Simon: "C'est juste pas de bol"

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Propos recueillis par Krystel ROCHE , modifié à
Dernier Français à lâcher prise ce jeudi, au stade des 8e de finale, sur la terre battue de Monte-Carlo, Gilles Simon, à la déception de sa défaite en deux sets (6-3, 6-3) face à Andy Murray, a ajouté la frustration d'un nouveau pépin physique. Un de plus pour le Niçois, déjà contraint à l'abandon à Miami, qui reste la proie d'un physique bien précaire.

Dernier Français à lâcher prise ce jeudi, au stade des 8e de finale, sur la terre battue de Monte-Carlo, Gilles Simon, à la déception de sa défaite en deux sets (6-3, 6-3) face à Andy Murray, a ajouté la frustration d'un nouveau pépin physique. Un de plus pour le Niçois, déjà contraint à l'abandon à Miami, qui reste la proie d'un physique bien précaire. Gilles, qu'avez-vous pensé de la première partie du match (jusqu'à 5-3, balle de set) ? J'avais l'impression de pouvoir mieux jouer que je ne le faisais. Mais il y a toujours un peu de retenue... Encore un peu plus lorsque tu affrontes un joueur fort comme lui, tu as plus de mal à te libérer. J'essayais de mettre en place quelque chose que je n'arrivais pas bien à faire jusque là... Quelle était l'idée pour le déborder ? Lui faire mal avec mon coup droit. Je peux me sentir très à l'aise dessus, surtout sur les hauteurs de balle qu'il me proposait. Mais quand on est un peu tendu, ça ne part pas aussi bien qu'on le voudrait. Deux, trois fois, je dois aller au filet, mais je reste au fond. J'ai encore un peu de mal à me livrer totalement dans mes choix offensifs. A 3-3, je fais beaucoup de fautes, sans forcément faire les points... Dans quel état est votre cheville ? Elle a déjà été mieux (sourire)... Ce qui est difficile, c'est que je me fais mal deux fois. Une fois aurait suffi... Je me fais mal à la fin du premier. Elle tourne bien, donc ça fait mal. Comme n'importe quel coup, tu as besoin de deux trois minutes avant que ça ne passe un peu. C'est aussi dans cette optique-là que j'ai demandé à arrêter le jeu tout de suite. Quand je reprends, je me dis: « C'est bien, je n'ai pas mal, ça va aller ». Je perds quand même mon jeu de service, mais j'arrive à m'engager à fond dans mes schémas d'attaque, fais beaucoup de points gagnants au début du second. A 1-0, 40A, je refais un faux mouvement sur une mauvaise glissade, reprends une pointe au même endroit et là, je sens que ça va être plus dur... "A la fin, ce n'était plus un strapp, c'était un plâtre !" N'avez-vous jamais envisagé d'abandonner ? Si. Malheureusement ces dernières semaines, c'est... dur. Ce sont des défaites qui ne font pas plaisir dans le sens où elles ne m'apportent pas grand-chose. Je me refais mal, on fait un changement de côté, on regrossit le strapping. A la fin, ce n'était plus un strapp, c'était un plâtre ! Je sentais que je n'arrivais plus à courir. Sur le côté droit, j'avais mal sur l'extérieur de la cheville. Pour autant, quand je jouais, que c'était sur moi, j'arrivais à prendre mes appuis sans douleurs. Donc je me suis dit: « On va aller au bout comme ça et puis on verra »... Ça m'a permis de me faire plaisir sur quelques coups... d'être bien déçu sur d'autres amorties... Qu'avez-vous pensé de la réaction des spectateurs envers votre adversaire du jour ? Je n'en sais rien... Tout ce que je sais, c'est qu'Andy fait ce qu'il doit faire. Il joue pour gagner, et si je ne peux pas y aller, il n'a pas de raisons de s'en priver ! Mais comme je le disais, le match ne devient pas agréable pour lui non plus. Et il ne va pas s'excuser de faire des points gagnants, ce serait le monde à l'envers. D'autant plus qu'à chaque fois qu'il jouait un peu plus au milieu, je sentais qu'il fallait que j'y aille à fond, que je fasse plus de points gagnants. C'était normal qu'il