Et si la fin des prêts permettait de réguler le football ?

Monaco est le club qui prête le plus en Ligue 1, avec 11 joueurs loin du Rocher.
Monaco est le club qui prête le plus en Ligue 1, avec 11 joueurs loin du Rocher. © FRANCK FIFE / AFP
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Julien Froment, avec Thibaud Le Meneec , modifié à
La Fifa réfléchit à réguler voire interdire les prêts de joueurs entre clubs afin de limiter l'inflation dans le football. Mais cela n'aurait pas que des avantages...

La mesure pourrait à elle seule bouleverser l'économie du football. Selon France Football, la Fifa et d'autres instances réfléchissent à réguler voire interdire les prêts de joueurs entre clubs, pour limiter la spéculation autour des jeunes, objets de toutes les attentions.

Éviter le "sur-stockage" de jeunes joueurs. "Aujourd’hui, les grands clubs ont tendance à acheter de très jeunes joueurs et augmenter le nombre de contrats, quitte à les prêter pour leur donner du temps de jeu et leur permettre de continuer à progresser", décrypte Vincent Chauvel, économiste du sport au cabinet Wavestone. "La Fifa s’attaque à ça pour éviter un 'sur-stockage' de jeunes joueurs de talents dans certains clubs qui, à l’inverse, ne pourraient pas permettre à d’autres clubs d’avoir des joueurs pour être compétitifs."

Ce chamboulement pourrait avoir plusieurs conséquences pour les clubs, à commencer par la recrudescence de clauses de rachat incluses dans les transferts. Objectif : s'assurer de récupérer un très bon joueur vendu trop tôt à défaut d'avoir pu être prêté. Autre piste d'une large réforme qui comporte 11 points : les effectifs de clubs professionnels pourraient aussi être limités à 35 joueurs maximum.

" Quand on prête un joueur, c’est pour qu’il revienne plus fort, sinon qu’il soit détecté par un autre club "

"Ridicule". Si Vincent Chauvel refuse de parler pour l'instant d'un "séisme" pour les équipes, la mesure pourrait déséquilibrer leur fonctionnement : "L’économie des transferts et des prêts est un pilier important dans l'organisation de beaucoup de clubs."

En Ligue 1 et en Ligue 2, 147 prêts ont eu lieu l'an passé. Rien d'étonnant à ce que les présidents français soient plutôt sceptiques : "Réformer, oui, interdire les prêts, c’est ridicule, on limite les chances d’accéder à un club pour les joueurs", explique l'un d'entre à Europe 1. "On ne leur donne pas la chance de s’exprimer. Quand on prête un joueur, c’est pour qu’il revienne plus fort, sinon qu’il soit détecté par un autre club." La Fifa entendra-t-elle cet argument ? Réponse en octobre, lorsque cette épineuse question sera tranchée. 

Les agents de joueurs, grands perdants

A qui profiterait cette mesure ? "Les clubs formateurs seront gagnants et perdants", répond Vincent Chauvel. "Perdants, car ils vendront moins de joueur qu’ils avaient tendance à vendre à des grands clubs. Mais ils vont pouvoir utiliser ces joueurs formés plus longtemps et donc en tirer profit et sportivement, et économiquement. Les grands clubs auront moins de joueurs à gérer, moins de 'trading', mais ils devront payer le talent un peu plus cher qu’aujourd’hui au moment de l’acquisition." Les perdants seraient les agents, qui auraient "moins de mouvements à faire, à l’achat, comme au prêt", avec donc moins de commissions.