Skrela, ici l'ombre...

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la rubrique RUGBY , modifié à
Notre site poursuit sa série de portraits des joueurs de l'équipe de France à l'approche de la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.). Si en Nouvelle-Zélande, François Trinh-Duc, incontestable n°1 dans la hiérarchie des ouvreurs, sera la dépositaire du jeu des Tricolores, Marc Lièvremont a choisi David Skrela en tant que doublure. A 32 ans, le Toulousain se tient prêt.

Notre site poursuit sa série de portraits des joueurs de l'équipe de France à l'approche de la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.). Si en Nouvelle-Zélande, François Trinh-Duc, incontestable n°1 dans la hiérarchie des ouvreurs, sera la dépositaire du jeu des Tricolores, Marc Lièvremont a choisi David Skrela en tant que doublure. A 32 ans, le Toulousain se tient prêt. Une histoire difficile. Comme avec l'équipe de France, David Skrela vit une histoire tumultueuse avec la Coupe du monde. Et s'il vit sans aucun doute possible comme un évident privilège d'être retenu pour une seconde expérience en Nouvelle-Zélande, l'ouvreur et buteur a payé cher sa découverte de la compétition suprême. Il y a quatre ans, c'est pourtant dans la peau d'un titulaire au poste de n°10, associé au Clermontois Pierre Mignoni, qu'il vient de dominer en finale du Top 14 avec le Stade Français, qu'il a l'honneur d'ouvrir la Coupe du monde en France face à l'Argentine. Un cadeau empoisonné en vérité qui tourne au cauchemar avec la terrible défaite (17-12) concédée face aux Pumas et une fin de tournoi sur le banc des remplaçants. Des débuts difficiles comme ces premiers pas en sélection. Fils de Jean-Claude, autre figure du rugby hexagonal, Skrela, jeune professionnel éclos à Colomiers, n'a que vingt ans lorsqu'il joue et perd une finale de Coupe d'Europe face à l'Ulster (1999), puis une finale de championnat face au Stade Français l'année suivante ; sa première cape en bleu, si elle se solde en 2001 par une défaite (37-12) en Nouvelle-Zélande -il inscrit les 12 points tricolores-, semble le promettre à un long bail dans le giron tricolore qu'il ne retrouvera... que cinq ans plus tard ! A un poste si vaste à appréhender, cette tête bien faite -il est diplômé en 2003 de l'INSA Toulouse en ingénierie civile- doit prendre de la bouteille et s'inspirer de ses paires, à l'image de cette cohabitation au Stade Français, qu'il a rejoint, avec l'un des maîtres stratèges de la planète rugby, l'Italo-argentin Diego Dominguez. Une source d'inspiration qu'il revendique ouvertement, s'imprègne sans oublier de garnir son palmarès d'un premier Brennus conquis en 2004 face à l'Usap. Un apprentissage douloureux aussi lorsque Fabien Galthié, son ancien partenaire à Colomiers devenu entraîneur dans la capitale, lui confie les clés d'un camion parisien, défait après prolongations en finale à deux reprises en 2005 face à Biarritz (37-34, a.p.) en championnat, malgré ses 26 points, et face à Toulouse en Coupe d'Europe (18-12, a.p.), où il inscrit la totalité des points de son équipe. De quoi s'endurcir... Nouveau départ à Toulouse Mais après l'échec de 2007 et de la Coupe du monde, il lui faut convaincre Marc Lièvremont, nouveau sélectionneur, et s'imposer à François Trinh-Duc dans le match qui l'oppose au jeune Montpelliérain de sept ans son cadet. Sa prestation calamiteuse à l'automne 2008, lors de la défaite face à l'Australie, marquée par son terrible raté au but (1 sur 6) et son carton jaune ce jour-là, semble le condamner. C'est au Stade Toulousain, sur les traces de son père, que Skrela se reconstruit petit à petit, retrouve au quotidien des vestiaires qu'il visitait enfant, mascotte du club à l'époque, adopte un jeu dont son père est devenu l'un des chantres. Un nouveau départ compliqué par des blessures à répétition, dont une arthrose, qui l'oblige à l'opération, avant de donner sa pleine mesure au cours de la phase finale de H Cup 2010. Si Lièvremont au mieux lui offre quelques miettes de match quand il ne le boude pas, lui devient indispensable au Stade qu'il porte littéralement vers une 4e Coupe d'Europe : 27 points face au Stade Français, 21 face à Leinster et 15 face à Biarritz en finale. Skrela est au sommet, mais les portes de l'équipe de France lui restent fermées. C'est sur blessure qu'il décline sa sélection pour le Tournoi 2011, qui l'annonce toujours en cour auprès des sélectionneurs. Toulouse peut bien lui refuser une prolongation, le futur Clermontois met un point d'honneur à quitter la Ville Rose sur un Brennus que sa faillite face aux poteaux en finale face à Montpellier (3 sur 8) n'empêche pas de décrocher. Avant de partir faire le bonheur de l'ASM, Skrela, à pleine maturité et fort de ses expériences passées, est prêt à jouer les doublures modèles, si Trinh-Duc s'impose, comme à saisir sa chance, si elle se présente. Pro jusqu'au bout des ongles. A suivre vendredi: Raphaël LAKAFIA