Un crève-coeur pour Loeb

  • Copié
Thomas SINIECKI , modifié à
L'invincibilité de Sébastien Loeb sur le bitume, qui tenait depuis Monte-Carlo 2006, a pris fin dimanche au terme du rallye d'Allemagne. Victime d'une crevaison dans la dernière spéciale de la deuxième étape, le septuple champion du monde a laissé la victoire finale à son prometteur coéquipier Sébastien Ogier (vainqueur en 3h32'15"9), nouveau dauphin de Loeb au classement général. Un petit séisme dans le monde du WRC.

L'invincibilité de Sébastien Loeb sur le bitume, qui tenait depuis Monte-Carlo 2006, a pris fin dimanche au terme du rallye d'Allemagne. Victime d'une crevaison dans la dernière spéciale de la deuxième étape, le septuple champion du monde a laissé la victoire finale à son prometteur coéquipier Sébastien Ogier (vainqueur en 3h32'15"9), nouveau dauphin de Loeb au classement général. Un petit séisme dans le monde du WRC. Chaque histoire d'amour est unique, et celle-ci ne s'est pas finie de la meilleure des façons. Sébastien Loeb et le bitume ne resteront pas forcément bons copains, même si une deuxième place au rallye d'Allemagne n'est pas une catastrophe en soi. Mais l'Alsacien a été sacrément chahuté, tout au long du week-end, par un coéquipier aux dents longues. Sébastien Ogier n'en peut plus de sa situation au sein de l'équipe Citroën, et l'a fait savoir vendredi. Devant les caméras de TF1, il lâchait une petite phrase sans équivoque au sujet du septuple champion du monde: "Il va aller pleurer, dire qu'il faut des consignes car il va se faire embêter par son petit équipier." Ogier y a été un peu fort, mais il avait vu juste. Vendredi soir, Olivier Quesnel, le patron de Citroën Racing, avait décidé de figer les positions alors que Loeb ne comptait que... 7"4 d'avance sur son coéquipier. Forcément difficile à avaler, et Ogier n'a pas semblé tenir compte de ces consignes, réduisant de moitié son retard sur la deuxième spéciale de samedi (l'ES8), puis revenant à 1"3 seulement au terme de l'ES11. La crevaison de Loeb lors de la 14e spéciale, la dernière de la deuxième journée de course, a scellé le sort d'un rallye qui semblait alors d'une indécision totale. Qui sait de quelle façon aurait terminé, à la régulière, ce pugilat sur route ? Ogier calme le jeu "Je ne peux pas me réjouir d'un problème arrivant à mon équipier, mais je ne peux pas non plus bouder mon plaisir d'être en tête, indiquait Ogier samedi soir. Ce qui s'est passé rappelle une fois de plus qu'un rallye n'est jamais gagné avant l'arrivée. L'essentiel est que Citroën soit toujours en bonne position de signer le doublé, nous n'aurons pas d'autre objectif que de terminer le travail dimanche." Un travail ficelé sans souci, puisqu'Ogier l'a finalement emporté avec 40 secondes d'avance sur Loeb (39"8 exactement). Mais cette 9e manche du championnat du monde laisse vraiment une drôle d'impression. Celle que Citroën était tellement au-dessus du lot qu'il fallait bien se trouver quelques problèmes pour pimenter la course. Tout est bien qui finit bien pour Ogier, mais ce scénario électrique relègue presque aux oubliettes un évènement majeur: pour la première fois depuis Monte-Carlo en 2006, Loeb n'a pas remporté un rallye sur asphalte. Quant à la love story de l'Alsacien avec l'Allemagne, sa rupture est encore plus douloureuse. Depuis l'entrée du pays au calendrier du championnat du monde, en 2002, personne d'autre que lui n'avait remporté le rallye. Sinon, pour l'anecdote, Dani Sordo a offert à Mini son premier podium depuis son retour en WRC. L'Espagnol a fini à presque deux minutes d'Ogier (1'55"6), tandis que Ford est largué avec la 4e place de Mikko Hirvonen à 2'43"7 de la tête. Sans parler de Jari-Matti Latvala, 14e à plus de 17 minutes... Citroën était tout simplement dans un autre monde. Celui des puissants et des problèmes de riche.