Après leur déroute face au Barça, les joueurs parisiens peuvent-ils s'en remettre psychologiquement ?

Au coup de sifflet final, plusieurs joueurs du Paris Saint-Germain, comme ici Marco Verratti, sont restés prostrés de longues minutes sur la pelouse du Camp Nou.
Au coup de sifflet final, plusieurs joueurs du Paris Saint-Germain, comme ici Marco Verratti, sont restés prostrés de longues minutes sur la pelouse du Camp Nou. © LLUIS GENE / AFP
  • Copié
avec Julien Froment , modifié à
Après leur naufrage historique face au Barça, mercredi soir en Ligue des champions, les Parisiens doivent "regarder leurs erreurs en face", selon Mélanie Maillard, psychologue du sport.
INTERVIEW

En quelques minutes, le ciel leur est tombé sur la tête. Humiliés, piétinés, naufragés, les joueurs du Paris Saint-Germain ont vécu un enfer face au FC Barcelone (6-1), mercredi soir en huitième de finale retour de la Ligue des champions. Un traumatisme pour les joueurs parisiens, qui doit maintenant se relever en vue de la fin de saison, et se remettre en question, selon la psychologue du sport Mélanie Maillard.

Les joueurs ont-ils été victimes de la peur ?

J'aurais aimé être dans le vestiaire juste avant qu'ils rentrent. Je me demande comment ils se sont préparés et comment ils ont anticipé ce qui allait arriver, que Barcelone mette une pression folle. Au début, ils ont quand même eu plus peur de perdre, alors que la toute fin du match évoque une peur de gagner. Quand ils sont menés 3-1 à la 88ème minute, tout le monde dirait qu'il suffirait de fermer le jeu, mais les joueurs ont inscrit en eux, étape après étape, une sorte de panique. Là, il y a eu un twist, quelque chose s'est passé dans leur tête pour qu'ils finissent par perdre. Ce qui est sûr, c'est que la peur était sur-présente, car sur le terrain, il ne s'est passé que des choses irrationnelles, des choses inexplicables.

Comment peuvent-ils se relever d'un tel échec ?

Il ne faut surtout pas être dans le déni. Il faut regarder ses erreurs en face et les nommer. Le risque, c'est de ne pas accepter la défaite, de vouloir se chercher des excuses. Critiquer l'arbitrage par exemple, ça vous enlève tout pouvoir. Car si à la peur, on rajoute la malchance ou l'injustice, on prend juste une position de victime, là où il faut au contraire se responsabiliser.

" C'est maintenant qu'ils ont l'occasion de grandir, même si ça va prendre du temps. "

Mais attention, il faut se remettre en question, mais pas se remettre en cause. Il y a eu beaucoup de changements au PSG, et si on commence à tout remettre en cause à la première difficulté, on loupe la leçon. Quand Unai Emery dit que Paris a perdu l'occasion de grandir, je pense que non, justement, c'est maintenant qu'ils ont l'occasion de grandir, même si ça va prendre du temps. Le coach a un travail à faire avant d'aller face à ses joueurs. Le mieux, ensuite, c'est de discuter avec eux individuellement. Par expérience, certains joueurs ne s'en sont jamais remis. Cela va dépendre de la capacité de chacun à se remettre en question. Thiago Silva, qui faisait partie de la débâcle du Brésil face à l'Allemagne (7-1) lors de la Coupe du monde 2014 (même s'il était suspendu, ndlr) aura peut-être un vécu différent, par exemple.

Cette défaite peut-elle créer un traumatisme à long terme dans l'esprit des supporters parisiens ?

Évidemment, à l'image de France-Allemagne 1982, qui a traumatisé toute une génération. Mais pour les supporters, c'est différent des sportifs : eux sont animés par la colère, la frustration. Certains pleuraient, même. Qu'ils pleurent ce qu'ils ont à pleurer. Comme disait Sénèque, 'la vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre comment danser sous la pluie'".