Tapas et cauchemar à la romaine

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Par Olivier Cortinovis , modifié à
C'est une AS Roma encore traumatisée par son dernier week-end noir qui s'apprête à recevoir la Juventus Turin, leader de Serie A, lundi soir, à l'occasion de la quinzième levée du championnat. Avec six défaites dans la besace et douze longueurs de retard sur leur prochain hôte, les Giallorossi ont déjà renoncé à leurs espoirs de bien figurer dans cet exercice. Pire, toutes les belles promesses de l'intersaison semblent réduites en état de cendres...

C'est une AS Roma encore traumatisée par son dernier week-end noir qui s'apprête à recevoir la Juventus Turin, leader de Serie A, lundi soir, à l'occasion de la quinzième levée du championnat. Avec six défaites dans la besace et douze longueurs de retard sur leur prochain hôte, les Giallorossi ont déjà renoncé à leurs espoirs de bien figurer dans cet exercice. Pire, toutes les belles promesses de l'intersaison semblent réduites en état de cendres... Cette fois-ci, la Roma ne pourra même pas se consoler en gloussant devant les malheurs de son rival laziale. Même après avoir observé la mascotte biancocelesta, le sémillant aigle Olimpia, voler de ses propres ailes, lundi face à Novara, et prendre des libertés sur le traditionnel cérémonial d'avant-match. Là où seuls le rapace et le drôle d'oiseau qu'est Djibril Cissé posent problème à leur maison adoptive, c'est la Louve toute entière qui affole la bergerie. Encore plus depuis une semaine et cette folle visite à Florence transformée en «very bad trip» (défaite 3 à 0 avec trois expulsions). Et sans Mike Tyson en guest-star, même si Pablo Daniel Osvaldo, auteur d'une mandale des familles sur son coéquipier Erik Lamela, avait prouvé deux semaines auparavant qu'il n'avait rien à envier à Iron Mike. Depuis le début de saison, les Romains ont pris l'habitude, après chaque coup dur, de se réunir autour d'une bonne viande pour crever l'abcès, soigner leurs plaies et repartir du bon pied. Ce fut notamment le cas quand le capitaine Francesco Totti avait souhaité enterrer la hache de guerre avec le nouvel homme fort, Luis Enrique, lorsque ce dernier avait osé lui "sucrer" ses privilèges de demi-Dieu. Ou encore lorsque Osvaldo, notre boxeur en herbe, avait fait acte de contrition envers Lamela en invitant toute la troupe dans l'un des meilleurs restaurants de la capitale. Mais là, après un tel week-end, le technicien catalan va devoir réviser les meilleures recettes asturiennes de sa grand-mère pour fédérer à nouveau son groupe autour de son projet initial. Luis attaque... Car, la greffe Luis Enrique, qui avait promis de ramener en Italie ce qu'il avait appris de ses glorieuses années à Barcelone, n'a pas encore prise. Et la cicatrice, formée dès les prémices du championnat, semble bien plus profonde depuis le scénario catastrophe de Florence où les Giallorossi ont encaissé autant de pions qu'ils ont perdu de joueurs en cours de match (Juan, Gago, Bojan), pour des gestes souvent désespérés, parfois insensés. Une première dans l'histoire du club en 84 années d'existence, qui a amené l'un des coupables, Bojan, à faire amende honorable sur son profil Facebook, en réponse aux critiques des tifosi: "L'erreur que j'ai commise a apporté en moi de la colère et de la frustration. Je vous assure que mon respect pour la Roma et son maillot sont immenses. C'est un moment difficile, mais ne nous abandonnez pas, nous nous relèverons". L'abandon, le très controversé Luis Enrique, ne veut pas en entendre parler. Lui dont les choix humains et sportifs sont unanimement contestés par les ultras (treize formations différentes en autant de rencontres, gestion des cas Totti et Boriello, perte de l'état d'esprit romain) s'obstine à mettre un voile devant ses résultats en louant la confiance aveugle de ses joueurs en son travail. "Si je pensais que l'équipe ne me suivait plus, j'arrêterais tout de suite, affirme ainsi l'ancienne icône catalane. Je ne reste pas en poste pour une question d'argent, de toute façon je sens que les joueurs sont avec moi. Vous devriez leur demander vous-mêmes, mais en off, sinon ils vous répondront tous oui même s'ils ne le pensent pas". Avec le micro branché sur «on», Gabriel Heinze a osé dire non et fut bon pour plusieurs piges sur le banc. Comme quoi la Roma a bien perdu son latin depuis que Luis Enrique a amorcé sa révolution ibérique.