«Je trouve ça d'une violence extrême» : les soignants donnent leur avis sur le texte sur la fin de vie
C'est un nouveau chapitre du débat sur la fin de vie qui s'ouvre ce lundi à 16 heures, à l'Assemblée nationale. Les deux textes – l'un sur les soins palliatifs et l'autre sur l'aide à mourir – divisent profondément la classe politique. Mais que pensent les soignants de son contenu et comment vivent-ils les débats ?
La proposition de loi sur la fin de vie est de retour à l’Assemblée nationale ce lundi, avant un vote à la fin du mois de mai. Parmi ses détracteurs, Bruno Retailleau a martelé son opposition dans les colonnes du Journal du dimanche, dénonçant un texte "profondément déséquilibré" qui "fait sauter tous les verrous".
Le texte scindé en deux, avec une partie sur les soins palliatifs et une partie sur l’ouverture d’un droit à mourir, inquiète aussi les premiers concernés : les soignants des soins palliatifs.
"C'est priver n'importe quelle personne de la toute fin de vie"
Au sein du service de soins palliatifs de l'hôpital public Rives de Seine à Puteaux, nombreux ressentent la même inquiétude, voire de l'angoisse face à ce texte qui pourrait ouvrir l'accès au suicide assisté. C'est le cas de Claire Mellot, médecin en unité de soin palliatif, qui craint un bouleversement des valeurs de la société française.
"Ça va instiller dans l'esprit de tout le monde que ça ne vaut pas le coup de vivre si on est malade, si on est handicapé, vulnérable. Et si je ne choisis pas la mort, je vais me sentir coupable de peser sur la société, sur mes proches. Je trouve ça d'une violence extrême", relate-t-elle.
Fanette Minvielle, infirmière de profession, partage le même avis. Selon elle, proposer le suicide assisté reviendrait à abandonner les patients en fin de vie. "C'est priver n'importe quelle personne de la toute fin de vie. Dans tous les cas où des personnes qui demandent vraiment à ce que ça s'arrête : quand on soulage la souffrance, la demande n'est plus réitérée". Ce que confirme la cheffe de service, Ségolène Perruchio qui appréhende, si cette loi passe, le rôle confié aux médecins.
"Qui je suis, moi, pour juger de la vie et de la souffrance des autres. On aura le pouvoir de dire oui, vous, je peux vous aider à mourir. Donc il y a effectivement un pouvoir donné au médecin qui est vertigineux", souligne-t-elle. Si donner la mort devient un acte à réaliser en soins palliatifs, la majorité des soignants de l'unité assurent qu'ils quitteront le service.