Tour de France : Bardet doit-il craindre Uran dans le contre-la-montre ?

Bardet n'a que six secondes d'avance sur Uran.
Bardet n'a que six secondes d'avance sur Uran. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Clément Lesaffre
Pour conserver sa deuxième place sur le podium du Tour, Romain Bardet devra résister à Rigoberto Uran. Une mission compliquée mais pas impossible.

Le podium du Tour de France est-il figé ? Deuxième au classement général à 23 secondes de Froome, Romain Bardet ne semble pas en mesure d'aller chercher le Maillot jaune lors du contre-la-montre de 22,5 kilomètres samedi dans les rues de Marseille. Christopher Froome ne s'inquiète d'ailleurs pas du tout du Français. Contrairement à Rigoberto Uran, troisième à 6 secondes de Bardet, que le Britannique entend "surveiller". "Ce sera mon plus grand adversaire dans le chrono. De tous ceux qui sont derrière moi, il est le plus fort", a déclaré le leader du Tour après l’étape de l’Izoard qui a figé le classement jeudi. Le Colombien est-il réellement plus fort que Romain Bardet en chrono ? Pas sûr.

En 2015, Uran était plus fort. Leur premier contre-la-montre commun sur le Tour de France remonte à 2015, lors de la première étape, un parcours de 14 kilomètres de plat à Utrecht aux Pays-Bas. A l'époque Rigoberto Uran avait claqué un gros chrono en terminant à 40 secondes du vainqueur Rohann Dennis, spécialiste de la discipline. Le Colombien avait devancé de 10 secondes... Chris Froome ! Romain Bardet avait terminé beaucoup plus loin, à 1 minute 34 de Dennis. Mais le Français n'avait pas le statut de favori, il n'était pas même pas leader de son équipe. Depuis Bardet a travaillé le contre-la-montre dans l'optique de remporter un jour un grand Tour.

Bardet s'est amélioré. Cette année, le rapport de force s'est équilibré entre Bardet et Uran. Avant le Tour de France, les deux hommes avaient une seule référence en commun : le contre-la-montre du Tour du Pays-Basque, début avril. Sur un profil comparable au chrono de Marseille (plat avec une bosse), Uran avait pris l'avantage sur Bardet, le Français bouclant les 27 kilomètres en 38 minutes 30, soit 28 secondes de plus que le Colombien. A priori, c'est inquiétant. Sauf que Bardet était encore en rodage. Pour être en forme au moment du Tour, il n'a pas beaucoup couru pendant les premiers mois de l'année, juste assez pour faire tourner les jambes et atteindre son pic de forme au moment du Tour.

Sur le Tour, avantage Bardet. Une stratégie payante. Non seulement Bardet est deuxième au général, mais en plus, il a réalisé un bon contre-la-montre inaugural à Düsseldorf. Sur un parcours très roulant de 14 kilomètres, il a fini à 51 secondes du vainqueur Geraint Thomas et 39 secondes de Froome (soit plus que l'écart avant l'étape de samedi). Mais le coureur d'AG2R La Mondiale a terminé 12 secondes devant Rigoberto Uran. De quoi rebattre un peu les cartes avant le départ au Vélodrome (les leaders s'élanceront peu avant 17h).

En fin de troisième semaine, c'est aussi la fraîcheur physique qui fera la différence. Le diptyque des Alpes, mercredi et jeudi, a donné de précieux indices sur l'état de forme des uns et des autres. Très fort, Romain Bardet a été le seul en mesure d'attaquer Chris Froome, sans le faire douter pour autant. Rigoberto Uran s'est contenté de suivre le duo. Mais le Colombien n'a jamais semblé en souffrance. Peut-être a-t-il laissé un peu moins de jus que le Français dans les pentes alpestres. Un léger avantage que Bardet pourra peut-être compenser, poussé par le public, attendu nombreux à Marseille. En tout cas, dans les colonnes de L'Équipe, le Français annonce la couleur : "J'aime bien les chronos en fin de Tour de France".