Football Leaks : "Un accord tacite avec l'UEFA ? Non, ce sont leurs décisions", rétorque le PSG

Jean-Claude Blanc, FRANCK FIFE / AFP 1280
Jean-Claude Blanc affirme qu'il n'y a pas eu d'accord entre l'UEFA et le PSG concernant les sanctions qui ont été infligées au club de la capitale dans le cadre du fair-play financier. © FRANCK FIFE / AFP
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Julien Froment, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Suite aux dernières révélations des "Football Leaks", le directeur général délégué du PSG affirme que le club de la capitale se plie aux règles du fair-play financier et n'exclut pas un recours devant l'Autorité de la concurrence, si de nouvelles sanctions devaient intervenir.

"Nous sommes très sereins." Voilà la première réponse de Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du Paris Saint-Germain, suite aux dernières révélations des "Football Leaks" dévoilées vendredi par Mediapart. Selon ces révélations, le PSG aurait injecté 1,8 milliard d'euros à son budget "de façon largement frauduleuse", avec la bienveillance de l'UEFA, dont les règles du fair-play financier interdisent aux clubs engagés en compétitions européennes (Ligue des champions, Ligue Europa) de dépenser plus d'argent qu'ils n'en génèrent.

Il est notamment question du contrat passé entre le club de la capitale et l'office du tourisme du Qatar (QTA), qui se chiffre à 1,075 milliard d'euros sur cinq ans. Un accord que l'UEFA estime aujourd'hui largement surévalué au regard de la prestation fournie par le Paris Saint-Germain. "Ce contrat est un contrat commercial entre deux entités indépendantes, qui en ont fixé le montant. (...) C'est la valeur réelle du contrat pour la prestation que nous délivrons", assure Jean-Claude Blanc, au micro d'Europe 1, samedi.

Un contrat pour lequel "il y a assez peu d'équivalents dans le monde du football"

"Nous avons expliqué, argumenté, pas seulement nous-même mais aussi une agence, Nielsen, qui fait partie des experts de l'UEFA, que les retombées qu'obtient le Qatar de son association avec le Paris Saint-Germain sont au minimum à la valeur de ce contrat, soit plus de 200 millions d'euros par an", appuie le dirigeant parisien, pour qui le PSG se plie donc aux règles du fair-play financier.

De son côté, "l'UEFA a fait d'autres évaluations en utilisant des comparatifs sur des contrats de sponsoring". Jean-Claude Blanc se défend en expliquant qu'il ne s'agit pas d'un contrat de sponsoring classique, mais "de promotion internationale d'un pays à travers un club de football". Un type de contrat pour lequel "il y a assez peu", voire pas du tout "d'équivalents dans le monde du football". "Nous sommes les premiers et je pense que nous ne serons pas les derniers, donc on se doit d'être assez pédagogique sur ce contrat."

 

Par ailleurs, Jean-Claude Blanc balaie d'un revers de main l'idée selon laquelle le PSG aurait passé un accord avec l'UEFA afin de bénéficier de sanctions plus clémentes que celles prévues dans pareil cas : "Accord tacite qui vous amène à payer une amende de 20 millions d'euros, non. Accord tacite qui vous amène à jouer en Ligue des champions avec moins de joueurs que d'autres clubs pendant trois ans, non. Accord tacite qui limite votre masse salariale, non plus. Ce sont des décisions de l'UEFA."

Dans un "souci de transparence", le PSG "a toujours gardé un dialogue ouvert" avec l'UEFA

Il reconnaît qu'il y a eu des rendez-vous entre le club francilien et l'instance du football européen, mais "ils ne sont absolument pas secrets" : "Tous les clubs concernés par le fair-play financier sont amenés à discuter de façon permanente avec l'administration de l'UEFA." Jean-Claude Blanc explique que, dans un "souci de transparence", le PSG "a toujours gardé un dialogue ouvert", ce qui a "permis" à l'UEFA "d'arriver à des décisions difficiles contre le club". Il rappelle qu'en plus de ces sanctions, le Paris Saint-Germain a dépensé "plus d'un milliard d'euros d'impôts depuis six ans", faisant de lui "le club le plus taxé, sans doute, dans le monde".

"Manifestement, le souhait de vouloir grandir très vite, de vouloir rejoindre un club fermé de quelques grands clubs, c'est difficile voire impossible. On ne vous autorise pas à investir pour essayer de rattraper ceux qui font la course devant depuis pas mal d'années", déplore Jean-Claude Blanc. "Le cartel de quelques uns mérite d'être aujourd'hui ouvert (...), sinon il faut dire très clairement dès le début que c'est un club fermé dans lequel personne d'autre, et notamment un club français, n'a le droit de rentrer."

"Au lieu de s'occuper du sport, nous pourrions être amenés à nous occuper un peu plus de droit"

Dans le cas où le fair-play financier décidait de prononcer de nouvelles sanctions contre le PSG, le club n'exclut pas d'avoir recours à l'Autorité européenne de la concurrence pour attaquer le fair-play financier, comme il y avait songé dès février 2013 avant de renoncer à déposer sa plainte : "Nous avons toujours été respectueux, nous avons toujours suivi les décisions très dures contre le club. Peut-être qu'un jour, certaines de ces décisions devront être challengées. (...) A force d'être légitimistes et d'accepter des décisions dures, je ne voudrais pas que l'UEFA nous amène, à un moment, à un point où nous n'aurions pas d'autre choix que d'aller challenger un système que beaucoup d'autres clubs ont aussi réfléchi à aller challenger devant les institutions européennes. (...) Au lieu de s'occuper du sport, nous pourrions être amenés à nous occuper un peu plus de droit."

"Nous voulons investir, nous ne pouvons pas être le seul secteur dans l'industrie européenne où on n'a pas le droit d'investir", s'exclame Jean-Claude Blanc. Il ajoute que "le travail qui est fait à Paris" bénéficie à "l'ensemble du football français" : "Notre ambition c'est que, non seulement Paris mais aussi d'autres clubs français, soient en capacité, dans un proche avenir, d'aller challenger ces grands clubs européens."