Festival de Cannes : pour la présidente du jury Juliette Binoche, Gérard Depardieu a été «désacralisé»

Présidente de la 78ème édition du Festival de Cannes, l'actrice Juliette Binoche est revenue sur le cas de l'acteur Gérard Depardieu, condamné ce 13 mai à 18 mois de prison avec sursis pour agression sexuelles sur deux femmes en 2021. Elle a tenu a rappelé qu'il n'était "qu'un homme qui a été désacralisé."
Gérard Depardieu "n'est pas un monstre, c'est un homme qui a été désacralisé", a déclaré mardi 13 mai l'actrice française Juliette Binoche, présidente du jury du Festival de Cannes, en réponse à une question sur la condamnation de ce monstre sacré du cinéma pour agressions sexuelles.
"Un roi est un homme"
"L'association de monstre sacré m'a toujours gênée. Parce que d'abord, ce n'est pas un monstre, c'est un homme. Et qui a été désacralisé, apparemment, par des faits qui sont passés sous la justice", a indiqué Juliette Binoche lors de la conférence de presse du jury cannois, quelques heures avant la cérémonie d'ouverture du Festival.
"Une star de cinéma, c'est un homme. Un roi est un homme", a-t-elle ajouté, estimant que le sacré "ne nous appartient pas": "le sacré, il est au moment où il se passe quelque chose quand on crée, quand on joue, quand on met en scène".
"Quand on est désacralisé comme il l'est en ce moment, ça veut dire que ça fait réfléchir sur le pouvoir de certaines personnes qui prennent le pouvoir. Et je pense que le pouvoir est ailleurs", a ajouté l'actrice, qui a témoigné cette année de l'envers du décor devant une commission d'enquête parlementaire française sur les violences dans la culture, dont le cinéma, créée dans les remous de la vague #MeToo.
Plus grande figure du cinéma français reconnue coupable d'agressions sexuelles, Gérard Depardieu, 76 ans, a été condamné mardi 13 mai par le tribunal correctionnel de Paris à 18 mois de prison avec sursis, pour avoir agressé deux femmes sur le tournage des "Volets verts" en 2021.
Interrogée sur le nombre croissants de femmes réalisatrices et dans le jury du Festival de Cannes, Juliette Binoche a en outre estimé que "le Festival est de plus en plus en phase avec ce qui se passe aujourd'hui".
Il "suit un mouvement, le mouvement de la vie sociale, politique, des changements qui se passent dans le monde, et parfois il est précurseur et parfois il suit. Ça dépend des sujets", a-t-elle relevé. "Notre vague de révolution #Metoo, elle a pris un certain temps pour arriver" mais "elle réagit très fortement dernièrement", a encore noté Juliette Binoche.