommes 7 ans après la fin d’Au-revoir là-haut, dans les années 30. Le président de la République, lui-même, a fait le déplacement pour rendre hommage à Marcel Péricourt, ce grand homme de la vie financière. Tout le monde est prêt pour la levée du corps et pour accompagner le cercueil jusqu’à la tombe. Et là… Et là, on ne peut déjà plus raconter. Dans ce nouveau roman, on se prend une gifle d’entrée. On hésite, on croit à un gag d’abord. Puis c’est une tragédie, dès la 19ème page du roman. 

La femme française dans les années 1930. Couleurs de l’incendie est d'abord l'histoire d'une femme donc, Madeleine. Elle a tout perdu et va devoir reconquérir sa vie. C’est un personnage très travaillé. Elle prend une dimension qu’elle n’avait pas dans le premier épisode. Il faut dire que cette fois, les circonstances sont vraiment contre elle. Et elle doit réagir. Le roman se fait finalement le témoin de la condition des femmes dans cette décennie d’avant-guerre.

Comme dans Au-revoir là-haut, on est en présence d'un roman fresque, façon Alexandre Dumas. Un roman d’action aussi. Il y a un petit côté Comte de Monte-Cristo dans l’histoire de vengeance qui traverse le roman. Avec quand même toujours une certaine forme d’humour qui désamorce la tragédie. Le tout, dans cette atmosphère pesante, ces fameuses "couleurs de l’incendie", à savoir les premiers frémissements de la catastrophe qui s’annonce : la Seconde Guerre mondiale. Un incendie, qui, sans doute, sera exploré dans le troisième volume. Déjà prévu.