Tréluyer, seigneur des Anneaux

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Guillaume BARDOU Br De Sports.fr , modifié à
Vainqueur avec l'Allemand Lotterer et le Suisse Fässler, Benoît Tréluyer est l'homme de ces 24 Heures du Mans. Auteur de la pole-position, le Français d'Audi a réalisé une course sublime, marquée notamment par un quintuple relais dimanche matin entre 8h et 11h20. Une vraie revanche pour le natif d'Alençon, passé tout près de la victoire l'an passé et accidenté en 2009 avec la 908 Pescarolo.

Vainqueur avec l'Allemand Lotterer et le Suisse Fässler, Benoît Tréluyer est l'homme de ces 24 Heures du Mans. Auteur de la pole-position, le Français d'Audi a réalisé une course sublime, marquée notamment par un quintuple relais dimanche matin entre 8h et 11h20. Une vraie revanche pour le natif d'Alençon, passé tout près de la victoire l'an passé et accidenté en 2009 avec la 908 Pescarolo. Cocorico, il y avait bien du bleu-blanc-rouge sur la plus haute marche du podium des 24 Heures du Mans ! Outre Michelin, vainqueur pour la vingtième fois de son histoire dans la Sarthe, Benoît Tréluyer était l'un des trois heureux pilotes de la R18 n°2 sacrée au terme d'un double tour d'horloge totalement fou. Et le natif d'Alençon ne l'a pas volé, effectuant une semaine brillante, conclue par une pole-position et une victoire au Mans, un exploit que seuls le recordman de victoires au Mans, Tom Kristensen en 2003, et le regretté Michelle Alboreto en 1997, avaient réalisé durant ces vingt dernières années. Ancien membre de la détection Elf via la fameuse "La Filière" dans les années 90 (celle qui a lancé Bourdais, Sarrazin, Montagny ou son coéquipier helvète Fässler), Tréluyer est l'un de ses espoirs français à qui la Formule Un s'est refusée. Au point que le champion F3 de la célèbre course de Pau en 1999 a décidé de poursuivre sa carrière au Japon au sein du championnat Super GT totalement obscur vu de France mais dont les Nippons raffolent. Cette consécration a donc le goût d'une belle revanche même si d'autres qu'Audi, avec qui il avait pris la deuxième place l'an passé, ont pu lui faire confiance dans le passé, Henri Pescarolo le premier lors des éditions 2004 et 2009. Avec Peugeot en 2009, bourreau du Lion cette année 2009, parlons en. Au volant de la Peugeot 908 Pescarolo, Tréluyer en perd le contrôle à 4h02 du matin, rebondissant puis frappant très fort le mur aux Esses de la forêt pour l'un des plus gros accidents vus au Mans ces dernières années avec ceux des Audi ce week-end. "Au moment de son gros crash avec la 908 confiée à Henri, Benoît Tréluyer a déclenché sa radio en serrant son volant. On a tout entendu... la violence du choc, le bruit assourdissant des graviers puis... la respiration et le souffle de Benoît", expliquait l'ingénieur radio du Pescarolo Team à Ouest-France la semaine dernière. Il avait fallu attendre le très court "Ça va" puis immédiatement : "désolé pour toute l'équipe", comme rapporté par ce même ingénieur. Les causes de l'accident n'ont jamais été publiquement éclaircies, Peugeot évoquant alors une erreur de pilote quand lui et l'équipe Pescarolo affirmaient ne pas avoir commis de fautes. Devenu adversaire du Lion, Tréluyer lui aura en tout cas joué un sale tour dimanche matin. "J'étais en train de dormir quand l'équipe m'a réveillé", explique t-il dans L'Equipe ce lundi. "J'avais deux minutes pour me préparer. Je n'avais pas mangé le soir en me couchant, pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner, je me suis dit en montant que ça allait être chaud". Ça l'était assurément, deux 908 entourant sa fragile deuxième position. "Alors, tu es entre deux Peugeot, en sandwich, et tu dois t'échapper, je leur ai répondu : Ok merci les gars, je n'ai jamais eu un réveil aussi excitant et effrayant de ma carrière" explique, toujours dans L'Equipe, le pilote âgé de 34 ans, qui préfère souligner le travail d'équipe et "la bande de potes qui gagne", comme confié à l'ACO à l'arrivée, plutôt que d'évoquer sa démonstration matinale. Rapide, précis, Tréluyer voit la Peugeot n°7 de Wurz revenir dans ses échappements dès le début de son relais. Passé à Mulsanne, il réagit dès le virage du karting, profitant de la présence d'un attardé pour doubler l'Autrichien à l'extérieur du virage sur la fine bande asphaltée placée derrière le vibreur à cet endroit. Un dépassement exceptionnel auquel il ajoute une maitrise encore jamais vue pour boucler un quintuple relais (cinq fois onze tours, seulement coupés d'arrêts ravitaillements d'une trentaine de secondes) avec le même train de pneus, une première au Mans. Au volant dès 8 heures à la deuxième place, Tréluyer ne le rend qu'à 11h18 en ayant porté l'avance à plus d'une minute. Décisif ! Audi peut compter sur ses Français. Après Romain Dumas excellent l'an passé pour s'imposer, place à Benoît Tréluyer, le 26e pilote Français à s'imposer dans l'épreuve.