Trinh-Duc, retour en force

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LAURENT DUYCK , modifié à
Après avoir renoncé aux rendez-vous de novembre sur blessure, un mal pour un bien, François Trinh-Duc signe son retour à l'ouverture du XV de France pour le premier match du Tournoi des Six Nations face à l'Ecosse samedi, au Stade de France. Du haut de ses 24 ans et de ses 22 sélections, le fidèle montpelliérain s'avance avec une maturité nouvelle, acquise notamment sous les ordres de Fabien Galthié en club.

Après avoir renoncé aux rendez-vous de novembre sur blessure, un mal pour un bien, François Trinh-Duc signe son retour à l'ouverture du XV de France pour le premier match du Tournoi des Six Nations face à l'Ecosse samedi, au Stade de France. Du haut de ses 24 ans et de ses 22 sélections, le fidèle montpelliérain s'avance avec une maturité nouvelle, acquise notamment sous les ordres de Fabien Galthié en club. Et si c'était l'année de François Trinh-Duc ? Toujours aussi discret, l'intéressé s'efface dans un sourire timide. "Je n'en sais rien. Si ça peut être celle de l'équipe de France et de Montpellier... C'est tout ce que j'espère." La réussite des Bleus comme du MHR pourrait être cependant intimement liée aux performances de l'ouvreur international. Un joueur qui, sous les ordres de Fabien Galthié, semble avoir pris une nouvelle dimension cette saison, au point que son retour sous le n°10 du XV de France pour le match d'ouverture du Tournoi des Six Nations face à l'Ecosse n'a souffert d'aucune contestation. Les temps changent... Ecarté sur blessure des test-matches de novembre, le Montpelliérain aurait pu perdre de son crédit aux yeux du staff. Le rouleau compresseur australien est passé par là, emportant toutes les certitudes tricolores sur son passage. Et Damien Traille, dont la pige à l'ouverture n'a pas convaincu. L'enfant du Pic Saint-Loup n'a pas la perversité de s'en réjouir. "La France a pris l'eau, tout réussissait aux Australiens, c'était très dur de suivre ça derrière sa télé", se souvient François Trinh-Duc, trop conscient d'être lui aussi passé plus d'une fois à côté sous le maillot bleu pour bomber le torse à son retour à Marcoussis. "On ne va pas faire les fanfarons après deux tournées ratées, on arrive la tête basse", reconnaissait-il lundi. Chouchou décrié... Dans ses petits souliers, pour reprendre l'expression de Marc Lièvremont, et pourtant titulaire en puissance. Un statut qu'il refuse au premier chef. Avant de le reconnaître du bout des lèvres. "J'ai de la chance. Au début, je n'étais peut-être pas indiscutable. J'avais beaucoup de progrès à faire. Je pense avoir progressé depuis maintenant deux ans. Ça m'a servi, j'ai acquis de l'expérience", apprécie-t-il. Un parcours initiatique fait de grandes victoires (en Nouvelle-Zélande en 2009 ou dans le Tournoi 2010) mais aussi de lourdes défaites (en Angleterre en 2009, en Afrique du Sud et en Argentine l'été dernier), chacune charriant son lot de critiques au sujet de l'un des élèves préférés du sélectionneur. Pas toujours faciles à encaisser... "J'ai laissé les gens dire ce qu'ils voulaient. Moi, j'avais ma vision des choses. J'échangeais avec mes partenaires et le staff pour savoir dans quels domaines je devais progresser. Je savais que je n'étais pas indiscutable et que j'avais besoin de progresser. Mais je travaillais dans mon coin", se défend-il aujourd'hui. Sans rancoeur ni esprit de revanche. "La critique est facile mais quand elle est sensée, je l'accepte. Et je m'en sers pour avancer. Ça m'a aidé d'un certain côté, ça m'a endurci. Je suis plus armé pour la suite de ma carrière." ... et complexé A 24 ans, il semble avoir enfin les épaules assez larges pour remplir son maillot floqué du n°10. "C'est un poste à maturation tardive. Il y a beaucoup de responsabilités, beaucoup de choses à faire. J'avais besoin de travailler sur la gestion d'un match, sur les solutions pour faire avancer l'équipe", se justifie-t-il. Et pourtant, il doit encore se faire violence pour forcer sa nature de grand timide. Pour assumer ses responsabilités et s'affirmer auprès de ses coéquipiers, par la parole et par le geste. "A Montpellier, je n'avais aucun souci pour assurer ce rôle-là. Je le fais sans complexe parce que je vis au quotidien avec les mecs, c'est un groupe plus jeune. Je suis l'un des plus anciens du club aussi. Et mon statut d'international m'offre cette légitimité", explique-t-il. Une autorité qu'il n'a pas encore le sentiment de posséder chez les Bleus. "Il y a des joueurs plus capés, plus vieux..." Fort de ses 22 sélections, et de ses six essais, Trinh-Duc ose tout de même. S'approprie le fameux livre de jeu malgré les consignes très directives du sélectionneur sur le sujet, salue la clarification du discours au sein du XV de France, et défend ses trois-quarts. "C'est trop facile de diviser les avants et les trois-quarts. C'est vrai que l'on n'exploite pas toujours bien les ballons derrière le gros travail de nos avants. Mais c'est une question d'homogénéité dans le jeu courant", professe-t-il. Le ton est posé. Le regard droit. Preuve d'une nouvelle maturité, qui déteint sur ses performances en club. Montpellier, où il a décidé de prolonger l'aventure les trois prochaines saisons malgré les convoitises des plus grands clubs français. L'intéressé assume encore. "Je suis resté quand c'était plus compliqué à Montpellier. Aujourd'hui, on a un projet sportif intéressant, avec deux entraîneurs de qualité, rappelle-t-il. Je n'ai pas envie de me brûler les ailes. Rester à Montpellier, c'est pour beaucoup le choix de la facilité, mais pas pour moi. Je sais me remettre en question. Je n'ai pas forcément besoin de jouer dans une grande équipe, avec beaucoup de concurrence, pour me remettre en question. Fabien sait le faire." Un entraîneur qui pourrait accompagner sa carrière de longues années. En club et peut-être un jour en sélection. "Fabien Galthié est peut-être l'un des meilleurs entraîneurs en France. Il l'a prouvé en six mois. On était relégable, aujourd'hui on est cinquième à mi-saison. Il nous a fait progresser collectivement et individuellement. On sent que c'est un mec qui a beaucoup réfléchi son projet de jeu, ses systèmes. Il prépare les matches comme si c'était une guerre. Il décortique le jeu de nos adversaires pour savoir exactement comment les contrer." Une critique en creux de Marc Lièvremont ? François Trinh-Duc n'oserait pas.