Euro de volley en France : "C’est dingue d’avoir une capacité aussi limitée à faire mousser un événement"

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Virginie Phulpin, édité par T.F
Le championnat d'Europe masculin de volley, organisé par la France, débute mercredi. Les Bleus ont beau constituer l'une des meilleures équipe du monde, cette compétition passe inaperçue, au grand désespoir de Virginie Phulpin. 

L’Euro de volley commence mercredi en France, et ça vous a peut-être échappé. Virginie Phulpin, l’éditorialiste sport d'Europe 1,  ne comprend pas la discrétion des organisateurs.

"Franchement, vous saviez que la France organisait l’Euro de volley ? Si on a envie d’accueillir une compétition internationale, on y va à fond, on communique, on essaie d’en faire une fête populaire. Sinon, je ne vois pas trop à quoi ça sert de se porter candidat. Ça fait 33 ans que la France n’a pas organisé de tournoi international de volley masculin. Ça laisse le temps de se préparer, non ? C’est quand même dingue d’avoir une capacité aussi limitée à faire mousser les événements. Bien sûr que la Fédération manque d’argent. Mais du coup, l’équipe de France commence sa campagne européenne ce soir à Montpellier, dans un anonymat quasi complet. On dirait qu’on veut leur mettre la tête sous l’eau : 'regardez, notre sport n’intéresse personne'. 

D’ailleurs, les joueurs sont très agacés.

On peut les comprendre. Eux, ils n’ont qu’une envie, c’est de voir le public derrière eux, pour enflammer cet Euro, pour leur donner des ailes, et pourquoi pas, les aider à gagner la compétition. S’ils jouent dans des salles à moitié vides, ça va être compliqué. Là, 26.000 billets ont été vendus pour l’instant. En gros, un cinquième des places disponibles. Forcément, si vous n’êtes même pas au courant qu’il y a un Euro de volley, vous ne risquez pas d’acheter un billet.

Et pourtant, il y a de quoi faire. Le volley, c’est un sport très spectaculaire, l’Euro va être retransmis à la télé, et cette équipe de France fait partie des meilleures du monde. Elle a gagné l’Euro en 2015, et la Ligue mondiale en 2015 et 2017. Donc la réflexion des joueurs, c’est de dire qu’eux, ils font leur boulot. Tous les ans, les meilleurs viennent jouer en équipe de France, ils rognent sur leurs vacances, ils gagnent, mais derrière, il ne se passe rien. Il y a de quoi se décourager.

Ce manque de reconnaissance va-t-il au contraire motiver encore plus les joueurs ?

Ils n’ont pas vraiment le choix. On sent bien qu’ils ont envie de parler, les joueurs. Ils disent déjà qu’ils ne comprennent pas comment l’équipe de France arrive à l’Euro sans sponsor principal sur son maillot par exemple. Ils expliquent aussi qu’ils ne jouent pas pour l’argent, qu’ils comprennent que la Fédération n’a pas les moyens de leur proposer plus de 80 euros par jour d’indemnités pour cet Euro, alors que c’est beaucoup plus pour les autres grandes nations du volley. Mais ils ont besoin d’être suivis et soutenus. Alors s’ils veulent que leurs paroles aient un poids, seuls les résultats les aideront. La finale de cet Euro aura lieu à Bercy. Et s’ils arrivaient jusque-là, peut-être que le volley français avancerait un peu."