Tour de France : cinq choses à retenir de la 16ème étape entre Carcassonne et Bagnères-de-Luchon

Julian Alaphilippe vainqueur de la 16ème étape (1280x640) Philippe LOPEZ / AFP
Julian Alaphilippe commence à bien connaître les podiums du Tour de France… © Philippe LOPEZ / AFP
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Le coureur français, Maillot à pois sur le dos, a remporté vendredi sa deuxième étape sur le Tour, avec la manière, à Bagnères-de-Luchon.

C'est peu dire que la première étape pyrénéenne a tenu ses promesses. Alors, si vous espériez des chamboulements au classement général, c'est sûr que vous avez de quoi être déçu. Les Sky ont tranquillement géré les choses à l'arrière, et Geraint Thomas a conservé son Maillot jaune sans mener bataille.

Mais la 16ème étape de ce Tour, entre Carcassonne et Bagnères-de-Luchon, a livré son lot d'émotions, de sueurs froides, de coups tactiques et de coups gagnants, avec, en point d'orgue, la victoire d'un attaquant, Julian Alaphilippe, vainqueur de sa deuxième étape sur le Tour, une semaine après la première…

Alaphilippe, deuxième ! Samedi, sur la route de Mende, il avait pris la deuxième place, à six secondes seulement de l'Espagnol Omar Fraile (Astana). Son démarrage dans la côte de la Croix Neuve s'était fait un peu tardivement. On a longtemps cru que celle réalisée dans la dernière difficulté du jour, le col du Portillon, mercredi, allait l'être aussi, alors que le Britannique Adam Yates (Mitchelton-Scott), lui aussi membre de l'échappée fleuve du jour (47 membres !), avait attaqué à mi-pente pour prendre une vingtaine de secondes d'avance. Mais ce retard a pu être comblé dans la descente, du fait du talent de descendeur d'Alaphilippe et d'un coup du sort aussi, la chute d'Adam Yates, mis sous pression…

"C'est une immense joie, je n'ai pas de mots, ce n'est que du bonheur", a confié Alaphilippe, ravi, sur France 2. "Ça été une journée de souffrance, l'échappée a mis du temps à partir (100 km, ndlr), tout le monde était à bloc… Je savais qu'il fallait que je m'accroche. Malheureusement, Yates est tombé, je suis triste pour lui, mais j'ai pris des risques aussi et cela aurait bien pu m'arriver. Mais je suis quand même content de gagner. Je suis vraiment exténué…" Exténué, on le comprend, après ces journées d'efforts répétés, qui lui ont permis, aussi, de prendre des points dans la course au Maillot à pois, classement qu'il domine devant Warren Barguil, qui est lui aussi allé à la faute dans la descente du Portet-d'Aspet…

Philippe Gilbert abandonne. Cela restera sans aucun doute l'une des images de ce Tour 2018. Alors qu'il était seul en tête de la première grande difficulté de la journée, le col de Portet-d'Aspet, le Belge Philippe Gilbert est passé par-dessus le parapet. S'en sont suivies plusieurs secondes d'inquiétude absolue, tout le monde ignorant ce qui se trouvait derrière. Le coureur de la Quick-Step, aidé par des suiveurs, a rapidement pu remonter sur la route.

"Honnêtement, c'est de ma faute, j'avais mon frein avant qui était un peu trop ouvert", a réagi sur France 2 le vainqueur du Tour des Flandres 2017, qui a remporté fort logiquement le trophée de combatif du jour après avoir passé le col du Portet-d'Aspet en tête. Mais le Belge a été contraint à l'abandon dans la soirée mardi : "Malheureusement de nouveaux examens à l'hôpital de Toulouse ont révélé que Philippe Gilbert souffrait d'une fracture de la rotule gauche, ce qui met fin à ses espoirs de poursuivre le Tour de France", a indiqué Quick-Step.

Adam Yates à terre. C'est l'autre chute du jour. Vainqueur à Saint-Gervais sur le dernier Dauphiné, le mois dernier, le Britannique Adam Yates, qui a perdu toute chance de briller au classement général après ses déconvenues lors de la première semaine, croyait tenir sa revanche. Parti à 3 km du sommet, il a franchi le col du Portillon seul en tête avec 18 secondes d'avance sur Julian Alaphilippe. Ce n'était pas assez pour le mettre à l'abri d'un retour, pas assez non plus pour lui permettre de faire la descente sereinement. Et à sept kilomètres de l'arrivée, sur un virage à gauche, il a chuté lourdement au sol, laissant son poursuivant filer vers la victoire. Selon un message de son équipe posté sur Twitter, le Britannique ne souffre pas de blessure majeure, mais il "a perdu beaucoup de peau" sur le côté gauche de son corps, celui qui a été en contact avec le bitume.

Le peloton dans le gaz et à l'arrêt. On roulait depuis à peine une trentaine de kilomètres quand le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a annoncé qu'un ralentissement attendait les coureurs peu après la côte de Pamiers. Une vingtaine d'exploitants agricoles et sympathisants du collectif "Pour que Vive La Piège" avaient cherché à interdire le passage de la course en déversant notamment une dizaine de grands ballots de paille au milieu de la route. Ils ont été repoussés par les gendarmes présents sur le parcours, et le peloton, groupé à ce moment-là, a alors pu se frayer un chemin. Problème : pour repousser les manifestants, les gendarmes avaient fait usage de gaz lacrymogènes, ce qui a largement incommodé les coureurs.

La course a alors été logiquement neutralisée, un événement assez rare sur le Tour. Après une pause de plus d'un quart d'heure pour soigner les maux et les yeux, le,peloton a pu reprendre la route. Cet événement n'a pas calmé les ardeurs et il a fallu attendre encore 70 kilomètres pour que l'échappée du jour prenne forme… À noter qu'une enquête judiciaire a été ouverte après ces incidents.

Journée sans nuage sans la Sky. On se disait que le peu de jours qui restaient pour titiller les deux leaders de la Sky allaient motiver leurs adversaires lors de cette première étape pyrénéenne. Finalement, non. Aucun grand leader n'est passé à l'attaque sur la route de Bagnères-de-Luchon, et les Sky du duo Thomas-Froome ont pu passer une journée tranquille. Il est désormais évident que ce ne sera pas le cas mercredi, avec la fameuse étape de 65 km entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan et ses trois ascensions resserrées…