Tamgho: "Pas inquiet du tout"

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Propos recueillis par Thomas SINIECKI , modifié à
Après son forfait lors de l'Euro par équipes suite à une douleur osseuse, Teddy Tamgho reprend la compétition jeudi à Lausanne, pour la septième étape de la saison de Diamond League. Le chef de file du triple saut français espère glaner des points en vue de son duel avec Phillips Idowu. Ce qui lui permettrait également d'avancer au mieux dans sa préparation pour les Mondiaux de Daegu.

Après son forfait lors de l'Euro par équipes suite à une douleur osseuse, Teddy Tamgho reprend la compétition jeudi à Lausanne, pour la septième étape de la saison de Diamond League. Le chef de file du triple saut français espère glaner des points en vue de son duel avec Phillips Idowu. Ce qui lui permettrait également d'avancer au mieux dans sa préparation pour les Mondiaux de Daegu. Teddy, avant toute chose, comment allez-vous après avoir dû renoncer à l'Euro par équipes pour une douleur à la cheville droite ? Ça va. J'ai repris l'entraînement, les bondissements, il n'y a pas d'alerte. Les douleurs sont dissipées à 90%. Je ressens toujours quelque chose, mais ce n'est pas vraiment une douleur. Ça va donc beaucoup mieux. Vous restez sur la réserve en vue des championnats du monde, plutôt que de foncer pour reprendre l'entraînement ? Toujours. Il n'y a qu'à la veille des Jeux olympiques que j'irai sauter même si je suis blessé. Là, je préfère jouer la prévention avant les Mondiaux, ne pas prendre de risques inutiles. C'est pour ça que je n'ai pas fait l'Euro par équipes, même si j'espère ne pas avoir trop handicapé l'équipe de France. Mais il fallait le faire, parce que j'ai quand même des objectifs personnels en fin de saison. Cette alerte vous a inquiété, alors que la saison est bien entamée ? Non, parce que ce sont des choses qui arrivent dans la vie d'un triple sauteur. Entorse de compression, talonnade, ça arrive quatre-cinq fois dans notre carrière. C'est la deuxième fois pour moi, je sais donc qu'il en reste à peu près trois. Je suis préparé, ça ne m'affecte pas vraiment le moral. Ce n'est pas trop grave, mais il faut faire attention pour ne pas que ça le devienne vraiment. C'est juste un petit coup d'arrêt, vous êtes prêt à repartir de plus belle ? On verra à Lausanne. Mais en tout cas, oui, je suis prêt à repartir, à sauter le plus loin possible. Faire mieux que 17,67 m ou 17,68 m, ce serait bien. Par rapport à vos objectifs en Diamond League, vous n'avez plus trop le choix. La victoire devient impérative... Il y a un problème dans mon calcul, en effet. A New York, je pensais que les conditions allaient nous permettre de bien sauter. Malheureusement, j'ai eu des sauts à -4 m/s, -5 m/s. C'était difficile pour moi, j'ai eu du mal à prendre mes marques puisqu'ils ne m'ont pas rajouté la piste comme ils l'avaient fait l'an dernier, donc j'ai dû couper mon élan. Je n'étais vraiment pas préparé à tout ça et en trois sauts, je n'ai pas réussi à m'adapter à tout ça. Je l'ai payé cash, je suis sorti tout de suite. C'est la première fois depuis bien longtemps que je sors d'un concours à ce point... Mais ça ne m'atteint pas, car je sais bien que ça n'arrive que très rarement. Et de toute façon, désormais, je saurai me préparer à ce genre de conditions. Après, c'est clair qu'il faut mettre le paquet pour la Diamond League. Est-ce une contre-performance, malgré tout ? Non, je ne le prends pas comme ça. En temps normal, aujourd'hui, je ne vois pas comment je pourrai faire à nouveau 15,55 m... Je ne suis pas inquiet du tout, je me dis juste que c'est dommage, car je ne prends pas les quatre points, mais sinon il n'y a pas de problème. "Les Mondiaux ? Je pense que j'ai toutes mes chances, et Idowu aussi" Même s'il n'y a pas de triple saut au Stade de France le 6 juillet, pourquoi ne pas prendre part à la longueur, comme vous l'aviez fait à Bercy en mars pour l'Euro en salle ? J'aurais voulu, mais étant donné que j'ai un concours de triple saut deux jours plus tard à Birmingham et que je ne suis pas dans une sacrée position à la Diamond League, je ne vais pas m'amuser à prendre de risques. En plus, je serai chez mon adversaire adoré, Phillips Idowu, qui a quatre points de plus que moi. Je pense que chez lui, il ne va pas me laisser prendre quoi que ce soit, il faudra que je sois bien