Euro : avec l'élimination de la France, une situation financière délicate pour la FFF

equipe de France euro
Les Bleus se sont inclinés aux tirs au but contre la Suisse en huitième de finale de l'Euro 2020. © FRANCK FIFE / POOL / AFP
  • Copié
Gauthier Delomez avec AFP
La Fédération française de football ne mettra pas la main sur la somme d'argent espérée avant l'Euro 2020. L'élimination de l'équipe de France en huitième de finale va rapporter 12,75 millions d'euros à la FFF, contre près de 30 millions promis au vainqueur. Un parcours décevant qui accentue les incertitudes financières de la fédération.

La mauvaise nouvelle est autant sur la pelouse que dans les comptes de la Fédération française de football (FFF). L'élimination de l'équipe de France en huitième de finale de l'Euro 2020 face à la Suisse (3-3, 4-5 aux t.a.b.) est une désillusion pour tous les supporters des Bleus, et doublement pour le président de la FFF Noël Le Graët. Ce parcours décevant va rapporter 12,75 millions d'euros dans les caisses de la Fédération, loin des quelque 28,5 millions potentiels promis au futur vainqueur. C'est environ trois fois moins qu'en 2018, où la Fédération avait touché 32,5 millions d'euros après le triomphe de la sélection de Didier Deschamps à la Coupe du monde en Russie.

Difficultés financières après deux saisons de crise sanitaire

Une mauvaise nouvelle sportive et financière donc, après deux saisons marquées par le Covid-19 et les pertes en billetterie (30,4 millions d'euros en moins entre 2018 et 2020). Dans le détail, la FFF va recevoir 9,25 millions d'euros pour la participation de l'équipe de France à l'Euro, deux fois 500.000 euros pour les deux matches nuls en poule, un million pour la victoire contre l'Allemagne (1-0) et 1,5 million pour la qualification en huitième de finale. Mais cette enveloppe globale peut encore diminuer : elle sera amputée de 30% réservés aux primes à répartir entre les 26 joueurs et le staff, négociées en amont par la Fédération. A moins que l'équipe de France ne décide d'y renoncer.

Au micro d'Europe 1, le président Noël Le Graët concède que cette élimination est une déception : "Cela ne nous arrange pas. On avait prévu un quart de finale, et si possible le dernier carré qui nous aurait bien arrangé. On va faire les comptes, mais ce n'est pas l'essentiel. On est aussi dans une période difficile par rapport au personnel, tout le monde avait besoin d'être rassuré. Il n'y a pas que l'argent qui compte aujourd'hui, je crois qu'on a apporté beaucoup de bonheur aux gens."

Le président ne compte pas non plus sur le refus des joueurs français d'empocher leurs primes : "Les Bleus jouent à l'œil (gratuitement, NDLR) depuis deux ans. C'est grâce à eux qu'on a aussi 100 millions d'euros de recettes publicitaires. On ne peut pas demander aux Bleus ce qu'ils ne peuvent pas", martelait-il à l'AFP durant le premier tour de l'Euro.

Un premier budget déficitaire

Les services financiers du siège de la Fédération devront donc revoir le budget 2021-2022 à la baisse dans une période économique encore fragile. Et cela n'était pas prévu. La FFF présente son premier budget prévisionnel déficitaire depuis plus de vingt ans, à 5,7 millions d'euros. "Imaginez que l'équipe de France, ça ne colle pas trop. Ça fera quand même 18 mois sans recettes", s'inquiétait Le Graët le 20 juin.

"On n'a personne au stade. On a des sponsors compréhensifs, certes, mais des recettes complètement décalées par rapport à d'habitude. On a besoin de retrouver le rythme normal du Championnat", soulignait-il, rappelant que la défaillance du diffuseur Mediapro auprès de la Ligue de football professionnel (LFP) avait causé pour l'instance fédérale "15 ou 16 millions de moins que prévu" en vertu d'un accord de redistribution du foot pro au foot amateur.

Un plan de départ de 25 personnes acté

L'imbroglio juridique planant sur le contrat de la LFP avec Canal+, qui ne veut plus de la Ligue 1 depuis l'irruption d'Amazon, ajoute lui aussi son lot d'incertitudes sur le montant de la redevance de la prochaine saison. Le dirigeant breton tiendra-t-il sa promesse de maintenir les aides aux petits clubs, avancée durant la campagne précédant sa réélection en mars ? L'ancien maire de Guingamp, 79 ans, devra aussi limiter la grogne grandissante en interne, celle de certains salariés face à un plan social lancé juste avant l'Euro, avec 25 suppressions de postes désormais actées.

Il peut néanmoins compter sur la solidité du juteux contrat d'équipementier signé avec Nike : celui-ci court jusqu'en 2026 et assure 50 millions d'euros annuels à la maison du football français. Quant au contrat de son sélectionneur Didier Deschamps, il court jusqu'à fin 2022 et l'hypothèse d'un divorce, forcément coûteux, serait une immense surprise. A défaut de savoir ce qu'elle va gagner, la FFF sait ce qu'elle doit débourser.