Toulouse a tout pour doubler

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LAURENT DUYCK , modifié à
Leader du Top 14 à trois journées de la fin de la saison régulière, qualifié pour le dernier carré de la H Cup, le Stade Toulousain se prend à rêver d'un doublé régulièrement qualifié d'impossible par Guy Novès. Forts d'une avance confortable en championnat et d'un calendrier favorable, les Toulousains sont mieux placés que jamais pour réussir cet exploit.

Leader du Top 14 à trois journées de la fin de la saison régulière, qualifié pour le dernier carré de la H Cup, le Stade Toulousain se prend à rêver d'un doublé régulièrement qualifié d'impossible par Guy Novès. Forts d'une avance confortable en championnat et d'un calendrier favorable, les Toulousains sont mieux placés que jamais pour réussir cet exploit. "Il reste le plus beau à venir." Tout à sa joie dans les coulisses d'Anoeta à l'issue de la victoire de son équipe en quart de finale de la H Cup, arrachée à l'issue d'une prolongation crispante aux dépens du Biarritz Olympique, Vincent Clerc, habitué aux grands festins avec le Stade Toulousain, avait déjà le regard tourné vers les challenges à venir. Et comme souvent à ce stade de l'année, l'ailier international et ses coéquipiers peuvent voir double. Désormais qualifiés pour le dernier carré de la compétition européenne, les champions d'Europe en titre devraient en effet, sauf surprise, bientôt décrocher leur billet direct pour les demi-finales du Top 14. Une double présence à ce niveau de la compétition qui n'étonne plus personne, au grand dam d'un Guy Novès frustré du manque de reconnaissance du travail de son club, et relance, comme chaque année ou presque à pareille époque, la question de savoir si le grand Stade Toulousain est capable de réussir le double championnat-coupe. L'exploit n'est pas inédit, Toulouse ayant réussi cet exploit en d'autres temps, en 1996, année de la première Coupe d'Europe alors embryonnaire. Depuis, les dernières expériences toulousaines donnent raison à Guy Novès qui qualifiait encore l'année dernière cette quête d'impossible. En 2008, le Stade s'était contenté du titre national après s'être incliné en finale de la H Cup contre le Munster, deux ans plus tard, les Toulousains s'étaient concentrés sur le titre européen. Et le manager des Rouge et Noir, qui n'a de cesse de dénoncer les incohérences du calendrier, de répéter en boucle: "Tout est fait aujourd'hui en France pour qu'un club ambitieux français ne puisse pas réaliser un projet européen. On peut jouer, je pense, une compétition, mais pas les deux à la fois." Un refrain qui ne convainc pas toujours, jusqu'à ses joueurs, bien décidés à jouer leur chance à fond l'année dernière en demi-finale de Top 14 face à Perpignan malgré la perspective de disputer la finale de la H Cup contre Biarritz le week-end suivant. D'où la frustration de l'entraîneur toulousain devant un résultat (défaite 13-21) pas à la hauteur de l'investissement de ses hommes. "On a bradé cette demi-finale. Il fallait la jouer, mais on l'a joué aux trois-quarts. On n'avait pas un Stade Toulousain qui pouvait exprimer le rugby qu'il mérite de jouer. C'est un sentiment d'inachevé", regrettait-il à l'époque, son équipe ayant alors été contrainte d'enchaîner sans relâche et sans droit à l'erreur pendant que l'Usap avait préparé tranquillement ce rendez-vous pendant trois semaines. Novès: "Quand on porte les couleurs du Stade, on se doit de relever tous les défis" Des charges démentielles auxquelles les Toulousains pourraient s'astreindre cette saison, forts de leur parcours sans faute ou presque en championnat. Conscients du handicap que représente un passage par les barrages - une nouveauté du calendrier dénoncée dès son introduction par Guy Novès - Thierry Dusautoir et ses coéquipiers ont fait l'effort cette saison de se positionner très tôt en tête du classement pour décrocher l'une des deux premières places directement qualificatives pour le dernier carré. Avec huit points d'avance sur Montpellier, troisième, le Stade Toulousain n'a, sauf concours de circonstances, plus besoin que d'une victoire, attendue face à Bourgoin lors de la 25e journée, pour valider ce billet. Une voie royale pour des Toulousains qui pourraient dès lors faire sans risque l'impasse sur le déplacement à Marseille contre Toulon le week-end prochain, puis sur la réception de Clermont le 7 mai, un dernier rendez-vous de saison régulière programmé une semaine avant les demi-finales de H Cup. "On a besoin de récupérer, même le psychique a besoin de récupérer. On va passer 48 heures à penser à la récupération", reconnaissait dimanche soir Guy Novès avant de prévenir, conscient de l'émoi suscité après avoir dit "se foutre" du match au Vélodrome: "On a des matches à assumer, on les assumera. On sera respectueux des équipes qui nous sont opposées, mais je pense que tout le monde comprend qu'en ayant deux demi-finales à jouer, on se doit de gérer les organismes de nos joueurs." Une problématique à laquelle le Stade Toulousain, premier pourvoyeur d'internationaux, a pris l'habitude de répondre. "De l'extérieur, on peut avoir l'impression d'une équipe starisée, mais on l'a démontré cette année, même sans les internationaux, on a assuré lors des doublons. On a des jeunes avec nous qui nous font beaucoup de bien et répondent présent à chaque fois. J'ai vécu ça à Montpellier et il n'y a pas que les professionnels qui comptent dans une saison, les Espoirs, de temps en temps, viennent donner un coup de main. Ça montre la richesse du club et l'état d'esprit qui est véhiculé. C'est essentiel dans des saisons aussi longues", nous expliquait récemment Louis Picamoles. Un sentiment qui trouvait écho dans la bouche de Cédric Heymans dimanche à l'heure de saluer la "victoire d'une groupe, d'un club" : "Ceux qui étaient remplaçants aujourd'hui sont des titulaires en puissance, ce sont eux qui ont fait la différence. On l'a vu la semaine dernière (à Perpignan, ndlr), ça nous a servi d'exemple, quand on veut se donner les moyens, on y arrive." Une conclusion qui sonne comme une devise à Toulouse, où "quand on porte les couleurs du Stade, on se doit de relever tous les défis", résume un Guy Novès soudain plus ambitieux que jamais, peut-être conscient que c'est l'année ou jamais pour le club haut-garonnais de réussir l'impossible, ce doublé championnat-coupe qui suscite tant de fantasmes...