Thorpe: "Nager plus vite qu'avant"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
De passage à Monaco lors de la dernière étape du Mare Nostrum, Ian Thorpe a fait escale ce week-end à Paris pour suivre l'Open EDF. L'occasion d'apprécier les progrès de la natation française mais aussi de faire le point sur sa préparation. Après cinq ans d'absence, l'Australien fera son retour à la compétition en novembre avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Londres.

De passage à Monaco lors de la dernière étape du Mare Nostrum, Ian Thorpe a fait escale ce week-end à Paris pour suivre l'Open EDF. L'occasion d'apprécier les progrès de la natation française mais aussi de faire le point sur sa préparation. Après cinq ans d'absence, l'Australien fera son retour à la compétition en novembre avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Londres. Pourquoi ce passage à l'Open EDF ce week-end ? C'est important de regarder les compétitions. J'ai coupé pendant longtemps avec ce monde. En ce moment, certains des meilleurs nageurs sont en France et certaines des plus belles compétitions se passent ici. Quelle est selon vous la place de la natation française sur l'échiquier mondial ? Il y a toujours eu un énorme potentiel en Europe et en France. La France a toujours été proche des meilleures nations. La différence aujourd'hui, c'est que la France a une grosse équipe, une grosse présence autour des bassins. Comme les Etats-Unis ou l'Australie par le passé. La concurrence est plus forte dans la natation et vient de partout. De France notamment. Et la France pourrait être devant l'Australie lors des Jeux Olympiques. Qu'est-ce qui vous a motivé pour faire votre retour pour les Jeux Olympiques de Londres ? Je n'ai pas pris cette décision uniquement en fonction des Jeux Olympiques. Je voulais nager de nouveau. Les JO tombent dans cette fenêtre. Mais ce qui m'a principalement motivé c'est la sensation de n'en avoir pas terminé avec la natation. Qu'est ce qui a changé depuis quatre ans ? Physiquement, les nageurs sont différents, c'est principalement vrai pour les femmes. En dehors de ce seul aspect, la natation a progressé par certains aspects. Mais techniquement, j'ai l'impression que les choses ont régressé. A l'époque, si vous aviez de bonnes bases techniques, notamment sur les coulées et les virages, vous pouviez vous en sortir. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je ne suis pas foncièrement contre les combinaisons mais j'ai l'impression que c'est dû en partie à l'apparition des combinaisons, qui ont fait de la natation un sport avant tout physique. Aujourd'hui, à chacun de retrouver ses repères. Où en êtes-vous avec votre entraînement ? Ça se passe bien. Je suis content. Je m'entraîne avec la sélection suisse depuis fin avril. J'aimerais progresser plus rapidement mais ce n'est pas vraiment d'actualité. Je suis impatient de pouvoir reprendre la compétition. Avez-vous changé vos méthodes d'entraînement ? La chose qui a changé, c'est que je nage moins qu'avant. Je fais moins de kilomètres mais les sessions sont plus intenses. Si on a perdu en quantité, on a gagné en qualité. Ce que j'apprécie même s'il m'a fallu un temps d'adaptation. Mais la principale nouveauté pour moi, c'est mon changement de statut. Et ça, c'est le plus appréciable. Pourquoi avoir fait le choix de venir vous entraîner en Europe et non en Australie ? Quand j'ai pris la décision de revenir, j'ai ressenti le besoin de rester éloigné des feux des projecteurs. C'était plus sain pour moi de quitter l'Australie. Ce n'est pas toujours simple d'être loin de ses amis et de sa famille, ils me manquent, mais je me suis fait de nouveaux amis. Et l'Europe est l'endroit qui s'imposait pour moi en vue des Jeux Olympiques. Auriez-vous rejoint la Suisse si Guennadi Touretski, l'ancien mentor d'Alexandre Popov, n'y était pas ? Non (rires). J'avais le choix en Europe où il y a beaucoup de bonnes équipes mais si j'ai choisi la Suisse, même si c'est un pays très agréable à vivre, c'est principalement en raison de la présence de Guennadi. Je le connaissais depuis longtemps, du temps où il faisait partie de l'équipe australienne. Mais c'est la première fois que je m'entraîne sous ses ordres. Vous avez été champion olympique du 400 mètres mais vous vous concentrez aujourd'hui sur le 100 et 200 mètres nage libre. Pourquoi ? Quand j'ai décidé de revenir, je savais que je n'aurai pas beaucoup de temps, pas assez notamment pour être de retour à mon meilleur niveau sur 400 mètres. Mon but est de nager plus vite qu'avant. Ça ne sera peut-être pas le cas à Londres, ça sera peut-être jamais le cas d'ailleurs, mais c'est la raison pour laquelle je m'entraîne. Le 100 mètres et le 200 sont les courses les plus importantes et les plus prisées même si ce sont peut-être les plus difficiles pour se qualifier. Le niveau s'est élevé depuis mon départ. Tout est contre moi. Mais cet objectif me motive. Et la perspective d'intégrer les relais étaient importantes pour moi. Ce retour à la compétition vous fait-il peur parfois ? Non. J'ai pris trois mois pour prendre cette décision, pour peser le pour et le contre. Je me suis préparé pour ça. Et j'ai toujours été habitué à vivre avec cette pression. Je n'ai pas peur. Aujourd'hui, je suis avant tout surpris par ma motivation et mon envie. Vous aurez peut-être l'occasion de retrouver Michael Phelps... Bob Bowman et Michael Phelps ont fait énormément pour la natation. J'ai le plus grand respect pour les deux. Je sais qu'ils seront de passage en Australie en fin d'année. Et j'ai hâte de retrouver Michael en compétition. Les Jeux Olympiques seront-ils votre dernier objectif ? J'aurai 29 ans à Londres et je suis concentré sur cet objectif. Mais si je continue de prendre du plaisir à nager, ce que je pense, j'irai probablement au-delà des Jeux Olympiques.