Vettel a-t-il "tué" la F1 ?

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AUTO - Le pilote allemand peut être sacré pour la quatrième fois de rang, dimanche, en Inde.
Vettel en Inde (930x620)

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Cinq victoires d'affilée, neuf en 15 courses, un seul abandon et un quatrième titre de rang qui lui tend les bras, dès dimanche, en Inde, à trois épreuves de la fin : n'en jetez plus, Sebastian Vettel a régné sur la saison 2013 de Formule 1. Il y a les chiffres, bien sûr, mais également la manière. Cousues de fil blanc, certaines courses cette saison ont davantage ressemblé à de mauvaises séries B qu'a des chefs-d’œuvre de suspense. Et voilà comment, à quatre épreuves de la fin, Fernando Alonso (Ferrari), dernier pilote à pouvoir empêcher Vettel d'être sacré champion du monde mathématiquement, se retrouve repoussé à 90 points au classement du championnat du monde...

Sur les traces de Schumacher

Schumacher avec Vettel (930x620)

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Même s'il l'emportait dimanche en Inde, sur le circuit de Buddh - tracé sur lequel est invaincu... Vettel, vainqueur des deux premières éditions, en 2011 et 2012 -, Alonso doit espérer que son rival ne termine pas dans les cinq premiers. Ce qui ne lui est arrivé qu'une seule fois cette saison, quand il a abandonné à Silverstone. Alonso, comme tous les autres, va donc devoir s'avouer à nouveau vaincu face à un Vettel en route vers un quatrième titre mondial de rang, ce qui fera de lui l'égal dans l'histoire de l'Argentin Juan Manuel Fangio (qui en gagnera cinq en tout).

Mais c'est surtout à Michael Schumacher, champion du monde cinq fois de suite entre 2000 et 2004, que Vettel est régulièrement comparé. Il y a la nationalité bien sûr, mais aussi cette même assurance dans la façon d'écraser la concurrence. Y compris son coéquipier. A Sepang, en Malaisie, Vettel avait ainsi délibérément zappé les consignes d'équipe et doublé son coéquipier Mark Webber, avant de se perdre dans des explications nébuleuses après la course. Ce comportement lui avait valu l'inimitié du grand Australien. Et un doigt d'honneur sur la piste.

Webber fait un doigt d'honneur à Vettel :

Alonso et Vettel (930x620)

Pilote assez froid et personnalité relativement effacée, Vettel, "serial winner", ne suscite pas un enthousiasme débordant parmi les suiveurs. Pire, sa domination agace et éloigne les téléspectateurs. Confrontée à des baisses d'audience ces dernières saisons, TF1 a lâché cette année l'un de ses produits sportifs phares, qui tente aujourd'hui de se faire une place sur Canal+. Si les téléspectateurs ont du mal à accrocher, les spectateurs, eux, sont parfois carrément véhéments avec l'Allemand.

Plusieurs fois cette saison, Vettel a ainsi été sifflé sur le podium, notamment à Singapour, le 22 septembre. "Je prends ça comme un compliment", s'est amusé le triple champion du monde. Son tort ? Survoler les courses, être le meilleur tout simplement. "J’ai toujours considéré que Vettel était derrière Alonso mais désormais l’Espagnol est trop concentré sur lui-même, il est instable", a insisté le grand argentier de la F1, Bernie Ecclestone, à l’agence de presse APA, citée par Auto Hebdo. "Vettel est actuellement le meilleur pilote de Formule 1." Et même de tous les temps ? "On ne sait pas combien de titres aurait pu remporter Senna mais Vettel est probablement meilleur que lui." Plus que de la "tuer", Vettel sublimerait donc la F1.

Red Bull, une monoplace mal-aimée

Vettel dans sa Red Bull (930x620)

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Et puis, il y a la Red Bull, la compagne de Vettel, qui suscite presque autant l’admiration que la suspicion chez ses adversaires. "Ils ont trouvé quelque chose de très efficace, qui améliore beaucoup leurs performances depuis Spa", ont ainsi insisté certains responsables de Mercedes, dernière écurie à avoir fait chuter Vettel. En Italie, fief d'une autre écurie rivale, Ferrari, on s'est même interrogé sur la légalité du diffuseur utilisé par la Red Bull.

Chez tous, suiveurs comme acteurs, il y peut-être aussi la frustration de voir une monoplace qui porte le nom d'une boisson énergétique faire la nique aux grands constructeurs qui ont marqué la discipline... "Lorsque l'on gagne avec une équipe traditionnelle, une marque chargée d'émotions et d'histoire, c'est le nec plus ultra", a confié Schumacher, conscient du manque de popularité de celui que l'on surnomme "Baby Schumi". "Et cela aurait certainement changé une ou deux choses dans sa situation. Aurait-il eu les mêmes succès avec Ferrari, c'est une autre histoire." Bref, Vettel, c'est un peu l'histoire du meilleur pilote dans la meilleure voiture. Et qu'en plus, personne n'aime.

Red Bull de Vettel (930x620)

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Reste à savoir maintenant jusqu'à quand va durer cette domination, assurée au fil des ans par le travail de l'ingénieur Adrian Newey, directeur technique de Red Bull. Dès la saison prochaine, avance "Bernie". "Sa domination va se terminer, peut-être dès 2014", insiste-t-il. "Nous aurons alors des voitures entièrement nouvelles, de nouveaux moteurs, de nouvelles règles. Ce sera l'occasion pour Ferrari et Mercedes de se rapprocher de Vettel. L'an prochain, ce ne sera pas forcément le meilleur pilote qui sera champion mais la meilleure voiture qui remportera le titre." Voilà une situation qui ne manquera pas, elle non plus, de faire débat.