Tsonga sur les traces de Noah

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Nicolas Rouyer, à Roland-Garros , modifié à
TENNIS - Trente ans après, Tsonga reste en course pour succéder à Noah au palmarès.
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Faut-il y voir un signe ? Mardi après-midi, sur le court Philippe-Chatrier, Jo-Wilfried Tsonga, tête de série n°6, a pris le meilleur sur le 3e joueur mondial, le Suisse Roger Federer (7-5, 6-3, 6-3). Il y a tout juste trente ans, en 1983, Yannick Noah, tête de série n°6, éliminait lui aussi en quarts de finale le 3e joueur mondial, le Tchécoslovaque Ivan Lendl.  Quelques jours plus tard, il remportait Roland-Garros, ce qui reste, trois décennies plus tard, le dernier titre Majeur jamais remporté par un Français. Alors, forcément, l'analogie est tentante, d'autant que les deux joueurs ont des similitudes dans leur jeu (agressif, porté vers l'avant et spectaculaire) et dans leur tempérament sur le court (expansif et communicatif).

Malgré cela, les deux hommes ne semblent pas très proches. Interrogé après sa victoire sur Federer sur l'état de ses relations avec Noah, Tsonga a d'abord hésité puis lâché dans un sourire : "quand il chante, je danse et quand il dit quelque chose, je l'écoute. C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, je suis attentif à ce qu'il dit." Interrompu par son compatriote Michaël Llodra, venu le féliciter en pleine conférence de presse et lui annoncer sa qualification en double, "Jo" a ensuite repris : "dans ce qu'il dit, il y a toujours du bon sens. Oui, il y en a souvent." Noah parlant beaucoup, de la domination du sport espagnol à la taxe à 75% en passant par le manque de "niaque" des joueurs français, on ne saura pas à quoi Tsonga faisait allusion…

Une seule mission : le trophée

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Une chose est sûre après le match livré mardi : Tsonga est en mission. Comme Noah, qui était passé d'un quart de finale perdu en 1982 à une victoire l'année suivante, Tsonga, éliminé l'an dernier par Novak Djokovic en quarts, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Comme Noah en 1983, il a fait de Roland-Garros son objectif n°1. Son élimination dès son entrée en lice au Masters 1000 de Rome, le mois dernier, ne l'a guère ému... Le but ultime reste la Coupe des Mousquetaires et son succès aux dépens du plus grand joueur de tous les temps n'a pas entraîné une effusion de joie démesurée.

"Je commence à avoir l'expérience de ces moments-là", a-t-il révélé.  "Après avoir battu Roger à Wimbledon (en quarts de finale, en 2011),  je m'étais déjà dit : "je peux aller jusqu'au bout". J'ai joué plusieurs demi-finales à l'Open d'Australie (2008 et 2010), je commence à avoir beaucoup plus d'expérience. L'important, c'est d'aller plus loin." Et pour aller plus loin, il faudra d'abord passer l'obstacle que constitue l'Espagnol David Ferrer, tête de série n°4, en demies, comme Noah avait passé l'obstacle Christophe Roger-Vasselin en 1983. "C'est un joueur très accrocheur, capable de courir et de couvrir énormément de terrain, très régulier, capable de vous embarquer dans des échanges longs, un coureur véloce, rapide, endurant. Il a beaucoup de qualités pour lui", souligne Tsonga, qui estime néanmoins avoir les armes pour le battre : "je suis plus endurant, plus régulier, je frappe plus fort que lui, je suis censé mieux servir que lui aussi".

"Je suis plus mature"

Jo-Wilfried Tsonga, 930

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Ce "Jo"-là respire la confiance. Depuis fin 2012, il a trouvé le bon équilibre avec son nouveau coach Roger Rasheed, comme Noah l'avait trouvé avec Patrice Hagelauer en 1983. "Je suis plus mature, j'ai plus d'expérience", a insisté Tsonga. "Roger m'a aidé. J'ai fait le bon choix de m'entraîner seul, j'avais besoin de me rendre compte si je ne vivais pas le tennis par procuration. Or, je me suis aperçu que j'adorais ça. Mais seul, c'est dur. En dehors du jeu, il y a beaucoup de choses à gérer, il faut être à l'heure, bien manger, bien dormir. C'est toujours bien d'avoir des gens autour pour nous épauler." 

Tsonga, qui n'a pas encaissé le moindre set depuis le début du tournoi (tout comme Ferrer), est bien dans ses (grandes) baskets. La prochaine étape : se qualifier pour la finale de Roland-Garros, ce qu'aucun Français n'a réussi à faire depuis Henri Leconte en 1988. "Ce serait chic et bien. J'irais voir la finale", a même admis Noah au quotidien Le Parisien. En finale, il pourrait retrouver le tenant du titre, Rafael Nadal, comme Noah avait retrouvé Mats Wilander, vainqueur en 1982. Parfois, il y a des signes…