"So French" ces Bleus !

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Sylvain LABBE , modifié à
Critiquée et au fond du trou après sa défaite contre les Tonga, l'équipe de France a apporté une réponse magnifique en venant à bout de l'Angleterre ce samedi en quarts de finale de la Coupe du monde (19-12). Une réaction superbe avec du réalisme, du coeur et des essais ! Voilà qui promet avant une demi-finale qui va opposer les Bleus aux Gallois, séduisants vainqueurs de l'Irlande (22-10).

Critiquée et au fond du trou après sa défaite contre les Tonga, l'équipe de France a apporté une réponse magnifique en venant à bout de l'Angleterre ce samedi en quarts de finale de la Coupe du monde (19-12). Une réaction superbe avec du réalisme, du coeur et des essais ! Voilà qui promet avant une demi-finale qui va opposer les Bleus aux Gallois, séduisants vainqueurs de l'Irlande (22-10). En avoir ou pas... Vous nous excuserez ce raccourci un peu cavalier, mais comment résumer autrement ce que cette équipe de France a accompli en l'espace d'une semaine aux antipodes ? A jeter à la poubelle à Wellington, en dessous de tout face aux Tonga, voilà les Bleus triomphants à Auckland, sur cette pelouse de l'Eden Park, où la bande à Lièvremont, dans la lignée de ses devancières, a crée l'exploit qui sied à toute les générations en équipe de France: ils ont bouté l'Anglais, double finaliste sortant, hors de la Coupe du monde (19-12). Sans coup férir. Vingt ans après l'élimination de Blanco et des siens au même stade de la compétition, la France a gaiement piétiné la Rose. On n'osera surtout pas dire qu'il y a une certaine logique à tout ça, alors que les Tricolores restent plus que jamais les champions de l'irrationnel. Mais cette manière de rentrer dans la compétition à l'heure du money time, à mettre en pelote les nerfs du plus solide des supporters, reste cette marque de fabrique enviée de par le monde. Rarement imitée, il faut bien le dire, et jamais égalée. Les Bleus sont redevenus grands, prenant un malin plaisir à user des meilleures armes anglaises, pour arriver à leurs fins entre une défense phénoménale - quelle performance de la troisième ligne ! - et un réalisme so british ! On a retrouvé les Bleus ! Martin Johnson, conscient des lacunes de son équipe à l'allumage depuis le début de cette Coupe du monde, l'a décrété comme priorité auprès de ses joueurs: l'entame de match devra être un enfer pour les Bleus. Si les premiers impacts sont terribles pour Alexis Palisson ou Morgan Parra, littéralement découpés, le grand combat annoncé vire au round d'observation tendu et déjà haletant. L'évidence saute pourtant aux yeux avec cette équipe de France exacte au rendez-vous, enfin concernée, engagée et agressive au contact. Les Français l'avaient promis, ils tiennent parole ! La Berjallie est au rendez-vous ; dans le sillage de Lionel Nallet et Pascal Papé, enfin, cette équipe avance. Et ça change tout, forcément. L'indiscipline anglaise ressort comme un furoncle au milieu de la figure et Dimitri Yachvili continue son récital face aux poteaux pour sanctionner Toby Flood, pris au sol sur Papé (11e), puis Matt Stevens, déjà châtié en mêlée par un Nicolas Mas, qui n'a pas perdu la main (16e). La France prend de l'avance (6-0) et Vincent Clerc, entre temps, vient déjà flirter avec l'en-but anglais (13e). L'ailier tricolore n'a jamais marqué face au XV de la Rose. Une incongruité qui ne résiste pas à la performance des Tricolores dans ce premier acte. Un ballon volé en touche par Papé et Nallet attaque plein fer dans le champ, la charnière à l'ouvrage, Clerc pour résister à deux plaquages et le sixième essai du Toulousain qui claque à la face de l'Anglais (0-11, 23e) ! On sent enfin une équipe animée par la même idée directrice, une même flamme, qui vacille quelque peu sur ces premiers échecs de Yachvili, déréglé sur la transformation et la pénalité en suivant (18e). Il n'y a bien que le colosse Tuilagi, bien repris par un Yachvili précieux en défense, pour secouer le cocotier anglais (29e). Inexorable, la marée bleue se déchaîne et Cap'tain Dusautoir est partout, surpuissant pour s'extraire de ce ruck et fixer l'action aux abords de l'en-but. Le jeu, celui que l'on n'espérait plus, d'une redoublée entre Morgan Parra et Maxime Mermoz, jaillit jusqu'à l'aile, où Alexis Palisson, telle une anguille, joue un sublime pas de deux, pour offrir le deuxième essai à Maxime Médard impeccable à l'intérieur (0-16, 31e). Il n'y a bien que le soudain passage à vide d'Yachvili, encore à côté de la cible sur la transformation, pour ternir la copie presque parfaite de ces Bleus ressuscités, en passe de donner une leçon de réalisme à leurs vieux rivaux. L'Angleterre qui coup sur coup avant la pause, gâche deux essais tout faits sur cette envolée de Mark Cueto, repris à deux mètres de la ligne par Julien Bonnaire (39e), puis sur cette passe mal assurée de Wilkinson pour Chris Ashton (40e). Trinh-Duc, le drop de la gagne ! On guette le réveil anglais dès la reprise, mais la France, même si elle se met plus à la faute, reste branchée sur 10 000 volts. Des Bleus comme dans un rêve, toujours en marche avant, jusqu'à ce coaching de Marc Lièvremont, qui relance François Trinh-Duc et replace Parra en n°9. Hasard ou coïncidence, l'action qui suit relance la Rose, qui profite du premier flottement de la défense tricolore. Ben Youngs dynamise et Flood sert Ben Foden, qui sort de sa boîte pour d'un crochet mettre quatre Bleus à revers et signer l'essai de l'espoir anglais que transforme Wilkinson sur sa première tentative de la soirée (7-16, 54e). Malgré ce sursaut, Johnson s'impatiente et change toute sa charnière, où Flood prend les commandes (65e). Comme l'aveu d'impuissance des vainqueurs du dernier Tournoi, qui reprennent la pression dans la foulée et concèdent le drop qui tue, oeuvre sous les poteaux anglais d'un Trinh-Duc redevenu décisif (19-7, 72e). A l'anglaise jusqu'au bout ! Les Français peuvent bien concéder un dernier essai sur une ultime ruade de Cueto (12-19, 76e), ils tiennent leur proie. On ira tous au paradis, crache la sono. Quoi de plus normal à l'Eden Park !