Tcheuméo, un phénomène

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Michaël BALCAEN , modifié à
Audrey Tcheuméo vient de réaliser le plus bel exploit de sa jeune carrière. A 21 ans et avec seulement six ans de judo derrière elle, "Tchoumi" est championne d'Europe et championne du monde en titre. La Française a déboulé dans la catégorie comme une furie et là voilà déjà devenue reine. Et dire qu'à sa puissance folle, elle va continuer à ajouter un bagage technique et tactique sans cesse plus étoffé...

Audrey Tcheuméo vient de réaliser le plus bel exploit de sa jeune carrière. A 21 ans et avec seulement six ans de judo derrière elle, "Tchoumi" est championne d'Europe et championne du monde en titre. La Française a déboulé dans la catégorie comme une furie et là voilà déjà devenue reine. Et dire qu'à sa puissance folle, elle va continuer à ajouter un bagage technique et tactique sans cesse plus étoffé... Les larmes coulent sur son visage tandis que Bercy clame son nom. Ce moment, celui de son premier titre mondial dans un palais parisien aux anges, elle va s'en souvenir à jamais. "C'est une joie immense, je ne réalise pas encore, c'est vraiment trop bon. En plus, je finis sur une belle boîte, sur un ippon, ça représente tellement", jubile Audrey Tcheuméo. Ce premier titre marque assurément le début d'une période de domination qu'elle souhaite évidemment la plus longue possible. Au regard de son parcours et de ses qualités hors norme, la concurrence a beaucoup de souci à se faire. Car sous ses airs nonchalants, avec son casque toujours vissé sur ses oreilles, elle ne laisse rien au hasard et travaille comme une folle avec Cathy Fleury. "Audrey, je l'ai vue arriver à l'INSEP, on a su d'entrée que ça allait être un phénomène, qu'elle allait être forte. L'être de suite en imposant la manière, je dis chapeau. Je suis fière d'elle", explique Lucie Décosse. Les deux ont commencé la journée en rigolant ensemble sur les tapis d'entraînement, il s'agissait sans doute d'un moyen d'essayer d'évacuer la pression. Apparemment, ça a fonctionné puisqu'elles ont fini la journée avec deux belles médailles d'or autour du cou. Pour Audrey Tcheuméo, cette première couronne mondiale arrive au terme d'une journée bien maîtrisée. De fait, elle a surpris beaucoup de monde. "Elle a fait une super journée et mérite ce titre de championne du monde. Je ne l'avais jamais vue faire ce balayage, elle a dû beaucoup le travailler avec Cathy (ndlr, Fleury). Elle a beaucoup progressé tactiquement et dans la gestion des combats", reconnaît Gévrise Emane. Interrogée sur ce fameux balayage, Martine Dupond, la patronne des équipes de France féminines répond: "Quand elle aime quelque chose, qu'elle le sent bien, elle peut apprendre très vite. Elle a beaucoup travaillé sur les gauchères et fait beaucoup de progrès sur les saisies. Elle doit encore progresser, elle se construit tranquillement." Pour ce qui est de ce balayage, Tcheuméo avouera que ça fait une grosse quinzaine de jours qu'elle le travaille spécifiquement. Du rap à Tyson Celle qui aime apprendre en accéléré se nourrit sans doute de tous les sports pratiqués plus jeune comme le foot, le handball ou encore le tennis. Elle aurait quasiment pu faire carrière dans chaque sport. Ces prédispositions expliquent en partie son ascension fulgurante. "Un phénomène ? C'est flatteur, ça me donne encore plus envie de travailler. C'est le début de la tchoumania", rigole-t-elle. Un nouveau mot qui correspond à cette fan de rap. "Elle aime tout ce qui est américain, la musique, les films. Elle a tout le temps le casque sur les oreilles. C'est une jeune fille de son temps", glisse à son propos Frédérique Jossinet. Le rap ou encore Tyson puisqu'elle a répété plusieurs fois en conférence de presse qu'elle s'inspirait de sa soif de vaincre. On pourrait retrouver quelques attitudes de boxeurs à sa manière de bouger sur les tatamis ou d'avancer pour broyer son adversaire. Cette puissance physique reste sa principale qualité, mais ce n'est pas la seule, loin de là. "Elle manque encore de technique mais c'est de bon augure pour la suite. Elle a encore beaucoup de marge. Ce sera nécessaire car ses adversaires vont mieux la connaître et s'adapter. Il y a encore du boulot sur la technique, la tactique et l'attitude", prévient Jossinet. Cela ne semble absolument pas faire peur à une Tcheuméo qui avoue avoir pensé aux Jeux Olympiques toute la journée. Elle ajoute vouloir s'inspirer d'une Décosse "qui a la classe, la prestance et le charisme". La Guyanaise lui a donné envie en "mettant des boîtes ignobles, des ippon partout". Un exemple parfait. Pour y parvenir elle promet "de beaucoup travailler même s'il faut en pleurer et de ne surtout pas se reposer sur ses lauriers". On l'a dit, la concurrence n'a pas fini d'en baver.