Toulon, crise de croissance

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L.D. , modifié à
Promu en 2008, demi-finaliste en 2010, le RC Toulon a vu son irrépressible ascension s'interrompre brutalement cette saison, faute de s'être qualifié pour la phase finale du Top 14. Privé de H Cup la saison prochaine, le club varois, fort de l'arrivée de nouvelles stars, devra rapidement rebondir, malgré la problématique que représente la Coupe du monde.

Promu en 2008, demi-finaliste en 2010, le RC Toulon a vu son irrépressible ascension s'interrompre brutalement cette année, faute de s'être qualifié pour la phase finale du Top 14. Privé de H Cup la saison prochaine, le club varois, fort de l'arrivée de nouvelles stars, devra rapidement rebondir, malgré la problématique que représente la Coupe du monde. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Dans ce Top 14 de plus en plus concurrentiel, et plus encore cette saison avec ces nombreux doublons, le Stade Toulousain, qui n'en avait pas encore saisi toute l'importance la saison précédente, ne se sera pas trompé. A l'inverse d'une équipe toulonnaise plombée d'entrée par ses deux revers concédés sur sa pelouse face à Bayonne (22-26) et le Racing-Métro 92 (31-36). Engagés dès lors dans une véritable course-poursuite, Joe Van Niekerk et ses coéquipiers, malgré quelques succès loin de Mayol (à Biarritz, La Rochelle, Bourgoin et Perpignan), viendront échouer aux portes de la phase finale, refoulés lors de la 26e et dernière journée de la saison régulière par la jeunesse et l'enthousiasme montpelliérains (27-3). L'exploit réussi face au Munster sur le front européen et cette qualification pour les quarts de finale de la H Cup pour sa première participation à la compétition ne feront pas oublier les ratés rencontrés cette saison par le RCT, coups de frein d'une croissance jusqu'ici linéaire. Entre un recrutement pas franchement réussi (Hayman, Sackey, Contepomi...), les sorties médiatiques du président Boudjellal contre ses joueurs, un style de jeu définitivement identifiable et pour finir l'épisode Gavin Henson, qui a tourné au tragi-comique, le club varois a semblé toucher les limites de son fonctionnement. Reste à savoir si la refonte d'un staff avec les intégrations de Pierre Mignoni et d'Olivier Azam pour entourer Philippe Saint-André suffiront à redonner un semblant d'âme à cette constellation d'égos... L'oeil de Yann DELAIGUE: "On a parlé d'"accident industriel" au sujet de cette non qualification de Toulon, ce que je retiens, c'est que cette équipe a mal commencé sa saison, perdu ses deux premiers matches à Mayol que Saint-André et ses joueurs ont traîné comme un boulet, malgré quelques bonnes performances réussies. Mais Toulon n'a jamais su trouver son style de jeu ; autant la saison dernière, ils avaient su se montrer efficaces, autant cette saison, ils ont couru après leur jeu sans jamais vraiment l'attraper, si ce n'est à l'occasion de la victoire face au Munster, qui a fait figure de match référence, mais sans jamais pouvoir le renouveler. Un « Toulon » avec moins d'âme aussi, ce qui avait fait la force de cette équipe la saison dernière à travers l'envie d'individualités fortes, réunies dans une seule et même force collective capable de renverser des montagnes. Cette année, j'ai senti un vestiaire peut-être usé par le discours d'un président omniprésent dans les médias et peut-être par le manque de respect de la part de ce dernier à l'égard de ses joueurs. Ce n'est pas neutre psychologiquement, même si Philippe Saint-André a tout fait pour préserver son groupe. Le président a selon moi fait beaucoup de dégâts, c'est un mode de gestion qui peut fonctionner un an, mais je suis beaucoup plus dubitatif sur le long terme." Le "prono" de DELAIGUE: "Il faudra continuer à compter sur Toulon pour la simple et bonne et raison qu'il y a encore du lourd qui arrive en matière de recrutement, d'excellents joueurs à de nombreux postes. Encore une belle équipe, même s'il pourrait, selon moi, leur manquer un ou deux centres perforants, à moins que ce Mason ne soit le nouveau Sonny Bill Williams, dont le départ aura terriblement pesé. En même temps, des joueurs de ce calibre, il n'y en a pas des dizaines. S'ils ont retrouvé une perle comme ça, c'est de bon augure. C'est un club qui va redevenir compétitif, même s'ils ne bénéficieront de leurs meilleurs joueurs qu'après la Coupe du monde. On ne s'en rend pas encore compte, mais ce paramètre va fausser le championnat. Pour Toulon et bien d'autres..." A suivre: Le bilan de BAYONNE