cherche à me bousculer, à me faire courir. Le public n'a pas du tout apprécié ses amorties. Si les rôles avaient été inversés... J'aurais fait la même chose que lui ! Après, c'est difficile. Il est bien, à 5-3, balle de set... D'ailleurs, je n'ai même pas vu qu'il avait arrêté. Donc ça ne lui rend pas le truc agréable. De mon côté, chaque fois que je suis bien dessus, j'arrive à lui faire plus mal. Donc il a raison de faire des amorties... Il est quand même là pour gagner le match ! Quel est le diagnostique des médecins ? On verra... je ne les ai pas encore vus. Est-ce toujours douloureux ? Oui, un peu... mais je vois bien le truc: ça va me faire mal 3, 4 jours, puis ça va passer... Comme le cou, comme tout... Ces défaites sont dures dans le sens où elles ne m'apprennent rien. Aujourd'hui, à tous les niveaux, ça aurait été intéressant. Si j'avais pu renverser le match et le gagner. Si je n'avais pas réussi à me libérer et que j'avais perdu 3 et 3. Si je m'étais libéré, mais que j'avais perdu quand même 7-6... A ce moment-là, j'aurais pu retenir des choses pour les matches suivants. Ça aurait été intéressant. Même si je prends 1 et 1 en une heure, c'est intéressant ! Mais quand je ne peux pas le jouer à fond, ça ne sert pas à grand-chose. Celui là, plus "Casa" la semaine dernière, plus Miami... Effectivement, ça fait beaucoup de défaites assez énervantes. J'aurais aimé jouer jusqu'au bout normalement. Il est toujours plus intéressant, même en cas de défaite, de perdre en ayant tout tenté. Oui, il avait déjà gagné le premier, oui, il était bien parti. Mais c'est vrai que cela laisse toujours un sentiment mitigé quand ça se passe comme ça. "C'est important d'avoir confiance en son physique, surtout sur terre battue" Avec toutes ces blessures, ne pensez-vous pas que vous devriez vous renforcer physiquement ? Oui. Mais une entorse, je reste convaincu que c'est tout de même pas de chance ! Quand je me bloque le dos, je sais, je fais des exercices tous les jours. Mais une entorse... (soupir)... Pourquoi ça tourne ? Des glissades à droite, j'en ai fait mille depuis que j'ai repris sur terre, alors pourquoi sur celle-là, ça tourne ? Je ne sais pas. Il n'y a pas de raison. C'est juste pas de bol. C'est comme ça, ça s'enchaîne mal... Malgré tout, quel bilan tirer de ce début de saison sur terre ? Ce qui me rassure, c'est que je sens que lorsque je suis bien, je peux jouer à un bon niveau. J'ai battu de bons joueurs, des spécialistes de la surface, dans leur filière, des filières longues. Cela me permet d'être un peu optimiste pour la suite. J'aimerais arriver à faire un match comme à l'Australian Open contre Federer, en pouvant jouer jusqu'au bout à fond. Ce sont des matches où l'on apprend plein de choses, sur soi-même, sur son jeu, sa capacité à relever le défi ou non. Ces dernières semaines, à ce niveau-là, c'est difficile pour moi. c'est difficile d'être arrêté à chaque fois. A "Casa", je sais que je n'arrive pas énormément prêt. Mais prendre une pointe en haut de la cuisse quand tu es à 4-2, 0-40, qu'il ne peut quasiment plus rien t'arriver... Tu vois les points défiler, tu prends 6-4: tu as les boules. A Miami, j'ai les boules. Là j'ai les boules. A un moment, il faudrait pouvoir jouer plus que ça, enchaîner plus de matches que ça. Pensez-vous pouvoir jouer sans penser en permanence à cette multiplication de pépins physiques ? Dans le sens où ces blessures tombent à des endroits différents à chaque fois, ça m'aide à ne pas y penser. Maintenant, c'est sûr: ça marque un peu. C'est important d'avoir confiance en son physique, surtout sur terre battue. Sentir qu'on peut y aller, pendant des heures, à fond, et que tout va tenir. Se sentir solide. Quand ça s'enchaîne mal comme ça, c'est un peu plus dur, je fais un peu plus attention à tout. Mais je pense que c'est normal.