Serena, label France

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Nicolas Rouyer, à Roland-Garros , modifié à
ROLAND-GARROS - L'Américaine est devenue irrésistible sous la houlette de Patrick Mouratoglou.

On a parlé français, samedi, à Roland-Garros, lors de la remise du trophée. Comme elle le fait depuis le début de la semaine, la n°1 mondiale, Serena Williams, vainqueur quelques minutes plus tôt de Maria Sharapova en finale (6-4, 6-4), s'est en effet exprimée au micro dans la langue de Molière. "Maman ?! Elle ne comprend pas", a-t-elle même souri quand sa mère n'a pas réagi à ses remerciements sur le terrain. Si Serena, qui a dépoussiéré une cérémonie de remise du trophée généralement très convenue, parle aujourd'hui aussi bien le français et se sent, de son propre avis, "parisienne", c'est qu'elle s'entraîne depuis un an régulièrement en France au sein de l'académie de Patrick Mouratoglou, dans les Yvelines.

L'échec de 2012, source de la victoire de 2013 ?

Serena face à Sharapova (930x620)

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Cette victoire à Roland-Garros 2013, Serena l'a peut-être construite lors de sa défaite de l'an dernier, au premier tour, contre la Française Virginie Razzano. "Je suis toujours énervée par cette défaite de l'année dernière", a concédé l'Américaine en conférence de presse. "Etre un champion, ce n'est pas tant gagner, c'est savoir se relever d'un échec."

Et, pour se relever de cet échec, Serena a décidé de contacter dans les jours qui ont suivi Patrick Mouratoglou, qui entraîne actuellement le Français Jérémy Chardy ou le Bulgare Grigor Dimitrov. "Je cherchais seulement un endroit où taper la balle", a-t-elle raconté. "Mais j'ai aimé certains de ses conseils et je me suis dit que ça valait le coup d'essayer." Derrière ce choix, ce fut la razzia : Serena a remporté Wimbledon, le titre olympique, l'US Open, le Masters et donc, Roland-Garros, tout au bout d'une série de 31 matches sans défaite.

Réservée sur sa vie privée

"C'est une immense championne", a souligné le coach français à l'issue de la finale. "Quand elle a l'état d'esprit qu'il faut, il n'y a personne qui peut l'arrêter. Elle m'impressionne tous les jours. A l'entraînement, elle sent très souvent ce qu'elle doit faire. On parle toujours de sa puissance mais elle sait faire beaucoup plus de choses sur un court." Désormais, elle sait donc y plaisanter en français. En revanche, elle n'a pas eu de petits mots (doux) au micro pour celui qui n'est officiellement que son "consultant" (son père, Richard, reste son coach officiel, avec sa mère, Oracene Price), mais qui est aujourd'hui bien plus que cela... La joueuse s'est fait à peine plus diserte en conférence de presse, n'évoquant pas le 43e anniversaire de l'entraîneur français, plus volubile qu'elle sur son compte Twitter. "Avec Mouratoglou et le fait qu'il soit français, ça aide", a-t-elle admis, avant d'ajouter dans un sourire, malicieuse : "et puis il y aussi l'autre (côté des choses)…"

Ce qu'elle n'a pas besoin de dire, c'est que Serena paraît aujourd'hui au faîte de sa carrière. Son installation en France l'y a-t-elle aidé ?  "C'est génial, je suis là, pas si souvent finalement parce que je voyage souvent", a expliqué l'Américaine, qui a par ailleurs précisé que son film français préféré était Romuald et Juliette de Coline Serreau (sorti en 1989, avec Daniel Auteuil et Firmine Richard). "Quand je viens ici, je vis une vie normale, je sens que j'ai plus d'attaches avec ce lieu, avec la ville, le pays. J'ai une belle relation, je me sens moi-même ici, je me sens relâchée." Ses adversaires lors de cette quinzaine parisienne ont aisément pu se rendre compte qu'elle était bien relâchée...