concentré. C'est frustrant de ne pas pouvoir participer au meeting du Stade de France, le plus grand rendez-vous de la saison d'athlétisme en France ? Non, ça ne me fait rien. Ç'aurait été bien, mais ce n'est pas grave en soi. Usain Bolt ne va pas pleurer parce qu'il n'y a pas de meeting en Jamaïque pour le compte de la Diamond League (sourires) ! C'est toujours mieux de pouvoir le faire à domicile, mais il reste les autres réunions dans le pays, qu'il ne faut pas négliger. J'ai fait Montreuil, où il y a eu des internationaux comme Yohan Blake, Donovan Bailey, Dwain Chambers, ou encore Alexis Copello au triple saut. Les JO de Londres, vous y pensez ? J'y pense, mais je sais aussi qu'il y a beaucoup d'étapes d'ici là. C'est dans longtemps, mais c'est demain. Il faut avoir du recul, ne pas trop se lancer. Mais tout ce qu'on fait avant, c'est quand même pour préparer les Jeux. Justement, avant les Jeux, il y a les Mondiaux. Quel est l'objectif d'ici là, avec notamment les championnats de France à Albi fin juillet ? Les championnats de France, ce sera juste pour prendre le ticket. Après, si Benjamin Compaoré nous fait la même chose que l'an dernier, il faudra sauter loin. Il avait mordu un gros saut à Valence, j'étais venu juste pour prendre ma qualification, mais ça m'a boosté et j'ai dû sauter loin (ndlr, 17,64 m, contre 17,28 m pour Compaoré). Ça peut être un objectif, tout dépendra de ce que fait Benjamin ou même les autres. Vous parliez tout à l'heure d'Idowu concernant la Diamond League. Et à propos des Mondiaux, comment évaluez-vous vos chances, aujourd'hui, par rapport à lui ? Je pense que j'ai toutes mes chances, et lui aussi. On verra bien le jour J... Il n'y aura pas de secret, c'est celui qui gèrera mieux son stress et son concours qui gagnera. De ce côté-là, je pense que j'ai ce qu'il faut aujourd'hui. J'ai le physique, je pense avoir le mental et assez d'expérience. On se retrouvera et on règlera nos comptes, comme on dit. "Après 2012, je pense que j'alignerai triple et longueur" Comment hiérarchisez-vous vos priorités entre les différentes compétitions ? Les Mondiaux avant tout, la Diamond League ensuite, et enfin les championnats de France. Mais ces derniers sont nécessaires pour accéder aux Mondiaux, donc... Quelles sont vos relations avec Idowu ? On connaît l'opposition entre la France et la Grande-Bretagne, est-ce que vous parlez ensemble ? Ça nous arrive. On n'est pas des animaux, ce n'est que du sport. Maintenant, ce n'est pas mon super ami, je ne vais pas l'inviter manger à la maison. J'ai des bons rapports avec tout le monde. Mais mon ami parmi les triples sauteurs et sur le circuit, c'est Benjamin Compaoré. Sinon, je n'en ai pas vraiment. Justement, Compaoré s'est qualifié pour Daegu, vous êtes presque au complet maintenant... Oui, il nous manque une troisième place. Karl Taillepierre a sauté 17,08 m, Yoann Rapinier a sauté 17,23 m en salle, d'autres sont à 16,60 m. On ne peut pas savoir qui sera la troisième personne. Ça va être difficile, mais le fait d'être avec Compaoré est une très bonne chose. Je n'étais pas inquiet par rapport à sa qualification pour Daegu. Ça devient une habitude, et si aucun de nous deux ne se blesse, on va essayer de faire notre carrière ensemble. C'est l'objectif, et à plus long terme, ce sera les podiums ensemble. Où en êtes-vous dans votre réflexion par rapport à la longueur ? Quand j'ai arrêté la longueur, c'est quand je m'entraînais avec Jean-Hervé Stievenart, qui m'avait dit d'arrêter. Maintenant, ce serait plus dur de reprendre, car il faut des repères. J'ai eu la chance de faire 8 m sur ma première sortie, car physiquement je ne suis pas nul. J'ai réussi à enchaîner avec des concours vers 7,90 m. Si j'en fais cet été, je pourrai faire 8,20 m, 8,30 m, mais c'est le temps qui manque. Je pense que je continuerai la longueur, mais pas cette année, car le délai est trop court et je n'ai pas encore fait d'assez grosses performances en triple saut pour me dire que je vais viser autre chose. Après 2012, je pense que j'alignerai triple et longueur. Si je suis champion olympique. Sinon, c'est reparti pour quatre ans de triple (rires) ! Vous restez à l'Insep avec Ivan Pedroso (ndlr, son entraîneur) jusqu'à quand ? Jusqu'aux championnats de France. Après, on verra... Il aime bien la France, mais il ne parle pas français. C'est bizarre (sourires)...