Les Français travaillent-ils moins que leurs voisins européens ?
Le gouvernement souhaite supprimer deux jours fériés pour redresser les finances publiques. C'est l'une des annonces faites par François Bayrou, ce mardi 15 juillet, et elle n'est pas suffisante selon les économistes : la France reste en retard sur le temps de travail en Europe, et les enjeux sont bien plus larges que deux jours par an.
Travailler plus pour relancer l’économie française : c’est le pari risqué du gouvernement. En proposant de supprimer deux jours fériés, l’exécutif espère améliorer la productivité et renflouer les caisses. Une stratégie qui divise, et dont l’efficacité interroge les économistes.
En effet, cela ne devrait pas suffire, les salariés français à plein temps comptent parmi ceux qui travaillent le moins en Europe. En moyenne, ils cumulent 1.673 heures de travail par an, contre 1.790 heures au sein de l’Union européenne. Ce retard ne peut être comblé par la simple suppression de deux jours fériés, comme l’explique Franck Morel, expert associé à l’Institut Montaigne. "Je crains que ça ne soit pas suffisant face à l’ampleur du phénomène. Pour alimenter la croissance, la solution, c’est de travailler plus et de produire plus", a-t-il déclaré.
"Pour que ça marche il faut qu’il y ait des contraintes d’offres"
Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, la proposition du Premier ministre risque aussi de se heurter à la conjoncture économique dégradée et aux incertitudes qui pèsent sur les entreprises. "Pour que ça marche il faut qu’il y ait des contraintes d’offres. Il ne suffit pas de dire que l’on va augmenter le temps de travail. Il faut des débouchés et de l’investissement. On est dans un investissement qui est trop comptable", a rapporté Mathieu Plane.
Autre écueil pointé par les économistes : la situation des comptes publics ne justifie pas, à elle seule, une telle mesure. Pour être efficace et acceptée, une hausse du temps de travail doit s’accompagner d’une incitation financière. Or, le Premier ministre semble vouloir se limiter à remplacer deux jours fériés, lors desquels les salariés sont payés sans travailler, par deux jours travaillés… pour la même rémunération.