Axelle Lemaire : La fin de la neutralité du net, "une catastrophe pour Internet et les Américains"
Axelle Lemaire, ex-secrétaire d’État chargée du Numérique et de l’Innovation, s'est inquiétée vendredi sur Europe 1 de l'abrogation du principe de neutralité du net outre-Atlantique.
Le principe était d'obliger les fournisseurs d'accès à Internet à traiter les contenus de manière égalitaire. La Commission fédérale des communications (FCC), régulateur américain du secteur, a abrogé la "neutralité du net" jeudi . "C'est une catastrophe pour Internet et les Américains, mais au moins, cela permet une prise de conscience des enjeux et de se préparer à l'avenir", a estimé vendredi sur Europe 1 Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d'État chargée du Numérique et de l'Innovation.
"Le décès de la philosophie qui a présidé à la création d'Internet". Si la presse américaine n'hésite pas à évoquer "la mort d'Internet", Axelle Lemaire se veut néanmoins plus mesurée. Cette décision acte toutefois "le décès de la philosophie qui a présidé à la création d'Internet. C'était pensé comme une architecture technique, mais très ouverte, très décentralisée, avec l'idée que tout le monde pouvait contribuer à créer du contenu sur Internet, à diffuser cette information, et à la recevoir selon des conditions totalement égales", rappelle celle qui a porté ce combat sous le quinquennat de François Hollande.
"Un impact sur la diversité culturelle". "Or là, on voit bien qu'il y aura des conditions de portefeuille, et que ça a un impact sur la diversité culturelle, sur le contenu lui-même, parce que ça veut dire que ce seront les plus gros producteurs cinématographiques, par exemple, qui seront le plus en capacité de négocier avec les opérateurs . Cela risque de devenir beaucoup plus difficile pour les plus petits, les start-ups, les entreprises innovantes qui veulent accéder au réseau ou vendre des services, et pour les producteurs de contenu", regrette-t-elle.
"Une décision très politique". "C'est une décision très politique", accuse encore Axelle Lemaire, alors que la mesure voulue par Donald Trump revient sur une réglementation passée en 2015 à l'instigation de l'administration Obama. Malgré tout, une telle situation lui semble pour l'heure impossible en France , malgré le poids des lobbys télécoms. Et l'ancienne secrétaire d'État d'avertir : "à chaque fois qu'émergent des nouvelles technologies se crée une tension avec la volonté ou pas de réguler. Ce sera le cas avec l'arrivée de la 5G" à l'horizon 2020.