"Laissez-nous nos CTS" : à l'image de Kevin Mayer, Jimmy Vicaut ou Renaud Lavillenie, plusieurs sportifs ont apporté leur soutien ce week-end aux conseillers techniques sportifs, ces cadres d'État dont le gouvernement veut confier la gestion aux fédérations, faisant craindre un affaiblissement des moyens.
Une large mobilisation des sportifs
"Soutien à tous les CTS sans qui le sport français et surtout le handball français n'aurait pas atteint des sommets", a ainsi tweeté samedi Nikola Karabatic, double champion olympique (2008, 2012) et quadruple champion du monde (2009, 2011, 2015, 2017) avec les Bleus.
"Souhaitez-vous vraiment nous voir briller à #Paris2024 ?" a demandé le sprinteur Jimmy Vicaut sur le réseau social. "Laissez-nous les moyens de nous préparer sereinement pour les grandes compétitions", a ajouté le détenteur du record du monde de saut à la perche Renaud Lavillenie. Le décathlonien Kevin Mayer, lui aussi recordman du monde, a choisi l'ironie, en imaginant une "discussion au gouvernement : 'Comment être le pays hôte aux JO @Paris2024 à ramener moins de médailles que d'habitude'?".
Moi Gwladys Epangue, co-presidente de la CAHN, médaillée Olympique, double championne du monde et triple championne d’ soutiens les CTS. Sans eux, je n’aurais pas eu les mêmes opportunités, sans eux je n’aurais pas eu le même parcours...#touchepasamonCTS#SoutienauxCTSpic.twitter.com/cSDvjtaXdj
— Gwladys Epangue (@GwladysEpangue) 4 mai 2019
Ce matin les équipes d’encadrements des collectifs U19 et Femme @FFAviron font une opération portes closes sur le site olympique de Vaires-sur-Marne ! #touchepasàmonCTSpic.twitter.com/UUJHScNz2n
— Julien Valla (@Julienvalla) 3 mai 2019
Pas de grand changement pour la ministre des Sports
La ministre des Sports Roxana Maracineanu leur a répondu, toujours sur Twitter, affirmant que "pour réussir", les fédérations "doivent gérer pleinement leurs cadres. Les CTS garderont tout : statut de fonctionnaire, salaire, avancement, retraite. Seul changement : le lien hiérarchique avec la Fédé".
Les athlètes pourront bien évidemment continuer à s’entraîner avec leurs entraineurs. L’Etat garantit leur rémunération pour une préparation sereine des grandes échéances qui nous attendent. Je prendrai le temps qu’il faudra pour expliquer cette évolution qui profitera à tous.
— Roxana Maracineanu (@RoxaMaracineanu) 4 mai 2019
1.600 fonctionnaires essentiels pour le sport de haut niveau
Les conseillers techniques sportifs, au nombre d'environ 1.600, sont des fonctionnaires payés par l'État (120 millions d'euros en 2016) et placés auprès des fédérations, où ils exercent un rôle essentiel pour le haut niveau et le développement des pratiques sportives. Il s'agit des directeurs techniques nationaux (DTN), des entraîneurs nationaux et des conseillers techniques nationaux et régionaux.
Les fédérations craignent une baisse de leurs moyens
Le projet du gouvernement de confier leur gestion aux fédérations, via des contrats de détachement, a provoqué une levée de bouclier des syndicats et les présidents de fédérations ont demandé un moratoire jusqu'aux Jeux olympiques de Paris-2024. Le projet prévoit des compensations en subventions pour les fédérations, mais beaucoup craignent qu'elles ne soient pas garanties dans le temps. Plus de 1.000 CTS ont rejoint un collectif opposé à la réforme.
En parallèle, le gouvernement a décidé de fermer le concours de recrutement, ce qui devrait provoquer une diminution de 25% des CTS d'ici 5 ans avec les départs en retraite, et environ 50% en dix ans.