Voeckler: "Pas de recette miracle"

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Propos recueillis par François TESSON , modifié à
On peut afficher un excellent bilan de huit victoires à mi-saison et garder les pieds sur terres. C'est le cas de Thomas Voeckler. Surprenant 10e du Dauphiné, le leader de l'équipe Europcar préfère rester mesuré dans ses ambitions pour les Championnats de France et le Tour de France. L'Alsacien est même persuadé qu'il va perdre son maillot bleu-blanc-rouge dimanche à Boulogne-sur-Mer.

On peut afficher un excellent bilan de huit victoires à mi-saison et garder les pieds sur terres. C'est le cas de Thomas Voeckler. Surprenant 10e du Dauphiné, le leader de l'équipe Europcar préfère rester mesuré dans ses ambitions pour les Championnats de France et le Tour de France. L'Alsacien est même persuadé qu'il va perdre son maillot bleu-blanc-rouge dimanche à Boulogne-sur-Mer. Thomas, vous restez sur un excellent Dauphiné (10e place au général). Cela doit vous donner confiance pour les échéances à venir que sont les Championnats de France et le Tour de France... Confiance, c'est un grand mot. C'est toujours bien d'avoir des bons indicateurs sur son état de forme. Mais je n'aurais pas été très inquiet si je n'avais pas été au mieux. En plus, je sais que la forme de certains peut aller crescendo comme la mienne peut aller decrescendo. D'une manière générale, vous réalisez certainement le meilleur début de saison de votre carrière... C'est vrai que je n'avais jamais eu l'occasion de faire une place dans les dix premiers d'une course Pro Tour d'une semaine depuis ma 10e place au Tour de Pologne. Ça remonte déjà à 2007 je crois. C'est le bon point. Et puis sur l'ensemble de la saison, je suis très content. Contrairement à l'année dernière, je n'ai pas dû attendre les Championnats de France pour connaître la réussite. Là, c'est venu beaucoup plus tôt. Est-ce que cela peut avoir un rapport avec le fait que c'était le début de l'aventure Europcar ? Peut-être, mais ce serait de manière inconsciente... En tout cas, je n'ai pas plus travaillé parce que le sponsor avait changé ou parce que l'équipe a failli disparaître. Peut-être ai-je été plus serein... Mais quand ça s'enchaîne bien, on se prend moins la tête, et ça marche mieux. D'autant qu'on est plusieurs dans l'équipe à avoir de bons résultats. C'est bon pour le moral. Vous en êtes à huit victoires cette année, c'est trois de moins que Philippe Gilbert et une de moins qu'Alberto Contador. Vu comme ça, c'est énorme ? Oui, après je n'ai pas l'Amstel, la Flèche et Liège dans l'escarcelle (rires)... Je ne suis pas mécontent de mon bilan, bien sûr, mais je ne m'enflamme pas. Les chiffres sont là, d'accord. Mais c'est difficile de comparer les victoires, surtout avec ces coureurs-là. Ce n'est pas le même calibre. Vous semblez meilleur chaque année, il doit y avoir un secret. On entend souvent dire: "Voeckler, dès qu'il est devant, il gagne"... On a vu au Dauphiné que ce n'était pas vrai (rires). Je me suis retrouvé devant plusieurs fois, sans victoire à l'arrivée. Sinon, j'ai quand même pris de l'expérience, c'est ma onzième année. Il y a aussi un peu plus de sérénité. Comme ça marche bien, je peux courir sans pression, et il n'y a pas de raison que ça change. Après, je n'ai pas de recette miracle. Je sais en revanche que l'année dernière j'avais zéro victoire au matin des Championnats de France. Et je gagne les France, puis une étape au Tour, et le Grand Prix de Québec, une course Pro Tour, et c'est devenu ma meilleure saison. Je sais que ce qui est pris est pris, mais que tout peut changer d'un moment à l'autre, dans les deux sens. Il ne faut ni s'emballer, ni perdre espoir. "L'idéal serait que le maillot reste dans l'équipe" La neuvième, c'est pour les Championnats de France ? Non, franchement, je ne me vois pas champion de France cette année. Justement parce que je l'ai été l'année dernière, et que très peu de coureurs réussissent à faire le doublé (le dernier à l'avoir fait est Jacky Durand en 1993-94, ndlr). Je sais que c'est déjà très difficile d'en gagner deux, alors deux de suite... Evidemment, je vais faire la course à 100%, mais ce ne sera pas une désillusion si je ne suis pas champion de France. Je sais qu'il y a beaucoup plus de chances que ce soit l'inverse. Pour moi, je vais perdre mon maillot le 26. A vous de faire en sorte qu'il reste dans l'équipe... Ce serait vraiment l'idéal. Mais bon, il y a 150 coureurs au départ, et tout le monde a envie de gagner. Ce n'est pas comme sur un Liège-Bastogne-Liège, où très peu de coureurs se disent qu'ils peuvent gagner. Après il y aura le Tour de France et cette 1ère étape qui arrive au Mont des Alouettes, non loin du siège de l'équipe. On imagine que vous l'avez en tête... Pas plus, pas moins que les autres étapes. Bien sûr, c'est à domicile, donc on a envie de bien faire. Pour une fois dans une 1ère étape, ce ne sera pas une arrivée ordinaire au sprint. Mais franchement je n'y pense pas plus que ça. Je vais prendre les étapes les unes après les autres, et je verrai en fonction de ma condition. Vous ne voulez pas vous fixer d'objectif précis de peur que les jambes que ne répondent pas le jour J et que tout tombe à l'eau ? C'est un peu ça. En 2009, j'ai eu la chance de gagner une étape qui semblait promise aux sprinteurs (à Perpignan, ndlr). Et l'an passé j'en gagne une en haute montagne (à Bagnères-de-Luchon, ndlr), que je ne pensais pas être capable de gagner. C'est ce qui me vaut d'être prudent. Le vélo n'est pas une science exacte. Il faut saisir les bons coups et essayer de s'adapter.