Donald Trump : Ukraine, combat contre le «wokisme», droits de douane... Ce qu'il faut retenir de ses 100 premiers jours
Un peu plus de trois mois après son retour au pouvoir, Donald Trump a multiplié les signatures de décrets visant à faire valoir les grandes lignes de son programme, entre guerre commerciale, influence diplomatique et combats contre l'immigration illégale ou le wokisme.
Voici 100 jours, ce mardi 29 avril, que Donald Trump a repris ses quartiers à la Maison Blanche. Près de trois mois et demi au cours desquels le 47e président des Etats-Unis n'a cessé d'occuper la scène médiatique et diplomatique, mettant en oeuvre les contours d'un programme pour lequel il avait été largement plébiscité, en novembre dernier.
Mettre fin à l'"idéologie woke"
Dès son retour au pouvoir, au soir de son investiture le 20 janvier, le républicain a signé des dizaines et des dizaines de décrets. Parmi eux, la grâce de quelque 1500 émeutiers du Capitole le 6 janvier 2021, la suspension de l'aide au développement international, menaçant des programmes qui finançaient la lutte contre la famine ou le trafic d'être humains dans les pays concernés, mais aussi une interdiction des programmes de diversité. Déterminé à combattre "l'idéologie woke", Donald Trump a démantelé les initiatives mises en place par son prédécesseur Joe Biden, ordonnant aux agences fédérales de ne plus tenir compte de la diversité dans leurs critères de recrutement.
Outre la signature d'un décret ne reconnaissant plus que deux sexes (masculin et féminin, ce qui exclut les non-binaires et les transgenres), le président américain a engagé des pressions sur certaines universités comme Harvard, accusées de laisser prospérer l'antisémitisme sur leurs campus et de refuser de supprimer leurs programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI). Des mesures occasionnant des pertes de financements importants pour ces dernières, ce qui pourrait considérablement impacter des projets stratégiques et affaiblir la position américaine dans le domaine scientifique.
Faire pression sur Volodymyr Zelensky
Les 100 premiers jours du New-Yorkais restent bien évidemment marqués par une scène qui a fait le tour du monde, le 28 février dernier à Washington : un échange extrêmement tendu dans le bureau Ovale, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Un événement lors duquel Donald Trump avait mis la pression sur son homologue, lui rappelant qu'un règlement du conflit avec la Russie était en grande partie dépendant de la position et de l'aide américaines.
S'ils ont depuis été aperçus discutant, semble-t-il calmement, dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, les relations entre les deux chefs d'Etat demeurent fragiles. L'ex-magnat de l'immobilier cherche toujours la signature d'un accord sur les minerais stratégiques en Ukraine, en "compensation" de l'aide américaine à Kiev, maintenant, de surcroît, des positions différentes de celles de Zelensky, par exemple sur la Crimée, qu'il juge "perdue depuis des années" par les Ukrainiens.
Si des progrès dans les discussions américano-ukrainiennes ont été évoquées ces derniers jours, le chef de la diplomatie Marco Rubio a estimé ce week-end que "cette semaine sera cruciale" pour déterminer si les Etats-Unis continueront de s'impliquer dans la résolution du conflit. Après l'annonce de Vladimir Poutine d'une trêve temporaire entre le 8 et le 10 mai, la porte-parole de la Maison Blanche a de son côté assuré que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent".
Réduire le déficit commercial des Etats-Unis
Il s'agissait d'une des promesses de campagne du président américain. Protéger l'industrie locale, et réduire un déficit commercial flirtant avec les 1000 milliards de dollars en 2024. Pour ce faire, ce dernier a imposé une taxe de 10 % sur tous les produits importés sur le territoire américain, annonçant même des surtaxes spécifiques à partir du 9 avril dernier.
Une manière de faire monter la pression sur les partenaires commerciaux, bien qu'il ait finalement décidé de suspendre ces droits pendant 90 jours, excepté pour la Chine. Fixés à 145%, les droits de douane infligés aux Chinois pourraient cependant être revus à la baisse, le dirigeant de 78 ans ayant reconnu il y a quelques jours qu'ils étaient certainement "trop élevés". Au-delà des mesures de réciprocité imposées par les pays visés, l'administration Trump semble avoir reculé face à l'impact potentiel de ces taxes sur les marchés financiers et la pression des investisseurs.
Durcir la politique migratoire
Tout au long de la campagne présidentielle, Donald Trump a clamé son intention d’être très agressif à l'égard de l'immigration illégale. Dès les premiers jours de son mandat, celui-ci a ainsi mobilisé plusieurs centaines de soldats destinés à accélérer le processus d'expulsion de nombreux migrants. Il a également avancé vouloir engager des poursuites contre tous ceux qui feraient obstacle à ces opérations, et faire de la prison militaire de Guantanamo, habituellement réservée aux détenus accusés de terrorisme, un lieu de détention pour les sans-papiers.
Donald Trump s'est aussi attaqué au droit du sol, en refusant d'octroyer nécessairement la nationalité américaine à des enfants nés aux États-Unis de parents en situation irrégulière. Un décret rapidement contesté par plusieurs États et bloqué par plusieurs tribunaux fédéraux. Jugée "inconstitutionnelle", son application reste pour l'instant suspendue, au moins jusqu'à une éventuelle intervention de la Cour suprême dans la bataille judiciaire engagée par l'administration Trump.
Retrait des accords de Paris
Comme lors de son premier mandat, le 47e président américain s'est retiré de l'accord de Paris sur le climat, qui vise notamment à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Une décision qui ne sera effective qu'à partir de 2026, mais qui occasionne déjà de fortes craintes.
A travers sa célèbre formulation "Drill, baby, drill!" ("Fore, chéri, fore !" en français), confirmant son intention de forer un maximum de pétrole, Donald Trump a juré que les Etats-Unis n'engageraient plus de moyens colossaux dans la lutte contre le réchauffement climatique, pendant que la Chine, son principal adversaire, pollue "en toute impunité".
Preuve supplémentaire de ses intentions dans ce domaine, sa décision de nommer le climatosceptique Chris Wright au poste de secrétaire à l'Énergie, qui déclarait l'an dernier qu'il "n’y a pas de crise climatique". Priorité semble donc donnée à l'indépendance énergétique du pays, et ce quelqu'en soit le coût pour la planète à long terme.
Autant de volontés qui ne récoltent pas, dans les sondages, un taux d'approbation des plus élevés. D'après celui publié dimanche par le Washington Post et ABC News, mené en avril auprès de 2.464 personnes, seuls 39% des sondés ont déclaré approuver la manière dont Donald Trump mène sa présidence, contre 45% en février. "Ils sont malades, n'écrivent presque que des articles négatifs à mon sujet, peu importe à quel point je me débrouille bien (...) et sont vraiment les ennemis du peuple", a, en conséquence, répondu le principal intéressé lundi, sur son réseau Truth Social.